L’étude commandée par le Ministère de l’Ecologie sur les émissions des véhicules en usage réel montre que le diesel peut avoir certains avantages, tout comme les hybrides rechargeables.
Quels polluants et gaz rejette un véhicule? Et surtout, ces émissions en conditions réelles de conduite se rapprochent-elles des émissions énoncées par les constructeurs suite à l’homologation, dont une partie des tests se passe aussi en conditions réelles de conduite? Une étude de l’Institut Français du Pétrole et Energies Nouvelles (IFPEN) répond à ces interrogations, elle a été dévoilée ce mercredi alors que se tenait un comité stratégique de la filière automobile.
Deux grands enseignements ressortent de cette étude. Tout d’abord, les motorisations diesel se voient réhabilitées sur certains aspects. Cette étude montre surtout que "les véhicules Euro 6d-TEMP (la dernière norme européenne en vigueur, NDLR) essence comme diesel respectent en moyenne les seuils normatifs en usage réel de type RDE [ceux utilisés pour les homologations, ndlr], y compris dans des conditions de conduite très dynamiques ou dans des conditions climatiques froides et chaudes". Soit dans des conditions de conduite qui se rapprochent de celles des conducteurs lambda.
Des véhicules représentant plus de la moitié des ventes en France
Depuis le dieselgate de 2015, la tricherie avérée du Groupe VW mais aussi le débat sur des tests d’homologation jugés trop complaisants pour les constructeurs, vérifier la conformité sur la route et dans le temps des émissions des véhicules avec celles annoncées à l’homologation fait partie des préoccupations de nombreux gouvernements dont la France.
Barbara Pompili s'est félicitée dans un communiqué de ce rapport qui "renforce la transparence sur les émissions réelles de l'offre essence, diesel et hybride récente, dans des situations de conduite variées", précise l’AFP.
Cette étude avait ainsi été commandée par le ministère de la Transition énergétique à cet organisme aux financements publics et privés d’experts techniques, l'IFPEN, le 2 décembre 2019. Elle se base sur 22 véhicules, "les 8 marques sélectionnées (Peugeot, Renault, Ford, Volkswagen, BMW, Mercedes, Citroën, Honda) représentent 62% des ventes en France en 2019, 72% des diesels", peut-on lire dans l’étude.
Comme le détaille alors le protocole très strict des essais, "les véhicules sont prélevés sur parc avec un kilométrage minimal de 20.000 kilomètres dans la mesure du possible". 306 heures de tests ont été réalisés, selon les documents publiés ce mercredi, soit 15.945 kilomètres parcourus.
Plus de CO2 sur les essence, des émissions de Nox disparates selon les technologies sur les diesel
En moyenne, les véhicules essence émettent 11% de CO2 en plus que les diesels, une conséquence logique de l'ADN de ces deux types de carburant. Intrinsèquement, les voitures diesels consomment moins donc émettent moins de CO2.
"Lorsque les gaz à effet de serre non réglementés (protoxyde d’azote N2O et méthane CH4) sont pris en compte, un véhicule essence émet 6% de gaz à effet de serre de plus qu’un véhicule diesel similaire", peut-on lire dans le communiqué du ministère de l'Ecologie.
L’étude montre ensuite que toutes les technologies de dépollution du diesel ne se valent cependantpas.
Ainsi, les véhicules diesel qui disposent d’un système SCR, avec l’ajout d’urée (le fameux ‘AdBlue’) émettent 2,8 fois plus de dioxyde d’azote (les polluants mis en cause dans le dieselgate et dangereux) que les normes en vigueur. Mais les véhicules diesel qui n’en sont pas équipés, ou sont équipés d’une technologie de type piège à Nox (plus ancienne et moins onéreuse) émettent 4,4 fois plus.
Deux véhicules dotés de cette technologie ont ainsi été épinglés par le rapport. Leur marque n’a pas été dévoilée, il ne s’agirait pas d’une marque française souligne une source à l’IFPEN à l’agence Reuters.
L'autorité de surveillance du marché des véhicules a été saisie de ces résultats et une enquête approfondie a été lancée sur les modèles de véhicules munis de cette technologie", ont annoncé les ministères de la Transition écologique et de l'Economie dans un communiqué commun.
Les petits trajets en ville, très nocifs en diesel
L’étude démontre aussi une réalité bien connue des ingénieurs motoristes : les trajets courts et à petite vitesse en ville ne sont pas bons pour les émissions.
Les niveaux d’émissions sont en hausse importante en usage urbain, en particulier les émissions de Nox: +79% en essence et +74% en diesel en considérant les phases RDE urbaines normatives par rapport au roulage de type RDE complet. Ces niveaux d’émissions sont encore davantage élevés en se focalisant sur des conditions plus représentatives de l’usage urbain. Le niveau moyen diesel en usage urbain atteint alors 172 mg/km contre 40 mg/km pour les véhicules essences", peut-on lire dans l’étude.
Sur les émissions de particules, équipées depuis des années de filtres performants alors qu'ils se généralisent seulement sur les essence, les diesels sont avantagés. "Le niveau moyen d’émission de particules de taille supérieure à 23nm des véhicules diesel est 2,8 fois plus faible que celui des versions essence sur le périmètre de l’étude (le niveau étant très variable en essence)", précise le communiqué du ministère de l'Ecologie.
Bien utilisé, un hybride rechargeable ne pollue pas plus
Parmi les véhicules testés par l’IFPEN se trouvent des modèles hybrides rechargeables. Ce type de motorisation avait été pris dans la tourmente sur leur consommation par une association écologiste les accusant de polluer plus que leurs équivalents thermiques. "Le véhicule hybride rechargeable présente sur cette campagne des niveaux d’émissions de CO2 extrêmement sensibles à l’état de charge de la batterie: il est aussi bien capable d’approcher le zéro émission (recharge systématique entre des trajets plus courts que l’autonomie électrique et une conduite peu dynamique) ou ne faire qu’égaler son homologue non rechargeable (sans pour autant être pire)", précise l’étude.
L’IFPEN a étudié par exemple le Kia Niro hybride rechargeable. Le résultat est sans appel. "Par rapport aux émissions moyennes du véhicule de 109 g/km, les gains vont de -80% d’émissions pour l’usage moyen lorsque la batterie est pleine, mais augmente de 3% en fonctionnement moyen quand la batterie est vide", résument les ingénieurs de l’IFPEN.
"Une contribution très utile à la transparence"
L’Institut a aussi étudié les différences d’émissions de CO2 entre des modèles hybrides rechargeables essence et diesel. Si leurs performances sont équivalentes lorsque la batterie est pleine, quand la batterie est vide, le diesel émet sans surprise moins de CO2. L’étude met bien en lumière l’importance de miser sur la technologie la plus adaptée à son usage.
Les représentants de la filière se sont eux félicités de ces résultats plutôt positifs pour le monde automobile. C’est "une contribution très utile à la transparence", explique ainsi à l’AFP Luc Chatel, le président de la Plateforme automobile (PFA). "Les constructeurs et les équipementiers respectent les normes" alors qu'il y a selon lui "énormément de désinformation et d'attaques injustifiées contre l'automobile", poursuit-il.
L’étude tombe à point nommé alors que se tiennent les discussions autour de la future loi issue des propositions de la Convention citoyenne sur le Climat, la mise en place des futures Zones à faibles émissions (ZFE) et un durcissement du malus en 2021.
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