Les chiffres des inscriptions à la formule de « leasing social », qui permet de louer une voiture électrique pour 100 euros par mois, étaient attendus. Le dispositif est « un succès » s’est félicité le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, vendredi 19 janvier, sur TF1. Depuis son lancement, en décembre 2023, plus de 90 000 personnes ont déjà demandé à bénéficier d’une voiture électrique dans ce cadre, a annoncé le ministre, et le premier véhicule a été livré jeudi.
Promesse du candidat Emmanuel Macron en 2022, la gestation de ce dispositif a été longue et complexe. Malgré le « succès » revendiqué par M. Béchu, la mise en œuvre du projet, qui repose sur un consensus entre l’Etat, les banques et les constructeurs pour garantir sa viabilité économique, préserver la souveraineté industrielle et s’adapter à la réalité du marché, reste une équation délicate.
Qu’est-ce que le leasing social ?
La formule de leasing social, disponible depuis début janvier, permet aux ménages les moins aisés de louer pendant au moins trois ans une voiture électrique – 100 euros par mois pour les citadines, 150 euros pour les familiales –, avec option d’achat. Cette offre sociale est ouverte aux ménages qui présentent un revenu fiscal de référence de moins de 15 400 euros par part. Pour l’heure, elle est réservée aux « gros rouleurs », c’est-à-dire à ceux qui peuvent justifier d’effectuer plus de 8 000 kilomètres par an en voiture, ou habiter à plus de 15 kilomètres de leur travail. Pour chaque véhicule, l’Etat prend en charge l’apport initial versé au loueur, à hauteur de 13 000 euros.
Quel est l’objectif ?
En élargissant la base du véhicule décarboné, cette mesure vise à verdir le parc automobile français, dans un pays oùles transports constituent encore le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre (32 % en 2022). Alors que le prix moyen d’un véhicule électrique en Europe atteignait 65 000 euros au premier semestre 2023, selon le consultant JATO Dynamics, le dispositif va à contre-courant d’une tendance à l’envolée des prix. Il permet de démocratiser l’usage de ces véhicules, en aidant des ménages modestes à s’installer au volant d’une voiture électrique qu’ils n’auraient pas pu se payer.
Mais la voiture à 100 euros par mois veut aussi favoriser les véhicules fabriqués en Europe, qui affichent un meilleur bilan carbone. « Le but, c’est qu’on vous aide à acheter des véhicules électriques plutôt produits chez nous », a déclaré Emmanuel Macron dans une vidéo diffusée le 14 décembre 2023.
Où en est le dispositif ?
Au total, « 91 000 personnes » ont manifesté leur intérêt pour une voiture électrique à 100 euros par mois sur la plate-forme gouvernementale mise en service entre le 14 décembre 2023 et le 4 janvier, a détaillé vendredi le ministère de la transition écologique. S’il n’est pas certain que ces quelque 91 000 personnes remplissent les critères sociaux, ni qu’elles se rendent effectivement chez le concessionnaire, le nombre de dossier dont le financement est validé reste bien en deçà de cette demande. En effet, seulement 25 000 véhicules subventionnés sont disponibles cette année.
Pour satisfaire le plus possible de demandes, le gouvernement est « en train de travailler » avec les constructeurs automobiles « pour voir si on peut faire 30 000, 35 000, 40 000 véhicules », a assuré Christophe Béchu sur TF1. Selon lui, ce n’est pas une « question de budget ». Le volet mobilité du projet de loi de finances 2024 affiche un montant de crédits de 13,3 milliards d’euros pour 2024, en hausse de 13 % rapport à 2023. Sur cette enveloppe globale, près de 200 millions serviront à verdir le parc automobile, notamment grâce au leasing social, mais aussi avec des primes à la conversion.
Quelles sont les limites du leasing social ?
Malgré la volonté de rendre accessibles les véhicules électriques à un maximum de Français, le leasing social risque d’avoir un impact limité sur le marché automobile, compte tenu du peu de modèles bon marché adaptés à cette location à 100 euros par mois. La plupart des constructeurs, dont Renault et Citroën, se sont focalisés ces dernières années sur la production de voitures haut de gamme, comme la Peugeot e-208 ou la Renault Zoe, à plus de 30 000 euros, qui dégagent de meilleures marges.
Quant aux nouveautés plus abordables, peu prioritaires jusque-là, elles font face à des problèmes de calendrier. La Citroën ë-C3 (23 000 euros) et la Renault R5 (un peu plus de 25 000 euros) ne seront pas disponibles avant la mi-2024 voire la fin de l’année, tandis que la Twingo (20 000 euros), qui devrait s’appeler « Legend » devrait sortir en 2025.
Par ailleurs, les modèles les moins chers sont souvent d’origine chinoise, et ne peuvent donc pas prétendre au nouveau bonus écologique, attribué selon le bilan carbone et privilégiant ainsi le « made in Europe ». C’est le cas de la Dacia Spring, pourtant parmi les moins chères du marché.
Avec la disparition du ministère de la transition énergétique, annoncée le 11 janvier avec le nouvel exécutif et alors que Bercy a récupéré le portefeuille énergétique, l’objectif de baisse des émissions de gaz à effet de serre – dont le leasing social fait partie – pourrait aussi faire face à un remaniement des enjeux de politique énergétique.
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