Le ronron des machines à coudre Brother est irrégulier. La machine à laver ne tourne pas encore. Celle de délavage n’est pas branchée. Mais déjà une vingtaine de couturières sont à leur poste dans l’usine de confection de jeans de FashionCube inaugurée mardi 5 avril, à Neuville-en-Ferrain (Nord). La structure, qui chapeaute les enseignes d’habillement Jules, Pimkie, Bizzbee, Grain de malice et RougeGorge Lingerie, a porté trois millions d’euros d’investissement dans ce FashionCube Denim Center, avec le soutien des collectivités locales.
Son président, Erwan Punelle, rappelle combien « il a fallu un peu de folie, de courage et de détermination » pour faire sortir de terre cette usine, dans l’un des berceaux du textile en France que des années de délocalisation ont sinistré. Et surtout s’imposer de confectionner ce pantalon, dans une toile de coton et de polyester recyclé, tissé en Turquie, pour atteindre un prix de vente de 40 à 60 euros en magasin.
Les premiers jeans fabriqués à Neuville-en-Ferrain seront livrés fin avril à l’enseigne Jules, qui, avec Celio, se dispute la place de numéro un des vendeurs de mode masculine en France. Baptisé le « Cinq Neuf », il sera vendu au prix de 59,59 euros.
Modèle dit « éthique »
Rencontrera-t-il son public ? Le marché français du jean est dominé par deux acteurs : l’américain Levi’s, première marque de cinq-poches, et Kiabi, premier circuit de vente de jeans, qui, avec des prix plancher de l’ordre de 10 euros, rafle près de 9 % des volumes dans l’Hexagone. Grâce à une production majoritairement en Asie, le « prix moyen d’un jean pour hommes est de 32,20 euros », ajoute Hélène Janicaud, responsable des études chez Kantar sur le marché de l’habillement.
En dépit de l’importance des petits prix, les dirigeants de Jules estiment que le client français est désormais prêt à dépenser plus pour réduire son empreinte environnementale grâce à « une fabrication française et une meilleure qualité ». Pimkie devrait suivre en fin d’année.
Les marques 1083 et Atelier Tuffery ont ouvert la voie pour ce jean fabriqué en France, avec des modèles vendus à plus de 100 euros. D’après Kantar, 16 % des acheteurs ont porté leur choix sur un modèle dit « éthique », c’est-à-dire fabriqué dans un coton bio en 2019. « En l’espace de deux ans, le nombre de consommateurs pour ces modèles a été multiplié par trois », estime Mme Janicaud.
Dès lors, le pari de Jules serait moins risqué qu’il n’y paraît. D’autant que l’enseigne aux 450 magasins écoule déjà des modèles à 49 euros. Les clients « seront prêts à mettre 10 euros de plus pour un jean fabriqué en France », estime Erika Joffrin-Cadix, directrice de l’offre au sein de l’enseigne. « Il faudra du temps. C’est tout un enjeu pédagogique pour faire comprendre l’intérêt d’acheter du made in France », admet Jean-Christophe Garbino, directeur général de FashionCube.
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