La justice allemande a annoncé, mardi 23 juin, avoir arrêté l’ancien président de la société financière Wirecard, impliquée dans un vaste scandale de possibles comptes fictifs aux Philippines. Markus Braun, qui avait récemment été démis de ses fonctions, s’est livré de lui-même aux autorités après le lancement d’un mandat d’arrêt à son encontre pour avoir « gonflé » artificiellement le bilan de l’entreprise de services de paiement en ligne, en vue de le rendre « plus attractif pour les investisseurs et les clients », a indiqué le parquet de Munich dans un communiqué.
Mais où s’arrêtera la chute de la « fintech » allemande ? Jusqu’à quel point la crédibilité du DAX, l’indice boursier de référence du capitalisme allemand, où elle est cotée, sera-t-elle ébranlée par cette affaire ? En trois jours, le scandale Wirecard a pris une ampleur inouïe.
Après la démission du PDG du groupe, Markus Braun, vendredi 19 juin, Wirecard a annoncé, dans la nuit du 21 au 22 juin, ne pas être en mesure de justifier le trou de 1,9 milliard d’euros identifié dans ses comptes, provoquant une nouvelle chute de son cours. Depuis jeudi, le titre de l’entreprise, naguère considéré comme une étoile montante de l’économie outre-Rhin, a perdu 85 % de sa valeur. Le groupe compte notamment comme clients les français Orange et Crédit agricole.
Dans un communiqué de presse publié à 2 h 34 du matin, le groupe d’Aschheim, près de Munich, reconnaît qu’après examen approfondi « les dépôts bancaires comptabilisés sur des comptes en fiducie à hauteur de 1,9 milliard d’euros n’existent vraisemblablement pas ». Conclusion inouïe, la direction a retiré le bilan provisoire de son activité 2019 publié en début d’année, ses résultats du premier trimestre 2020, ainsi que ses prévisions de bénéfices. Elle estime que « des conséquences sur les bilans annuels des exercices précédents ne sont pas à exclure ».
Le groupe, qui reconnaît une fraude massive sur ses comptes, à hauteur de 25 % de son bilan, lutte désormais pour sa survie. L’affaire trouve sa source aux Philippines, où deux banques étaient censées exécuter pour Wirecard une mission d’intermédiaire de paiement dans la région. Le principe est le suivant : lorsqu’une cliente achète par exemple une robe en ligne ou par carte chez un marchand, elle quitte le magasin le vêtement en main, mais le vendeur n’a pas encore l’argent sur son compte.
Le système de Wirecard prend en charge la sécurité du paiement : il verse l’argent au marchand et s’occupe du crédit, qu’il va recouvrer auprès de la cliente. Pour cela, il a besoin de liquidités. Pour ses activités en Asie, Wirecard entretient des réserves de cash sur des « comptes en fiducie ». N’ayant pas de licence bancaire dans la région, il fait appel à des établissements partenaires pour assurer ce service à sa place (en « fiducie »).
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