Le 24 novembre 1995, la France s’embrase. Jusqu’au 15 décembre, des grèves d’ampleur ont lieu dans la fonction publique, à la SNCF et dans le secteur privé – on recensera 5 millions de journées individuelles perdues, un record depuis Mai 68 ! –, accompagnées de six grandes manifestations pour protester</a> contre le plan d’Alain Juppé sur la Sécurité sociale et la retraite des fonctionnaires et des régimes spéciaux. Sans jamais jeter</a> de l’huile sur le feu, résistant aux fédérations qui prônaient la grève générale, Louis Viannet apparaît comme le grand vainqueur de ce conflit inédit.
Lire aussi : Mort de Louis Viannet, ancien secrétaire général de la CGT
L’événement intervient au moment où la CGT célèbre son centenaire et tient, en décembre, son congrès. Le 28 novembre, pour la première fois depuis la scission de 1947, les secrétaires généraux de la CGT et de FO, Louis Viannet et Marc Blondel, défilent côte à côte, derrière une banderole commune « Contre le plan Juppé, pour sauver</a> la Sécurité sociale » ne comportant aucun sigle. Au début de la « manif », les deux hommes échangent une spectaculaire poignée de main. Une semaine auparavant, « Loulou » avait raconté, goguenard, à ses camarades que le patron de FO lui avait téléphoné pour lui demander</a> de « sauver sa manifestation », et qu’il avait accepté d’aller à sa rescousse.
Contestation maîtrisée
Devant son congrès, Louis Viannet décrit le mouvement social comme « un tremplin dontpersonne ne peut sous-estimer</a> l’impact ni prévoir</a> l’onde de choc qu’il peut générer ». A la différence du conflit de 1986, la CGT n’est pas concurrencée par des coordinations et maîtrise la contestation, notamment à la SNCF, sous la houlette du leader des cheminots, Bernard Thibault. « Nous voulons négocier, proclame Louis Viannet, mais négocier</a> vraiment, en prenant comme base de départ les exigences des grévistes, et non pas discuter</a> sous la menaceconstante du préalable de l’incontournable plan Juppé. » Dans un premier temps, alors qu’il récuse toute « politisation », il ne suit pas Marc Blondel, partisan dès le départ du retrait du plan Juppé. Mais, le 4 décembre, il change de posture. « Le préalable, déclare-t-il, c’est qu’il faut retirer</a> le plan Juppé, après on discute. »
Louis Viannet n’hésite pas à traiter</a> Alain Juppé de « Tartuffe de la concertation ». Le 15 décembre, le premier ministre, qui se disait « droit dans ses bottes », retire son plan sur la réforme des retraites mais maintient le volet sur la Sécurité sociale. Il convoque un sommet social, avec les organisations syndicales et patronales, le 21 décembre. Dans un entretien au Monde, le secrétaire général de la CGT tire les enseignements du conflit sans exclure</a> qu’il puisse être</a> suivi d’un « retour de flamme ». S’il évoque « un mouvementd’ensemble » dont le plan Juppé a été « le catalyseur », il affirme que « le gouvernement a sous-estimé le degré de ras le bol ». « Il y a, souligne-t-il, une angoisse lucide qui repose sur les réalités de l’emploi, la baisse du pouvoir</a> d’achat, les difficultés d’insertion pour les jeunes, les plans sociaux à répétition. »
http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2017/10/22/quand-louis-viannet-traitait-alain-juppe-de-tartuffe-de-la-concertation_5204450_3382.htmlBagikan Berita Ini
0 Response to "Quand Louis Viannet traitait Alain Juppé de « Tartuffe de la concertation »"
Post a Comment