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Entreprises françaises. En Chine, Emmanuel Macron « a une carte à jouer »

Pour sa première visite d’État en Chine, Emmanuel Macron n’a pas voyagé seul. Une cinquantaine de chefs d’entreprise ont également fait le déplacement. Mais quelle stratégie commerciale peut adopter la France face à la Chine ? Retour sur les relations économiques franco chinoise avec Jean-François Huchet, professeur d’économie et vice-président du conseil scientifique de l’Inalco.

Quelle stratégie commerciale la France peut-elle adopter face à la Chine ? Jean-François Huchet, professeur d’économie et vice-président du conseil scientifique de l’Inalco (Institut National des Langues et Civilisations Orientales), fait le point à ce sujet.

Que représente l’économie française pour la Chine d’aujourd’hui ?

Les relations franco chinoises sont importantes historiquement pour la Chine et elles le restent. Mais la France n’est pas le premier partenaire commercial de la Chine. Les États-Unis, le Japon et au sein de l’Europe l’Allemagne et le Royaume-Uni sont des partenaires plus importants que la France.

Ceci dit, compte tenu du repli économique et politique des États-Unis et des difficultés politiques de l’Allemagne, l’image positive d’Emmanuel Macron place la France dans une situation particulière. Le Président a une carte à jouer en Chine. La France dispose d’atouts technologiques, environnementaux et reste un interlocuteur sur des dossiers plus politiques. Elle est présente en Asie contrairement à d’autres pays européens…

Nous avons pris la mesure de l’importance de la Chine dans l’économie mondiale ?

Les choses ont beaucoup progressé en vingt ans. On parle beaucoup de la Chine aujourd’hui dans la presse, dans les médias. Nos entreprises ont pris la mesure de l’émergence, voire de la maturité de la Chine sur certaines activités.

Après, il faut que nous accompagnions nos firmes, mettre en place des formations en langue chinoise, bien préparer les cadres qui partent. Il est intéressant de regarder ce que font déjà certains pays européens mieux préparés que nous. Même si la France a fait beaucoup d’effort, il faut encore faire plus.

Comment les relations économiques franco chinoises peuvent-elles évoluer suite à la venue d’Emmanuel Macron ?

Sur les très gros contrats, la France est bien positionnée. Ses technologies sont connues et, bien sûr, la venue du président peut faire avancer les choses. Mais la clef de nos relations économiques se trouve dans la présence de nos entreprises moyennes en Chine. Peut-être pas les petites car il faut avoir les reins solides. Ça n’est pas un marché facile. Il y a beaucoup de concurrence, du protectionnisme. Mais il y a un effort à faire.

Nos PME ont un peu de mal contrairement à leurs homologues allemandes, italiennes ou anglaises. C’est une faiblesse structurelle de la France, mais compte tenu de l’importance du marché intérieur chinois, nos PME doivent se préparer, développer des produits pour la Chine, etc.

Vous évoquiez le protectionnisme chinois. Emmanuel Macron peut convaincre Xi Jinping d’ouvrir davantage son pays aux économies européennes ?

La Chine est consciente que la réciprocité des relations commerciales sera sur la table. Et Emmanuel Macron ne sera pas le premier à en parler. Suite à l’adhésion de la Chine à l’OMC en 2001 et pendant une bonne dizaine d’années, la Chine a pu continuer de protéger son marché intérieur.

Mais aujourd’hui, elle est une grande puissance économique. La question de l’accès à son marché intérieur et de son ouverture aux investissements étrangers est donc tout à fait légitime. Les Chinois s’attendent à ce qu’elle soit posée. Cela doit faire l’objet d’une négociation et comme dans toute négociation, il y a des rapports de force qu’il faut construire.

De quels rapports de force parlez-vous ?

La France ne peut aborder toute seule ces questions avec les chinois. Elle doit avoir une position commune avec l’Allemagne. Car des décisions devront être prises au niveau européen, si jamais la Chine ne veut pas jouer le jeu de la réciprocité dans nos relations économiques.

D’autant qu’en matière commerciale, Bruxelles détient un grand nombre de compétences. Dans la perspective du Brexit, le couple franco-allemand est donc crucial pour négocier avec la Chine.

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