Pas de coup de pouce pour le placement favori des Français : la rémunération du livret A va tomber à 0,5 % le 1er février. Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, l'annonce au Parisien – Aujourd'hui en France. Selon lui, il serait « irresponsable et incohérent » de le maintenir à 0,75 %. Et il encourage les épargnants à « diversifier » leurs placements.
Quel sera le prochain taux de rémunération du livret A ?
Il sera de 0,5 % à partir du 1er février. Ce chiffre tient compte des taux d'intérêt bas et du niveau de l'inflation. Je tiens à préciser que si nous appliquions la formule de calcul, la rémunération du livret A tomberait à 0,23 %. Mais comme nous nous étions engagés, elle ne baissera jamais sous le niveau plancher de 0,5 %. Il en sera de même pour le Livret de développement durable et solidaire (LDDS). Dans six mois, nous verrons s'il faut réviser ce taux.
Vous auriez pu décider de maintenir le taux à 0,75 %. Pourquoi ne pas l'avoir fait ?
Parce que ce serait irresponsable et incohérent. Incohérent par rapport à notre politique de diversification des placements. Et irresponsable pour les milliers de Français qui attendent un logement social. Ce nouveau taux permettra en effet de construire 17 000 logements sociaux supplémentaires et d'en rénover 52 000 chaque année.
Vous auriez pu maintenir le taux du livret A à 0,75 % et faire le choix d'alourdir l'amende des communes qui refusent de construire des logements sociaux ?
Je ne crois pas que la bonne politique soit celle de la contrainte et de la taxation supplémentaire. Ni celle qui prend des décisions de très court terme où l'on veut se draper dans des habits de Robin des Bois alors qu'en réalité on affaiblit l'économie française.
Mais sur les 300 milliards d'euros d'encours du livret A, près de la moitié n'est pas utilisée chaque année…
C'est vrai, toute cette somme n'est pas employée pour le logement social. Une partie des encours du livret A pourrait être utilisée pour financer d'autres projets. Par exemple la rénovation thermique, la transition écologique ou la rénovation des hôpitaux, des écoles et des crèches. Les députés Jacques Savatier (LREM) et Gilles Carrez (LR) feront des propositions sur cette diversification de l'emploi des fonds du livret A.
En baissant le taux du livret A, ne reprenez-vous pas d'une main ce que vous avez donné de l'autre jusqu'ici avec les baisses d'impôt par exemple ?
Restons sérieux ! Si vous avez un livret A avec 4800 €, ce qui correspond à la moyenne, cette baisse à 0,5 % vous fera perdre un euro par mois. De l'autre côté, la baisse de l'impôt sur le revenu c'est 300 € en moyenne de plus par an.
Mais que répondez-vous aux Français qui, avec un taux du livret A inférieur à l'inflation, vont perdre malgré tout du pouvoir d'achat ?
Le livret A reste un placement attractif : il est totalement défiscalisé, liquide et garanti par l'Etat. Mais je veux dire aux ménages : diversifiez votre épargne! Pas simplement selon le niveau de risque, mais en fonction de votre horizon de placement.
Quels sont les conseils du ministre de l'Economie ?
Si vous voulez avoir de l'argent disponible tout de suite, le livret A reste le meilleur placement. Mais si vous avez un horizon de plus long terme, vous pouvez opter pour le nouveau produit Eurocroissance dans l'assurance vie ou le plan épargne en actions (PEA) qui a été simplifié. Aujourd'hui, vous pouvez retirer une partie de l'argent au bout de 5 ans sans clôture du compte. Et si votre horizon est encore plus lointain, notre plan épargne retraite (PER) est extrêmement attractif : tous les versements sont déductibles de l'impôt sur le revenu. Déjà, en moins de 3 mois, 60 000 PER ont été ouverts.
Ne craignez-vous pas que les Français investissent dans des fonds étrangers comme BlackRock plutôt que dans les PME françaises ?
Je vois la polémique qu'il y a eue autour de BlackRock (NDLR : le premier fond américain, soupçonné de tirer avantage de la réforme des retraites). On nous dit BlackRock occupe trop de place. Mais c'est surtout parce qu'il n'y a pas de BlackRock français ou européen. Il faut en construire un!
N'avez-vous pas peur d'inciter les Français à prendre trop de risque avec leur argent ?
Je ne dis pas aux Français, prenez des risques ! Je leur dis, diversifiez vos placements.
Votre discours sur la diversification n'est-il pas inaudible pour le Français modeste qui a besoin de liquidités ?
Vous avez raison. C'est un vrai défi, celui de l'éducation financière. Nous avons lancé avec le Gouverneur de la Banque de France des Rendez-vous de l'épargne à destination du grand public qui se dérouleront sur tout le territoire en 2020.
La rémunération du Livret d'épargne populaire, actuellement à 1,25 %, va-t-elle aussi baisser ?
Le taux du LEP passera à 1 %, soit au même niveau que l'inflation. C'est une conséquence directe de la baisse du taux du livret A. Mais il restera au minimum au même niveau de l'inflation. Le LEP est donc plus rémunérateur que le livret A. Nous voulons le rendre plus attractif car, s'il est disponible sous conditions de ressources, 40 % des ménages peuvent en bénéficier. Or, il n'y a que 7 millions de LEP pour 40 milliards d'encours. Je voudrais inciter les ménages qui y sont éligibles à en ouvrir un.
Comment ?
En simplifiant les conditions d'ouverture. Aujourd'hui, vous devez présenter votre feuille d'impôt à la banque, à l'ouverture puis de nouveau chaque année. C'est décourageant. Nous supprimerons cette obligation : la banque vérifiera automatiquement si le client remplit les conditions de ressources du LEP. Par ailleurs, l'administration fiscale enverra un message électronique au printemps à tous les ménages qui peuvent bénéficier d'un LEP pour mieux le faire connaître.
Depuis plusieurs années, des Français placent leur argent sur des plans d'épargne logement (PEL), souvent très rémunérateurs. Leurs taux vont-ils être rabotés ?
Non. Tous les PEL garderont la même rémunération. Je vois bien que les banques estiment que ces taux, parfois jusqu'à 4 %, 5 % ou 6 %, sont trop élevés. Elles nous demandent de revenir dessus mais ce ne sera pas le cas.
Vous avez invité les entreprises à augmenter les salaires. N'est-ce pas une façon de demander aux patrons de compenser le désengagement de l'Etat ?
Au contraire ! L'Etat a pris toutes les mesures nécessaires depuis 2017 pour mieux rémunérer le travail : suppression des cotisations chômage et maladie, prime d'activité à 100 €, suppression de la taxe à 20 % sur l'intéressement et la participation dans les PME, baisse de l'impôt sur le revenu… Mais il y a une réalité : depuis la crise financière de 2008, la hausse des salaires a bénéficié avant tout au secteur industriel et aux cadres et a été très limitée pour les 10 % de salariés les moins bien rémunérés. Le niveau de vie des salariés les plus modestes reste un défi majeur social et économique, que personne ne peut écarter d'un revers de la main. Ce débat existe en France, il existe aussi en Europe.
On vous annonce à Matignon, en cas de départ d'Édouard Philippe. Y pensez-vous en vous rasant ?
Nous avons un très bon Premier ministre, que je soutiens totalement, en particulier dans cette période où nous avons à mener une réforme difficile des retraites. Par ailleurs, je suis très heureux comme ministre de l'Economie et des Finances et je souhaite m'inscrire dans la continuité à ce poste.
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