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Budget : l'Italie persiste et signe face à Bruxelles

Giuseppe Conte s'était défini comme « l'avocat des Italiens » en devenant président du Conseil. Il doit maintenant défendre « le budget du peuple » dans le cadre d'un « dialogue constructif » avec l'Union européenne. Un dialogue de sourd pour l'instant. 

La lettre envoyée par le ministre de l'Economie Giovanni Tria ce lundi à Bruxelles représente en effet une  fin de non recevoir aux attentes exprimées par Pierre Moscovici . Le commissaire européen aux Affaires économiques et financières espérait un nouveau projet de budget intégrant ses recommandations et le respect des règles communautaires en matière de déficit. Ses espoirs seront déçus. 

Rome maintient ses prévisions de déficit de 2,4% et de croissance de 1,5% l'an prochain. Peu importe que la plupart des institutions internationales et  les agences de notation jugent dangereuses les premières -avec une dette publique de 130% du PIB-, et fantaisistes les secondes. Le Trésor italien reconnaît que le budget n'est pas conforme au pacte de stabilité et concède seulement la promesse d'intervenir s'il ne devait pas arriver à atteindre ses objectifs. Il justifie ses « décisions difficiles mais nécessaires » par l'obligation de relancer la croissance économique. 

C'est ce qu'a réaffirmé Giuseppe Conte, lundi, lors d'une rencontre avec la presse étrangère à Rome. « Nous ne sommes pas une bande d'exaltés indisciplinés. Nous avons longuement étudié la question. Les recettes de politique économique de l'Europe n'ont pas fonctionné. L'Italie était à la traîne et courrait vers la récession. » Le président du Conseil s'est voulu néanmoins rassurant. Le chiffre de 2,4 % de déficit est un « plafond maximal » et non un objectif. Il est en outre inenvisageable que l'Italie quitte la zone euro ou l'UE. « Nous ne remettons pas en doute le rôle des autorités européennes, mais nous voulons leur expliquer notre budget, que certains ont rejeté avant même d'en avoir pris connaissance », a poursuivi Giuseppe Conte. 

Le collège des commissaires se penchera dès mardi sur le budget italien sans que l'on sache pour l'instant si il ira jusqu'à un rejet, ce qui serait une première. Lundi matin sur « France Inter » Pierre Moscovici jouait l'apaisement en déclarant ne pas vouloir une crise entre Rome et Bruxelles. « La place de l'Italie est au coeur de l'Union européenne et de la zone euro, pas à l'extérieur », a-t-il affirmé. 

Ne pas affoler les marchés

Giuseppe Conte en appelle « au sens de la responsabilité et à la prudence dans les déclarations d'où qu'elles viennent » pour ne pas affoler inutilement les marchés. 

Ce sont en effet d'abord à eux que sont destinées ces prises de position conciliantes. Ce lundi,  le taux à 10 ans des emprunts d'Etat italiens reculait de 17 points de base à 3,38 %. Le spread, c'est-à-dire l'écart avec l'Allemagne, passait sous la barre symbolique des 300 points de base, s'éloignant ainsi de celle des 400 points au-delà de laquelle les ministres de l'Economie et des affaires Européennes estiment qu'une modification du budget serait indispensable. 

Ils évoquent un déficit de 2,1% et un contrôle trimestriel des comptes de l'Etat pour ajuster les dépenses les plus onéreuses, telles que le revenu citoyen ou les départs anticipés à la retraite - des mesures qui sont les promesses électorales des forces populistes au pouvoir. Matteo Salvini tout comme Luigi di Maio sont pour l'instant intransigeants, car forts du soutien de l'opinion publique : 59% des Italiens sont favorables à leur budget. Pour le modifier, les tentatives de persuasion de l'UE sont vaines à ce stade, seule la pression des marchés pourrait avoir une quelconque influence. 

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