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Wall Street ne fait plus rêver les sociétés américaines - Le Monde

Le New York Stock Exchange (NYSE) annonce l’entrée en Bourse d’Uber, le 10 mai.
Le New York Stock Exchange (NYSE) annonce l’entrée en Bourse d’Uber, le 10 mai. ANDREW KELLY / REUTERS

La presse américaine n’en est pas revenue. Voici une entreprise qui entre en Bourse parce qu’elle… a besoin d’argent. L’entreprise de partage de bureaux WeWork a annoncé, mardi 30 avril, avoir rempli, fin décembre 2018, les documents nécessaires à une cotation à Wall Street. Explication : l’entreprise brûle chaque année 2,3 milliards de dollars (environ 2,1 milliards d’euros) de cash pour financer sa croissance.

Depuis sa fondation, en 2010, elle a déjà obtenu 13,5 milliards de dollars auprès d’investisseurs privés, tels que le japonais SoftBank, des fonds souverains saoudiens et émiratis, mais elle pourrait avoir besoin d’environ 20 milliards de dollars supplémentaires d’ici à 2026, date à laquelle elle est censée dégager enfin des liquidités.

Dans ce contexte, et faute d’avoir réussi à se faire de nouveau financer par ses actionnaires actuels, WeWork, rebaptisée « The We Company », envisage d’entrer en Bourse à un prix proche de 50 milliards de dollars. Rien que de très normal, dira-t-on, la Bourse étant faite pour financer les entreprises. Grave erreur, car ce n’est plus le cas depuis la fin des années 1990.

Les entreprises lèvent leurs capitaux auprès des investisseurs privés, et lorsqu’elles vont en Bourse, c’est pour permettre aux actionnaires de vendre. La Bourse n’est pas le lieu où l’on finance, mais où l’on encaisse, par le biais des cessions, des dividendes et surtout des rachats d’actions (qui n’entraînent pas de frottement fiscal, à la différence des dividendes), qui ont dépassé les 800 milliards de dollars en 2018.

Rebond des mises sur le marché

Certes, les Etats-Unis connaissent un rebond des mises sur le marché, la plus emblématique étant celle de la société de transport Uber, qui a levé 8,1 milliards de dollars, vendredi 10 mai. Le titre a finalement clôturé sur un plongeon de 7,62 %, à 41,57 dollars, bien au-dessous du prix d’ouverture qu’avait fixé le groupe la veille, à 45 dollars. Ce regain printanier s’explique par le contrecoup de la crise boursière de décembre 2017 et le « shutdown » (la fermeture du gouvernement fédéral) du début de l’hiver 2018, qui avait entraîné un report des opérations. L’excellent niveau des marchés financiers offre une nouvelle fenêtre de tir.

Il n’empêche, l’arbre ne doit pas cacher la forêt… abattue. Le capitalisme américain dévore ses entreprises. Le nombre de sociétés américaines cotées, qui avait atteint un record de 7 600 en 1997, en pleine folie Internet, a été divisé par deux en vingt ans, victime de l’éclatement de la bulle Internet, et de la crise financière. Au lieu d’engranger leurs plus-values par le biais des introductions en Bourse, les IPO (pour initial public offerings), les fonds de financement sortent en vendant leurs pépites à d’autres entreprises. C’est ainsi que Facebook a racheté WhatsApp, en 2014, pour 19 milliards de dollars. Selon Bloomberg, en 2017, la Bourse n’était une voie de sortie que dans 15 % des cas, contre plus de la moitié au milieu des années 1990.

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