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La poursuite de la grève chez Air France divise les pilotes

La grève n'est pas finie mais la situation commence à bouger chez Air France. Comme il fallait s'y attendre, la nouvelle offre de la direction dévoilée mardi, de rouvrir des négociations salariales, tout en portant de 1 % à 2 % la hausse générale des salaires en 2018, n'a pas suffi à convaincre les syndicats de lever leurs préavis de grève pour les 17,18, 23 et 24 avril. Mais les dix syndicats, qui avaient organisé une manifestation devant le siège d'Air France-KLM ce mercredi matin, ont néanmoins accepté la proposition de négociation non-stop de la direction. Elle débutera ce jeudi et devrait se poursuivre jusqu'à l'élaboration d'un projet d'accord, qui sera probablement soumis à l'approbation des salariés. De quoi laisser espérer une issue prochaine, même si la direction d'Air France écarte toujours la possibilité d'accorder les 6 % de hausse de salaires générale en 2018 réclamés par l'intersyndicale.

Des signes d'essoufflement

Car  même si les perturbations restent importantes , le mouvement de grève entamé le 22 février commence à donner des signes d'essoufflement, notamment chez les personnels au sol. Selon la direction, les grévistes ne représentaient plus que 9 % des salariés lors de la journée de grève du 10 avril, contre 22 % en févier. Et si les pilotes d'Air France restent en pointe du mouvement, avec un taux de grévistes supérieur à celui des autres catégories de personnels, la stratégie des grèves à répétition dans le cadre d'une intersyndicale, est très loin de faire l'unanimité dans leurs rangs.

Alors que les trois syndicats de pilotes d'Air France, SNPL AF, SPAF et Alter, appellent à la grève sur la revendication très consensuelle d'une hausse générale des salaires de 6 %, le pourcentage de grévistes dépasse à peine les 35 %. Ce qui suffit à provoquer de fortes perturbations, mais ne constitue pas un mouvement de la même ampleur que la grève de 2014, suivie par 80 % des pilotes d'Air France.

La stratégie du SNPL divise

En interne, ils sont même de plus en plus nombreux à exprimer leur désaccord vis-à-vis de la stratégie suivie par leurs représentants et notamment par le premier d'entre eux : le président du bureau du SNPL AF, Philippe Evain, présenté comme le tenant de la ligne dure. Des divergences classiques au sein du SNPL, où les rivalités de personnes ont toujours existé, mais qui pourraient bien ouvrir la porte à un règlement séparé du conflit entre la direction d'Air France et les pilotes, y compris contre l'avis de leurs représentants.

« Le mouvement tient beaucoup sur la discipline syndicale des pilotes et l'erreur initiale de la direction, dont la proposition d'une hausse générale des salaires limitée à 1 % a été ressentie comme une provocation. Mais de nombreux pilotes n'apprécient pas de se retrouver au sein d'une intersyndicale aux côtés des drapeaux rouges de la CGT, explique l'un d'entre eux. Le mouvement s'essoufflera quand ils auront compris que le bureau du SNPL privilégie davantage l'action intersyndicale que la défense de leurs intérêts catégoriels ».

Vers un référendum pilotes sur un projet d'accord ?

En cas de nouveau blocage de la négociation, le scénario de sortie de crise le plus souvent évoqué serait celui d'un nouveau référendum sur un projet d'accord déjà ébauché par la direction d'Air France, qui concéderait des hausses de salaires pour les pilotes contre davantage de flexibilité en interne et un relèvement du plafond de 40 appareils pour la filiale low cost Transavia France. Un scénario qui a déjà permis en 2017 à Air France de lancer sa filiale à coûts réduits Joon, malgré l'hostilité de Philippe Evain et de son bureau.

« Le SNPL AF a toujours privilégié les accords de périmètre, alors que les syndicats de PNC [hôtesses et stewards, NDLR] et de personnels au sol défendent avant tout leur contrat, estime un bon connaisseur de la compagnie. On l'a bien vu avec Joon. Si la direction propose aux pilotes un accord donnant-donnant qui garantirait l'avenir d'Air France, plutôt que de vouloir financer les hausses de salaires par la croissance actuelle sans tenir compte d'un possible retournement de cycle, les pilotes signeront ».

Rénover le dialogue social

Mais d'autres voient aussi dans la situation actuelle, une opportunité de rebattre les cartes du dialogue social chez Air France. C'est le cas de Patrick Vincent, commandant de bord 777 d'Air France et cofondateur du nouveau syndicat de pilotes SPL, affilié à la CFDT. « Dans les prochains jours, nous allons lancer une plate-forme collaborative qui permettra à tous les pilotes d'Air France de s'exprimer sur tous les sujets relatifs à la stratégie de la compagnie et de proposer des solutions pour capter la croissance du marché, explique-t-il. Notre objectif n'est pas d'affaiblir le SNPL, mais de rénover le dialogue social chez Air France, en favorisant le droit d'expression, la circulation de l'information et le respect d'un code de bonne conduite ».

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