La France prend l'initiative pour faire plier les géants de l'Internet et leur faire enfin payer leurs impôts là où ils gagnent de l'argent. Cette fois, avec l'affaire Airbnb, la coupe est pleine. Surtout dans ce contexte très sensible où le gouvernement a annoncé une réduction de 5 euros par mois des APL, puis une non distribution de 300 millions d'euros aux collectivités locales. Pourquoi se serrer la ceinture alors que les Apple, Facebook, Amazon, Google se gavent ?
Airbnb a défrayé la chronique au début de la semaine quand on a appris que la filiale française du site de location de logements ne s'acquitte que 92.944 euros d’impôts sur les sociétés au titre de 2016. Alors que Airbnb possède à Paris son plus gros spot de location au monde, alors que 10 millions de voyageurs ont cliqué sur ce site, cet impôt représente un centime d'impôt par locataire !
C'est risible, c'est semblable à ce que paie en impôt une grosse PME. Lors de sa dernière levée de fonds, Airbnb était valorisée à 31 milliards de dollars, plus que le géant hôtelier Hilton.
Le problème de l'optimisation fiscale
Toutes ces entreprises américaines s'installent en Irlande pour conquérir l'Europe. C'est un système d’optimisation fiscale tout à fait légal. Quand vous réservez une chambre ou un appartement sur Airbnb, votre interlocuteur est en Irlande, mais ça ne passe plus. D'ailleurs ça ne passe plus depuis quelques années déjà mais jusqu'à présent, l'Union européenne s'est montrée impuissante à déjouer le tour de passe-passe en faisant preuve de solidarité.
Car ce n'est pas forcement Airbnb qu'il faut incriminer mais l’Irlande, Chypre, ou encore le Luxembourg qui proposent cette fiscalité low-cost aux géants américains qui s'installent chez eux. L'Irlande est satisfaite de son astuce. Depuis les années 50, Dublin a construit ce modèle économique, avec un taux d'imposition des sociétés très bas, à 12,5% pour attirer ces monstres américains sur son territoire.
L'Irlande est ainsi passée d'un pays pauvre à un pays riche. C'est notamment grâce à cette politique que l'Irlande est sortie rapidement de la dernière crise financière. Une étude du patronat irlandais estime qu'avec la fin de l'optimisation fiscale son pays perdrait 4 milliards de dollars de rentrées fiscales.
Vers une harmonisation fiscale en Europe ?
Bruno Le Maire a annoncé mercredi 9 août une initiative franco-allemande à la mi-septembre, au prochain conseil européen des ministres de l'Économie. Il faut une harmonisation fiscale. 19 pays dans la zone euro, 19 niveaux différents de fiscalité. La France va donc faire baisser son taux d'imposition sur les sociétés de 33% à 25%, pour être dans la moyenne européenne.
À l'Irlande maintenant d'augmenter le sien. L'Irlande qui se laissera peut-être bientôt convaincre, surtout quand elle voit qu'aux État-Unis, la colère est la même et le président Trump veut lui aussi faire baisser le taux de l'impôt américain sur les sociétés pour que les Apple, Amazon et autres rentrent au bercail.
Les temps changent, on n'accepte plus que l'Irlande joue perso, alors qu'il faut faire preuve de solidarité entre pays de l'Union européenne si on veut que tous s'en sortent, de la Grèce à l'Allemagne. Il y a l'harmonisation des taux d'imposition, il y a aussi comme piste de travail, la même assiette pour calculer cet impôt sur les sociétés, c'est-à-dire des règles uniques pour tous les pays. Tout ça va donc être sur la table européenne le mois prochain.
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