(BFM Bourse) - Le titre évoluait en nette hausse jusqu'à la conférence téléphonique avec les analystes durant laquelle l'absence d'indications claires sur certains paramètres semble avoir poussé le marché à changer son fusil d'épaule sur l'action.
Cette saison des résultats du CAC 40 est décidément marquée par d'importants mouvements au cours de la séance. Le spécialiste des semi-conducteurs STMicroelectronics s'était subitement retourné à la hausse après que sa direction a tenu une conférence téléphonique rassurante à la suite de la publication de résultats pourtant sous les attentes.
Mardi, Stellantis avait de son côté décroché en Bourse dans l'après-midi après que sa directrice financière a prévenu que le constructeur automobile attendait une forte baisse de sa marge opérationnelle courante au premier semestre, tout en tenant des propos peu engageants sur le marché européen.
Ce vendredi c'est au tour de la banque Société Générale en Bourse de connaître un retournement violent et impressionnant.
Après la publication, ce vendredi matin, de ses résultats trimestriels, l'action de la banque de La Défense a bondi, prenant jusqu'à 6% et évoluant en très nette hausse durant la majeure partie de la matinée. Mais vers 11h40, le titre a connu un accès de faiblesse avant de s'effondrer. Vers 13h45 l'action chutait de 6,1%, accusant de loin la plus forte baisse du CAC 40.
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La banque de détail et le ratio CET 1 comme cause?
Comment expliquer un tel mouvement ? Reuters a remarqué que la chute du titre est survenue à la suite de commentaires de la part de la directrice financière, Claire Dumas sur la marge nette d'intérêt (en clair, l'argent dégagé sur les crédits, via la différence entre les intérêts perçus et ceux versés sur les dépôts) en France.
"Le marché était un peu préoccupé par la prévision de marge nette d'intérêt qui était honnête mais haussière auparavant. Je pense que c'est probablement ce qui est à l'origine de la faiblesse", a indiqué à Reuters Johann Scholtz, analyste chez Morningstar.
Répondant à une question d'un analyste de Goldman Sachs, Claire Dumas a indiqué qu'à l'issue du premier trimestre et en raison de la dynamique sur les dépôts, la trajectoire de cette marge nette d'intérêt en France se situait "dans le bas de la fourchette" de son scénario de projection annuelle. Société Générale avait indiqué viser pour 2024 une marge nette d'intérêt dans la banque de détail en France supérieure à celle de 2022 (4,1 milliards d'euros).
"Le retournement de l'action a été déclenché par le call de la direction. Le manque de clarté concernant les questions sensibles pour le titre, telles que les impacts réglementaires potentiels sur le ratio CET1 (à la suite d'éventuelles inspections sur place) et les problèmes persistants concernant les revenus nets d'intérêts en France, est frustrant", explique de son coté à BFM Bourse Thomas Hallett, analyste chez KBW.
Les 'hedge funds' responsables de la baisse?
Le ratio CET 1 est un ratio de solvabilité qui rapporte les fonds propres à l'encours pondéré des risques, ce qui permet de s'assurer qu'une banque est suffisamment capitalisée face à ses risques. Il s'agit d'un indicateur très suivi du marché, et les investisseurs scrutent plus particulièrement Société Générale car son ratio sera pénalisé dans les prochains mois par plusieurs impacts défavorables, liés à notamment aux nouvelles normes prudentielles de Bâle IV (en 2025).
"La base d'investisseurs de Société Générale est orientée vers les 'hedge funds', ce qui peut avoir tendance à créer une volatilité supplémentaire du prix de l'action autour des bénéfices", explique également Thomas Hallett.
Rappelons qu'à proprement parler, les résultats de Société Générale se sont avérés supérieurs aux attentes au premier trimestre, portés notamment par la banque de financement et d'investissement.
La banque de La Défense a notamment publié un bénéfice net au premier trimestre de 680 millions d'euros, dépassant le consensus qui s'élevait à 475 millions d'euros, selon Royal Bank of Canada.
Julien Marion - ©2024 BFM Bourse
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