Pour s'imposer sur le marché français des VTC, la nouvelle application Taxify va devoir d'abord convaincre les chauffeurs. Ces derniers, s'ils saluent la proposition d'une commission moins élevée, restent sceptiques sur les promesses du nouveau-venu à moyen-terme.
Faut-il s'attendre ces prochains mois à une pénurie de chauffeurs Uber, partis rejoindre la nouvelle plateforme Taxify concurrente? Sur un marché du VTC estimé à 700 à 800 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, le nouveau venu a affiché ses ambitions et veut s'installer durablement. Mais si elle veut s'imposer chez les clients français, il lui faut d'abord être présente sur les smartphones des chauffeurs.
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Taxify arrive avec une proposition imbattable
Pour le fournisseur de l'application, l'offre est claire. Alors que la commission prélevée par Uber est de 25% du prix de la course, voire 30% pour les services partagés Uberpool, la commission de Taxify est de 15%. Une rallonge de chiffre d'affaires intéressante pour les chauffeurs, même si dans le même temps, Taxify annonce aussi un gain de 10% pour les clients, par rapport au prix de marché actuel. La plateforme qui a démarré ce jeudi ses courses en France, revendique 2000 chauffeurs opérationnels, et une liste d'attente de 5000 conducteurs. Pour garantir des courses à ces derniers, elle affiche pour tout le mois d'octobre une remise de 50% sur ses tarifs, avec par exemple des trajets de Paris à Roissy autour de 20 euros, contre environ 45 euros pour sa concurrente californienne.
Joint par le Figaro, un entrepreneur qui embauche plusieurs chauffeurs VTC se dit prêt à jouer le jeu, sans toutefois se faire d'illusions sur l'arrivée de Taxify: «forcément, la première réaction c'est de prendre rendez-vous avec eux et d'aller voir ce qui se passe. Je vais écouter ce qu'ils ont à proposer, et si cela s'avère intéressant, je basculerai certains des conducteurs sur l'application». Cependant, le chef d'entreprise a son idée sur la suite des événements: «ce qui va se passer, c'est que Taxify va donner une bouffée d'air momentanée au marché, avant de remonter ses commissions une fois qu'il aura fait le plein de chauffeurs». En effet, la start-up se livre à un dumping afin de réussir son arrivée sur le sol français.
La balle est donc dans le camp d'Uber et ses 80% de parts de marché, pour éviter une hémorragie de chauffeurs. La filiale française précise son plan d'action: la prise en compte des besoins globaux des conducteurs, plutôt qu'une guerre des prix. L'entreprise décriée pour ses décisions autoritaires affirme s'être adaptée et avoir adopté «l'écoute et l'échange» comme un pilier fondamental de sa relation avec les chauffeurs. Par ailleurs, le soutien d'Uber prend des formes concrètes, avec «des aides aux chauffeurs pour qu'ils atteignent la rentabilité», notamment en facilitant l'accès au financement de véhicules, ou des formations pour le permis VTC, ou encore une protection accident gratuite, en partenariat avec Axa. Seraient-ils prêts cependant à modifier le taux de commission? «il est le même partout où Uber est présent» fait-on savoir, soulignant que l'entreprises est ouverte au dialogue «si des attentes se manifestent». Rien n'est joué mais Uber, qui avait refusé de baisser sa commission l'année dernière comme le demandait le gouvernement, devra maintenant tenir tête au marché
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C'est la puissance financière qui permettra donc à ces géants de gagner des parts de marché. En fonctionnant à perte, ils attirent chauffeurs et clients, avant de remonter leurs marges. Le vainqueur potentiel? Non pas forcément celui qui a le service le plus abouti, ou une réelle expertise différenciante, mais celui qui possède l'assise financière la plus solide pour tenir «en apnée» sur le marché, le temps d'affaiblir ses ennemis. Et à ce jeu là, rien n'est écrit, mais Uber a en face de lui un adversaire redoutable. Taxify est soutenu par son actionnaire, le groupe chinois Didi, qui possède 20% de la start-up estonienne. Didi, qui contrôle 90% du marché chinois après avoir évincé Uber du pays, pèse plus de 40 milliards de dollars en bourse, une valorisation proche de celle de son concurrent (57 milliards de dollars).
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Les chauffeurs en attente, problème réglementaire en vue
Néanmoins, une modification réglementaire pourrait influer sur cette lutte féroce. Une pénurie de chauffeurs s'annonce à partir de janvier 2018, lorsque de nombreux chauffeurs qui bénéficiaient jusque là d'un statut moins contraignant (LOTI), vont devoir repasser des évaluations pour continuer à travailler. Plus de 15.000 chauffeurs seraient concernés et pourraient se retrouver interdits de conduire pendant plusieurs mois. Le marché pourrait se retrouver déséquilibré, forçant les plateformes à redoubler d'efforts pour garder leurs conducteurs, et donc leur chiffre d'affaires.
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