
Sous le soleil romain, Bruno Le Maire a, le temps d'un après-midi, été davantage ministre des Affaires étrangères que de l'Economie. Son expérience passée de diplomate et sa maîtrise de la langue de Dante étaient sans doute indispensables pour tenter d'apaiser la colère des Italiens, furieux du revirement français sur le dossier des chantiers navals de Saint-Nazaire. A l'issue de l'entretien avec son homologue Pier Carlo Padoan et le ministre du Développement économique, Carlo Calenda, le texte de la déclaration commune rendue publique indiquait que « les gouvernements italien et français expriment leur volonté commune de surmonter leurs divergences concernant l'équilibre de la structure du capital de STX ». Les assauts de courtoisie de Bruno Le Maire à l'égard de ses amis transalpins, « un grand peuple frère », avaient semble-t-il, fait leur effet. Pourtant Rome paraissait inflexible, faisant du fait que Fincantieri obtienne au moins 51 % du capital de STX France une condition sine qua non, arguant que ses anciens propriétaires sud-coréens disposaient des deux tiers. Le gouvernement ne « reculera pas d'unmillimètre, c'est une question de dignité et de respect », déclarait ainsi Carlo Calenda avant sa rencontre avec Bruno Le Maire.
Une proposition « inacceptable »
« Le dossier STX est devenu une question plus politique qu'industrielle, explique un diplomate français. L'objectif du déplacement du ministre de l'Economie à Rome visait ainsi avant tout à renouer le fil de la coopération navale entre les deux pays aussi bien dans le domaine civil que militaire. » Bruno Le Maire a dit comprendre l'émotion suscitée en Italie par la « nationalisation temporaire » des chantiers de Saint-Nazaire. Il est venu relancer les discussions pour travailler à la naissance d'un groupe leader mondial dans l'industrie navale, l'« Airbus des mers » qu'appellent d'ailleurs de leurs voeux les dirigeants de Fincantieri. Le ministre de l'Economie français avait déclaré dans un entretien au quotidien « Corriere della Sera » mardi que l'ancien accord négocié sous la présidence de François Hollande n'était pas clair concernant le pacte d'actionnaires. Il suscite des inquiétudes en France à propos de la préservation de l'emploi, des technologies et des intérêts stratégiques et même des insatisfactions côté italien à propos du contrôle de l'entreprise. Les nouvelles bases sur lesquelles pourraient se nouer un « bon accord, solide et durable » ont été indiquées par le ministre français de l'Economie : un partage à 50-50 du capital de STX France, dont la direction serait confiée à un Italien, lequel aurait une voix prépondérante au sein du conseil d'administration.
Pour trouver le temps de parvenir à un tel accord, le gouvernement français a exercé son droit de préemption, a expliqué Bruno Le Maire. Il a dit, mardi, à l'issue de ce rendez-vous romain son espoir de voir les discussions aboutir d'ici au prochain sommet franco-italien le 27 septembre prochain à Lyon. D'ici là, il est prêt à revenir à Rome. Il y retrouvera ses homologues Pier Carlo Padoan et Carlo Calenda, ouverts à une collaboration pour faire émerger un « Airbus des mers », mais campant toujours sur leur position face à une proposition concernant STX jugée « inacceptable ».
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