Ce lundi 16 octobre, le ministre chargé de l’Industrie, Roland Lescure, doit se rendre au Lardin-Saint-Lazare, en Dordogne, afin de rencontrer les élus du secteur et surtout les salariés de la papeterie de Condat. Un plan de sauvegarde a été signé, mardi 10 octobre, par les représentants syndicaux et le groupe Lecta, propriétaire du site : il acte la suppression de 174 emplois affectés à la ligne 4, qui fabrique du papier couché.
Ce lundi 16 octobre, le ministre chargé de l’Industrie, Roland Lescure, doit se rendre au Lardin-Saint-Lazare, en Dordogne, afin de rencontrer les élus du secteur et surtout les salariés de la papeterie de Condat. Un plan de sauvegarde a été signé, mardi 10 octobre, par les représentants syndicaux et le groupe Lecta, propriétaire du site : il acte la suppression de 174 emplois affectés à la ligne 4, qui fabrique du papier couché.
Vous venez une semaine après la signature du plan de sauvegarde de l’emploi. N’est-ce pas trop tard ?
Un PSE, c’est un processus social conclu entre des salariés et une entreprise. J’ai reçu les organisations syndicales et le représentant de l’actionnaire à Bercy. J’ai été ferme et clair avec ce dernier : je lui ai fait part de ma déception quant à la situation. Quand il m’a confirmé l’intention du groupe de ne pas vendre la papeterie, je lui ai dit qu’ils avaient un devoir de résultat sur le PSE. Cela a été suivi d’effets puisque la direction a répondu à toutes les demandes. Un PSE est toujours un échec, mais ses conditions sont en phase avec les attentes légitimes des salariés.
Certains élus locaux avaient demandé à l’État une nationalisation temporaire. Une telle option a-t-elle été envisagée ?
L’industrie du papier est importante mais elle n’est pas de nature stratégique. Nous ne sommes pas sur des questions de Défense nationale ou autre. J’aurais eu du mal à justifier une telle décision. De plus, une nationalisation temporaire n’aurait eu de sens qu’avec un repreneur derrière, prêt à s’investir. Les noms évoqués par les syndicats ou les élus ne m’ont jamais approché. Je n’aurais jamais lâché Condat à un fonds de retournement qui m’est inconnu. Les conséquences sociales de la reprise auraient pu être encore plus graves. Je sais les décisions qu’ils ont prises mais je sais aussi à qui je parle.
L’argent du contribuable a servi au financement de la chaudière combustible solide de récupération (CSR) via l’Agence de la transition écologique - Nouvelle-Aquitaine (Ademe). Elle sera utilisée par le groupe Lecta, qui supprime sur le site la ligne 4 et 174 emplois. N’avez-vous pas le sentiment d’avoir été un peu roulé dans la farine ?
Cet argent [NDLR : 14 millions d’euros] a contribué aux investissements sur la chaudière. Ceci n’excuse pas cela, mais ceci explique cela. Le marché du papier couché est en baisse constante depuis quinze ans, avec une baisse de 30 % pour 2023. Cela a précipité leur décision de rapatrier cette production vers l’Espagne et l’Italie, plus compétitifs. La Région a également investi sur la ligne 8. J’ai parlé avec le président Alain Rousset, nous ne voulons pas perdre ces investissements. Il faut qu’ils se poursuivent. Nous devons nous assurer que cette ligne 8 fonctionne à pleine puissance.
Le groupe vous a-t-il apporté des garanties en ce sens ?
Lecta n’est pas vendeur de Condat car ils veulent continuer d’investir sur la ligne 8, qui fabrique du papier de spécialité. Je ne le prends pas pour argent comptant, nous devons engager une politique de suivi de ces engagements. Il faut quand même préciser que Lecta a réalisé sur le site du Lardin ses plus gros investissements depuis trois ans. Cela représente 140 millions d’euros pour régler la ligne de production.
Qu’allez-vous annoncer aux salariés et aux élus lors de votre visite ?
Je viens pour préparer la suite. Ma priorité, c’est d’échanger avec les salariés, les élus locaux et nationaux, les représentants syndicaux. Je viens leur dire que le travail ne fait que commencer, avec deux priorités : l’avenir du site et celui du territoire.
Et plus concrètement ?
Avant la fin du premier semestre 2024, je souhaite faire le point sur la transition de la ligne 4 vers du papier glassine. L’État est prêt à financer cette transition à hauteur de 30 % et jusqu’à un montant de 40 millions d’euros. C’est un accompagnement très important. Je reviendrai avant l’été 2024 pour faire le point.
Demain, 174 personnes vont perdre leur emploi dans une zone rurale. Les conséquences indirectes pour le territoire sont désastreuses. Des dispositifs d’accompagnement peuvent-ils être mis en place ?
Le PSE porte sur 174 suppressions au lieu des 187 un temps envisagées. Il comprend également un dispositif de préretraite, qui pourrait concerner jusqu’à une cinquantaine de personnes. Dans ce cas, on ne parle plus de licenciement sec. Mais j’ai conscience que la papeterie est un des plus gros employeurs de la région. L’État a donc le devoir de redynamiser le territoire. Nous allons déployer un dispositif qui a déjà été appliqué pour l’usine Bridgestone de Béthune ou à Cambrai : il s’appelle rebond industriel.
Comment est-ce que cela se matérialise ?
Les services de l’État seront mobilisés. On y met 2 millions d’euros, Lecta contribue à hauteur de 1,5 million d’euros, soit le double des obligations légales. Cela va permettre d’animer des études pour évaluer les projets industriels dans le secteur. On va mobiliser les industriels pour travailler sur les implantations, les agrandissements, les investissements. C’est un dispositif intéressant qui nécessite la mobilisation de tous les acteurs. Ces crédits seront débloqués dans les jours qui viennent ; un chargé de projet sera nommé dans la foulée.
Ces annonces vous semblent-elles suffisantes ?
J’ai souhaité venir visiter le site et rencontrer les salariés, pas seulement leurs représentants. Ils sont tristes, ils sont en colère, et je les comprends. Un ministre doit pouvoir l’entendre. Mais mon travail ne se termine pas au PSE. Il commence.
Pensez-vous réellement qu’un jour, la ligne 4 puisse rouvrir ?
Nous sommes au cœur des défis de la transition industrielle. Il y a des marchés en forte croissance et d’autres en forte décroissance. Ceux en décroissance, c’est la voiture thermique, c’est le papier couché. Ceux en forte croissance, c’est la voiture électrique, le papier glassine. Ma priorité, aujourd’hui, c’est la ligne 8. Pour la ligne 4, je ne souhaite pas m’engager mais je veux donner de la perspective et de l’espoir à moyen terme. Lorsque la ligne 8 tournera à pleine puissance, on fera alors le point pour la transition de la ligne 4. On parle de mois, voire de trimestres.
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