
Selon un récent sondage, un Français sur deux calcule toujours les prix dans l'ancienne monnaie nationale, que ce soit occasionnellement ou plus fréquemment. Vingt ans après la mise en circulation de la monnaie unique.
Au moment de faire ses achats pour les fêtes de fin d'année, Mickaël a fait un petit calcul dans sa tête. "Je regardais un petit cadeau à 30 euros, et puis en fait, je me suis dit: 'mais ça fait quand même 200 francs', alors je ne l'ai pas pris." Pour ce Parisien de 35 ans, si l'on parle de "100 balles", c'est forcément 100 francs. "J'ai toujours dans un coin de ma tête que 7,5 euros, c'est 50 francs ; 15 euros 100 francs ; 150 euros 1000 francs."
Monnaie officielle de onze États de l'Union européenne à sa création en 1999, l'euro n'a fait officiellement son entrée dans le porte-monnaie des Françaises et des Français que le 1er janvier 2002. Mais vingt ans plus tard, Mickaël continue régulièrement de convertir les prix en francs.
"Ça me donne une échelle des valeurs", témoigne-t-il auprès de BFMTV.com. "C'est comme une boussole, un garde-fou, comme si ça me donnait la vraie valeure des choses."
"Pascal" et "Delacroix"
En ce moment, le jeune homme cherche à acheter un appartement. "Pour avoir quelque chose de moyen, on est obligé de sortir 400.000 euros, ça fait 3 millions de francs! Vous vous rendez compte? C'est vertigineux." Pourtant, Mickaël a davantage vécu d'années de vie en euros qu'en francs. Lors du passage à la monnaie européenne, il ne travaillait pas encore, il n'était qu'un lycéen de 15 ans qui s'achetait et revendait des cartes Magic.
Mickaël n'est pas le seul jeune à continuer de penser en francs. Au sein de la population, nombreux sont ceux et celles à se souvenir du "Pascal", du "Delacroix" et du "Debussy" - respectivement les billets de 500, 100 et 20 francs. Selon un récent sondage Yougov pour Moneybox, un Français sur deux calcule toujours les prix dans l'ancienne monnaie nationale, que ce soit occasionnellement ou plus fréquemment.
Si, sans surprise, cela concerne majoritairement les personnes plus âgées - 60% des plus de 45 ans - les plus jeunes ne sont pas en reste. Comme Michaël, une personne de 35 à 44 ans sur deux - âgée donc de 15 et 24 ans à l'époque du passage à l'euro - réalise toujours ces conversions de prix.
Ces chiffres viennent confirmer une étude très officielle de la Commission européenne publiée il y a deux ans: quelque 24% des Français disaient alors faire toujours la conversion pour leurs courses quotidiennes - le plus fort taux de toute la zone euro.
6,55957
Jean-Pierre, un commercial à la retraite, fait lui aussi régulièrement appel à sa table de 6 pour convertir les prix (pour rappel, 1 euro = 6,55957 francs). "Ça m'arrive encore de compter en francs, surtout pour les grosses sommes", confie-t-il à BFMTV.com. Pour cet homme âgé de 74 ans qui réside en Seine-et-Marne, difficile de se figurer ce que représentent plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d'euros.
"Les gains à la loterie, une belle voiture, je convertis en francs et là je comprends que ce sont en effet de sacrées sommes."
Il arrive aussi à Jean-Pierre de faire la conversion pour des achats plus modestes. "Il y a quelques jours, je voulais acheter une lampe. J'ai trouvé un site qui garantissait de bonnes affaires. Il y avait des lampes à 3 ou 4 euros. En multipliant pas 6, je me suis rendu compte qu'en effet, ça ne faisait vraiment pas cher pour une lampe."
"Tout est devenu plus cher"
Le reste du temps, ce septuagénaire se dit convaincu que "globalement, tout est devenu plus cher avec l'euro". La monnaie européenne est en effet souvent accusée d'avoir fait grimper les prix, mais l'Insee assure que le passage à l'euro a au contraire limité l'inflation. Entre 2002 et 2016, les prix à la consommation n'ont augmenté que de 1,4% par an alors qu'entre 1986 et 2001, la hausse a été de 2,1%.
Pour l'Insee, il y a plusieurs explications à ces divergences entre mesures officielles et perception des Français. D'abord, les ménages seraient "plus sensibles à l'évolution des produits achetés fréquemment".
"Le consommateur (...) est par exemple plus particulièrement sensible aux hausses du prix du pain qu'aux baisses des appareils électroménagers", note ainsi l'Institut national de la statistique et des études économiques.
Or, l'effet d'arrondi lors du passage à l'euro a été légèrement à la hausse pour les produits fréquemment achetés et à l'inverse à la baisse pour les gros appareils électroménagers.
"Une boussole un peu dépassée"?
Les ménages auraient donc gardé ancré dans leur mémoire le dernier prix connu en francs. Pour la baguette, "ils auraient tendance à comparer son prix actuel (0,87 euro en moyenne) à son dernier prix de 2001, d'en moyenne un peu plus de 4,30 francs (0,66 euro)", poursuit l'Insee. Si la hausse de 32% sur le prix de la baguette depuis 2002 apparaît forte, elle correspond en réalité à une hausse annuelle de 1,9% par an.
Mickaël en est conscient. "Je sais bien que c'est une boussole un peu dépassée, que faire la conversion ne donne pas la véritable valeur des choses." Mais il ne peut pas s'empêcher de le faire.
"Évidemment que les prix ne sont plus comparables, il y a eu l'inflation, je sais bien que 10.000 euros de l'époque ne valent pas 1500 euros d'aujourd'hui. Mais quand même. Ça permet de remettre les choses à leur place et c'est parfois aussi un joker pour moins et mieux consommer."https://news.google.com/__i/rss/rd/articles/CBMikQFodHRwczovL3d3dy5iZm10di5jb20vZWNvbm9taWUvZWNvbm9taWUtc29jaWFsL2MtZXN0LWNvbW1lLXVuZS1ib3Vzc29sZS1sLWV1cm8tYS0yMC1hbnMtbWFpcy1pbHMtY29tcHRlbnQtdG91am91cnMtZW4tZnJhbmNzX0FOLTIwMjIwMTAxMDAxMi5odG1s0gEA?oc=5
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