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Nucléaire : l'Etat injecte près de 100 millions d'euros pour soutenir ses futurs champions - La Tribune.fr

La relance du nucléaire dans l'Hexagone ne passera pas uniquement par la construction de grands réacteurs atomiques de troisième génération de type EPR2. Elle passera aussi par le développement de petits réacteurs modulaires, dit SMR pour Small modular reactors, portés essentiellement par de nouveaux acteurs du marché, des startups à la PME familiale.

Pour soutenir ce mouvement de décloisonnement inédit dans la filière nucléaire, l'Etat a dégagé près d'un milliard d'euros dans le cadre du plan France 2030. C'est sur cette base qu'avait été lancé l'appel à projets « réacteurs nucléaires innovants », doté d'une enveloppe de 500 millions d'euros. Six porteurs de projets viennent de décrocher quelque 77 millions d'euros de soutien public (Jimmy, Renaissance Fusion, Calogena, Hexana, Otrera nuclear energy et Bue capsule) après que deux projets (Naarea et Newcleo) aient déjà bénéficié d'une première enveloppe d'aide de 25 millions d'euros l'été dernier.

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32 millions d'euros pour la startup Jimmy

Outre ces 77,2 millions d'euros décaissés dans le cadre de l'appel à projets, les six aspirants nouvellement sélectionnés vont bénéficier d'un soutien technique du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) équivalent à un montant de 18,9 millions d'euros. L'aide totale dédiée à ces nouveaux entrants se chiffre donc à un peu plus de 95 millions d'euros.

Toutefois, ce montant global n'est pas réparti en six parts égales. Ainsi, sur les 77,2 millions d'euros, la startup Jimmy, qui entend valoriser la chaleur dégagée par la fission nucléaire grâce à son micro réacteur, rafle près de la moitié du gâteau avec une aide substantielle de 32 millions d'euros. Cette subvention publique, vient s'ajouter aux 20 millions d'euros levés depuis sa création en 2021, essentiellement auprès de business angels et d'un family office lillois.

« Ce soutien permet de lancer l'industrialisation de notre projet. Nous allons passer d'une entreprise qui conçoit à une entreprise qui réalise. Aujourd'hui, nous disposons de la plupart des devis nécessaires à l'assemblement », se félicite Antoine Guyot, cofondateur de la jeune pousse aux côtés de Mathilde Givret.

L'entreprise parisienne, qui emploie une soixantaine de collaborateurs, développe un micro réacteur à haute température d'une puissance de 10 à 20 mégawatts, censé remplacer les brûleurs à gaz. Elle vise essentiellement les industriels des marchés de la chimie, de l'agroalimentaire et les papeteries, tous grands consommateurs de vapeur.

Une technologie sur étagère prête pour 2026 ?

« Nous sommes la startup dont le développement est le plus avancé », se targue Antoine Guyot. Et pour cause, contrairement à d'autres nouveaux acteurs faisant le choix de technologies innovantes à l'image des réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium ou les réacteurs reposant sur la fusion nucléaire, la jeune pousse a choisi de reprendre des pièces déjà « sur étagère ». « Toute notre philosophie consiste à monter une nouvelle activité économique à partir de technologies existantes. Nous nous appuyons sur une supply chain déjà en place », précise cet entrepreneur issu du monde du conseil et dont l'intérêt poussé pour l'atome civil est le résultat des travaux de communication de l'ingénieur et consultant Jean-Marc Jancovici, grand défenseur du nucléaire dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Jimmy affiche ainsi un calendrier particulièrement audacieux avec la mise en service d'un premier réacteur prévue dans le courant de l'année 2026 sur le site d'un premier client industriel dont l'identité reste confidentielle. Reste que la jeune entreprise n'a pas encore déposé son dossier de demande d'autorisation de création auprès de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), laquelle s'attend à recevoir ce document au premier trimestre 2024. Contacté par la rédaction, le gendarme du nucléaire indique tabler sur « au-moins deux années d'instruction ».

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Changement de paradigme

Le calendrier de Jimmy n'est donc pas à l'abri d'un glissement. D'autant qu'au printemps dernier, Bernard Doroszczuk, le président de l'ASN, avait alerté sur le besoin de nouvelles ressources pour instruire dans les délais le dossier de ces nouveaux acteurs. Surtout, le gendarme du nucléaire avait expliqué faire face à un véritable changement de paradigme alors que pendant des années son principal interlocuteur est resté EDF, aujourd'hui seul exploitant des 56 réacteurs du parc tricolore. Un monde d'unicité bientôt révolu.

Juliette Raynal

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