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« Pertes & profits ». Pays de l’esthétique et de la communication non verbale, le Japon a érigé les excuses au rang d’art à part entière. Des dizaines d’expressions et de gestuelles conviennent pour chaque circonstance, de la confusion de recevoir un cadeau au pardon demandé pour une faute lourde. L’important est dans le cérémonial. Le corps s’incline, parfois jusqu’à 90 degrés, et les plus honteux vont jusqu’à s’agenouiller front contre terre. Il en va de même dans les affaires. Depuis une dizaine d’années, les téléspectateurs japonais assistent à un ballet ininterrompu d’excuses publiques de patrons, tant les scandales émaillent la vie économique nipponne.
L’affaire la plus spectaculaire a été celle d’Olympus, révélée en 2011, qui portait sur plus d’un milliard d’euros de fraude comptable et a abouti à la démission de tous les dirigeants de l’entreprise et l’emprisonnement d’un certain nombre d’entre eux. Quatre ans plus tard, l’affaire Toshiba, portant également sur de fausses déclarations comptables, avait provoqué le démantèlement de la firme. Puis le sidérurgiste Kobe Steel, les métallurgistes Mitsubishi et Kawasaki ou, plus récemment, le fabricant d’amortisseurs de séismes KYB ont dû s’incliner pour expier leurs fautes.
C’est pour s’éviter une telle infamie que le patron de Nissan, Hiroto Saikawa, s’est empressé d’incriminer son chef, Carlos Ghosn, qui aurait caché ses agissements aux autres dirigeants et administrateurs du constructeur automobile. L’attitude du manageur japonais est d’autant plus compréhensible que sa société est elle-même prise au piège d’un scandale de défaut de certification de ses véhicules qui implique aussi certains de ses concurrents, tels que Subaru ou Suzuki. « Nous avons trahi la confiance de nos clients », s’était repenti M. Saikawa en octobre 2017. Confronté à un problème similaire, le président de Subaru a dû présenter sa démission. Et ce premier scandale Nissan est loin d’être terminé.
Désastreux pour l’image du made in Japan
C’est en fait tout le monde des affaires japonais qui ne parvient pas à sortir de cette séquence calamiteuse pour sa réputation. Pas un mois sans une nouvelle affaire. Selon un sondage effectué en novembre pour l’agence Reuters, près des trois quarts des sociétés japonaises reconnaissent que l’affaire KYB, dont les produits sont supposés protéger des tremblements de terre la plupart des immeubles du pays, est désastreuse pour l’image du made in Japan.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/22/l-affaire-nissan-est-le-nouveau-symptome-de-la-crise-profonde-que-traverse-l-industrie-japonaise_5386924_3234.htmlBagikan Berita Ini
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