
A peine deux jours après le placement en redressement judiciaire de la compagnie aérienne française Aigle Azur, son PDG, Frantz Yvelin, a annoncé sa démission mercredi 4 septembre. « A un moment, on ne peut pas se battre contre tout le monde », a-t-il notamment déclaré sur le plateau de BFM Business mercredi matin. « J’ai fait absolument tout ce que je pouvais depuis deux ans. On est venu me chercher pour diriger Aigle Azur », a poursuivi l’ancien pilote de ligne, se disant « fatigué » après avoir traversé une « zone de fortes turbulences depuis le début du mois d’août ».
L’entreprise, qui compte 1 150 employés, s’est déclarée en cessation de paiement. Les repreneurs potentiels de la compagnie aérienne, spécialiste des liaisons vers l’Algérie, ont jusqu’au 9 septembre à midi pour déposer leur offre de reprise, soit plus tôt que ne l’anticipaient les membres du comité d’entreprise.
Cette accélération est due à l’état de la trésorerie, loin des 25 millions évoqués en août par Frantz Yvelin, a affirmé Martin Surzur, président du bureau du syndicat de pilotes SNPL chez Aigle Azur et membre du CE. Selon ce dernier, la situation de trésorerie d’Aigle Azur est « très particulière » en raison des difficultés à rapatrier l’argent d’Algérie – il faut en général compter un « délai de deux à trois mois ». « On aimerait que l’Etat français fasse le nécessaire avec l’Etat algérien pour rapatrier cet argent ou qu’il se substitue [par un prêt] le temps que cet argent soit rapatrié », a ajouté M. Surzur.
« Si ces 15 millions sont rendus disponibles, la liquidation s’éloigne et nous permettra de survivre suffisamment, le temps d’une reprise. »
Air France sur les rangs
L’Etat français consentira-t-il à ce coup de pouce ? Depuis le 26 août, la compagnie aérienne vit un épisode particulièrement trouble. A cette date, l’un des actionnaires minoritaires d’Aigle Azur, Gérard Houa, avait décidé de débarquer brutalement Frantz Yvelin, avant qu’une administratrice provisoire nommée à la tête de l’entreprise ne rétablisse deux jours plus tard M. Yvelin dans ses fonctions.
Selon Martin Surzur, « Air France aurait émis de l’intérêt pour Aigle Azur et serait prête à faire une offre de reprise ». Mais elle ne serait pas la seule. Si la compagnie est en quasi-faillite, elle est assise sur un tas d’or. Elle dispose en effet d’environ 10 000 slots (des créneaux de décollage et d’atterrissage) à Orly. Un véritable pactole, car l’aéroport parisien le plus proche de la capitale est limité à 250 000 mouvements par an et il est presque arrivé à saturation. Comme le prévoit la réglementation, ces slots ne peuvent être vendus et seul le rachat de la compagnie peur permettre de mettre la main dessus.
Aigle Azur, fondée en 1946 et dont les liaisons avec l’Algérie représentent 50 % à 60 % de son activité, dispose d’une flotte de 11 avions et a transporté 1,88 million de passagers en 2018. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros en 2018.
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