
Du jamais vu depuis dix ans. En Europe, la croissance économique atteint des niveaux supérieurs aux dernières prévisions , et sans précédent depuis une décennie. C'est le constat qu'a dressé, ce jeudi matin, la Commission européenne, dans son exercice de prévisions automnales.
Dynamique positive générale
Selon l'institution, la zone euro devrait afficher, sur l'ensemble de l'année 2017, une croissance de 2,2%, soit nettement plus que les 1,7% qu'elle anticipait au printemps pour la même période. Pas un pays n'échappera à cette dynamique positive. Une amélioration qui s'explique par la très bonne tenue de la consommation privée, le recul du chômage, le redémarrage de l'investissement et un contexte international porteur. Même constat pour l'ensemble de l'Union européenne : Bruxelles table sur une croissance de 2,3%, au lieu des 1,9% anticipés il y a six mois. A l'avenir, c'est à une très légère décélération que s'attend la Commission : pour la zone euro comme pour l'Union, l'expansion du PIB serait de 2,1% l'an prochain et de 1,9% en 2019.
Emploi à un niveau record
Les effets vertueux de cette croissance, qui dure depuis 18 trimestres dans l'Union européenne, se manifestent sur le front de la création d'emplois : le nombre total de personnes disposant d'un emploi dans la zone euro devrait atteindre un niveau record, portant le chômage à 9,1%, soit le niveau le plus bas depuis 2009. La baisse du chômage devrait se poursuivre en 2018 et 2019, pour atteindre un taux de 7,9% dans deux ans.
Bol d'air pour les finances publiques
Pour les finances publiques aussi, ce bol d'air est une aubaine : l'amélioration des budgets s'annonce meilleure que prévu. Dans l'hypothèse de politiques inchangées (et d'une croissance qui ne subit pas de choc imprévu), le déficit public de la zone euro devrait tomber à 0,8% du PIB en 2019, contre 1,1% cette année. Quant à la dette publique, qui représente aujourd'hui 89,3% du PIB des Etats, elle tomberait à 85,2% dans deux ans. Des chiffres qui viennent rappeler, en creux, à quel point la France demeure à la traîne en la matière : son déficit devrait atteindre 2,9% cette année, et sa dette 96,9% du PIB.
Rechercher une croissance plus « inclusive »
Fidèle à ses habitudes, la Commission a surtout profité de l'occasion pour inciter les Etats-membres à ne pas s'endormir sur leurs lauriers. Si la tentation peut être grande d'en faire le moins possible devant une dynamique économique porteuse, c'est à tout le contraire qu'invite Bruxelles. Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission en charge de ces sujets, a noté que de grandes divergences subsistent entre Etats-membres, en particulier en matière de convergence des revenus réels : « la main d'oeuvre reste fortement sous-utilisée dans certains pays ». Et d'appeler à viser l'objectif d'une croissance plus inclusive, mais aussi plus durable, ce qui implique de mettre en oeuvre des réformes « visant à stimuler la productivité et la capacité d'adaptation au changement et à diffuser les bénéfices de la croissance le plus largement possible dans nos sociétés ».
Pierre Moscovici, le commissaire en charge des Affaires économiques, ne cache pas non plus son enthousiasme devant le fait que « les bonnes nouvelles s'accumulent » mais constate, lui aussi, que la faible croissance des salaires continue de poser problème. Il pointe également le niveau de la dette qui reste élevé et appelle les Etats-membres à « agir de manière résolue pour pérenniser cette croissance et en répartir équitablement les fruits ».
Ce qui l'amène à lancer un message très politique en évoquant le nécessaire « renforcement de la zone euro », pointant les prochaines semaines, « décisives à cet égard ». Un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement centré sur ce sujet est en effet prévu à la mi-décembre, mais il semble difficile, à ce stade, d'anticiper des percées substantielles, notamment du fait qu'aucun gouvernement de coalition n'a encore émergé à Berlin.
Des risques réels
De fait, si les responsables bruxellois insistent à l'unisson sur la nécessité de mieux protéger l'Europe face aux futurs chocs en continuant à la réformer, c'est parce qu'ils ont conscience des risques réels qui pèsent sur cette croissance satisfaisante mais fragile. Même s'ils n'excluent pas une accélération plus forte encore de la croissance, les économistes de la Commission notent que les tensions géopolitiques mondiales, la possibilité d'un resserrement mondial des conditions de crédit, l'éventuel ajustement de l'économie chinoise, l'expansion du protectionnisme ou encore un Brexit plus douloureux que prévu pourraient casser cette dynamique.
https://www.lesechos.fr/monde/europe/030849921737-la-croissance-europeenne-encore-meilleure-que-prevu-2128781.phpBagikan Berita Ini
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