FO : Mailly défend son bilan

Une intervention de la maire socialiste de Lille puis du président Les Républicains de la région Hauts de France. Une femme, de gauche - Martine Aubry - puis un homme, de droite - Xavier Bertrand -, et tous deux pas tendres avec Emmanuel Macron, ont rendu hommage à Jean-Claude Mailly à l'ouverture du 24e congrès de l'organisation qui a démarré ce lundi à Lille pour une semaine, où ce dernier va passer la main à Pascal Pavageau.

« Je n'oublie pas les 14 années, pas que la dernière année, je n'oublie pas ce que Jean-Claude Mailly a fait pour FO », a insisté l'ancienne numéro Un du PS, auquel le syndicaliste a appartenu jusqu'à la loi El Khomri. Elle s'est aussi fait l'écho d'interrogations sur le positionnement de FO quant à la réforme du Code du travail, mais comme pour mieux l'expliquer. « Je n'ai pas compris pourquoi FO ne s'est pas opposé plus fortement à la réforme du Code du travail, même si je sais que Jean-Claude a fait reculer le gouvernement [sur les branches] et si je sais aussi combien il était difficile de mobiliser les travailleurs [...] quelques semaines après l'élection présidentielle », a-t-elle affirmé.

Exercice à haut risque

Le syndicaliste est ensuite venu devant les militants leur présenter le bilan des trois dernières années. Un exercice à haut risque tant la stratégie de jouer jusqu'au bout le jeu de la concertation sur la réforme du Code du travail a provoqué la colère d'une partie des militants. « Ce n'est pas le rapport personnel du secrétaire général, mais celui de tout le bureau confédéral », a-t-il pris soin de préciser d'entrée de jeu alors que son successeur, Pascal Pavageau, membre de la direction depuis 2009, affirme avoir contesté la stratégie adoptée sur les ordonnances.

Ce n'est pas le seul tacle discret qu'il lui a adressé. « Avoir le même discours dans le bureau d'un directeur ou d'un ministre comme devant un salarié ou un adhérent, c'est une question de crédibilité et cela vaut à tous les niveaux du représentant du personnel au secrétaire général de la confédération », lui a aussi envoyé Jean-Claude Mailly, appelant à « ne pas confondre plaire et séduire ».

Sur les ordonnances, le syndicaliste n'a pas bougé d'un iota : « Nous considérons que notre comportement a été le plus efficace dans le contexte donné », a-t-il répété, qualifiant de « sottises » les accusations de proximité avec Emmanuel Macron. Il a mis ce dernier en garde contre « l'effet boomerang du big bang [de ses réformes] » mais a aussi critiqué la « convergence des luttes » dont rêve l'extrême-gauche de FO comme la CGT, une « expression très connotée politiquement ».

Axe FO FO

« Ce n'est pas parce qu'il y a une dizaine de points de conflits en même temps que ça va obligatoirement coaguler », a expliqué Jean-Claude Mailly. Et pour que ça coagule, encore faut-il qu'il y ait une « convergence syndicale. Or, jusqu'à récemment, on a plutôt reçu des convocations », a-t-il indiqué sans citer de confédération, mais en visant clairement la CGT.

Alors que certains nostalgiques rêvent d'un rapprochement, il a défendu une démarche « d'unité d'action ponctuelle », « à ne pas confondre avec unicité syndicale ou syndicalisme rassemblé ». « Il n'y a pas plus d'axe FO CFDT que d'axe FO CGT ; il n'y a qu'un seul axe possible : l'axe FO FO », a-t-il affirmé, défendant une organisation avançant « sur ses deux jambes, la négociation ou la concertation et l'action ».

L'intervention du secrétaire général n'a donné lieu ni à bronca ni à ovation. Mais la salle devrait s'animer lors des interventions de délégués sur le rapport d'activité qui vont se succéder jusqu'à mercredi soir. Jeudi matin, Jean-Claude Mailly leur répondra avant que son dernier bilan soit mis au vote.

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