Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a demandé mercredi la convocation «dans les prochains jours» d'un conseil d'administration de Renault pour désigner un successeur à son PDG Carlos Ghosn incarcéré au Japon.
L'État français a officiellement lâché le PDG de Renault Carlos Ghosn mercredi, deux mois après son arrestation, et demandé la nomination d'un successeur dans les prochains jours pour prendre la tête du constructeur automobile. Détenu au Japon depuis le 19 novembre, Carlos Ghosn va ainsi perdre son dernier titre, celui de PDG de Renault, Nissan et Mitsubishi l'ayant révoqué du poste de président du conseil d'administration dès la fin novembre.
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«J'ai toujours indiqué, en rappelant la présomption d'innocence de Carlos Ghosn, que s'il devait être durablement empêché, nous devrions passer à une nouvelle étape. Nous y sommes», a déclaré le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, sur LCI. «Dans cette nouvelle étape, nous avons besoin maintenant d'une nouvelle gouvernance pérenne pour Renault», a-t-il ajouté. «J'ai demandé explicitement, comme actionnaire de référence, que le conseil d'administration de Renault soit convoqué dans les prochains jours», a-t-il aussi indiqué. «Nous souhaitons que ce conseil d'administration désigne une nouvelle gouvernance pérenne pour Renault», a souligné Bruno Le Maire.
Alors qu'on lui demandait si cela signifiait que Carlos Ghosn allait être remplacé, il a répondu: «Tout à fait». Le ministre n'a pas précisé si le nouveau PDG prendrait aussi la tête de l'alliance avec les japonais Nissan et Mitsubishi: «Ce sera au conseil d'administration de lui dire exactement les contours de ses fonctions». Interrogé sur l'éventuelle candidature de Jean-Dominique Sénard, le président sortant de Michelin dont le nom circule comme possible président non exécutif de Renault, Bruno Le Maire en a loué les qualités sans se prononcer pour autant. «C'est un grand industriel, un homme qui a une conception sociale de l'entreprise et qui l'a démontré à plusieurs reprises», a-t-il déclaré, soulignant qu'il était aussi «un spécialiste du secteur automobile». Il a toutefois souligné que «l'État se prononcera sur la base des candidats qui lui seront soumis comme actionnaire de référence».
Scénario le plus souvent évoqué, la direction de Renault pourrait être scindée en deux, avec un président du conseil d'administration d'un côté et un directeur général exécutif de l'autre, le nom de Thierry Bolloré, nommé il y a un an adjoint de Carlos Ghosn, revenant le plus souvent pour ce dernier poste.
Émissaires français à Tokyo
Au moment où les tensions affleurent entre Français et Japonais, le ministre a en revanche rejeté clairement une redistribution des participations au sein de l'Alliance, qui est devenue sous la direction de Carlos Ghosn le premier constructeur mondial. «Nous souhaitons la pérennité de l'alliance. La question des participations au sein de l'alliance n'est pas sur la table», a-t-il assuré.
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L'État français est le premier actionnaire de Renault, avec 15,01% du capital. Nissan en détient 15%, mais sans droits de vote en assemblée générale. Renault contrôle pour sa part 43% de Nissan, qu'il a sauvé de la faillite il y a près de 20 ans. Nissan possède par ailleurs 34% de Mitsubishi Motors, dernier venu dans l'alliance née en 1999.
Dans ce contexte chahuté, plusieurs émissaires du gouvernement français dépêchés à Tokyo se sont entretenus mercredi avec des protagonistes du dossier Renault-Nissan. Participent notamment à ce voyage Martin Vial, directeur général de l'Agence des participations de l'État (APE), et Emmanuel Moulin, directeur de cabinet du ministre de l'Économie et des Finances, selon nos sources. Le patron de Nissan, Hiroto Saikawa, devait les rencontrer, a précisé à l'AFP une source proche du constructeur japonais.
Carlos Ghosn, mis en examen notamment pour abus de confiance, a vu sa demande de libération sous caution de nouveau rejetée mardi et pourrait rester des mois en prison, ce qui rendait difficile son maintien à la tête de Renault dont il est toujours PDG. Parmi les dernières accusations de Nissan, le PDG de l'Alliance aurait reçu une rémunération de plus de 7 millions d'euros en 2018 de la part d'une filiale néerlandaise détenue à égalité par Nissan et Mitsubishi (NMBV), sans approbation des patrons de Nissan et Mitsubishi, a détaillé une source proche du dossier.
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