Cette fois, c'est la bonne... Herbert Diess a démissionné du poste de président du Directoire du groupe Volkswagen. Il sera remplacé par Oliver Blume, actuel patron de Porsche. Celui-ci prendra ses fonctions à partir du 1er septembre prochain tout en gardant ses responsabilités à la tête de la marque de luxe.
Immense surprise
La démission de Herbert Diess est une immense surprise tant elle n'était ni attendue ni annoncée à moyen terme. Celui qui dirige le mastodonte allemand aux dix marques, numéro un mondial de l'automobile, avait pris les rênes du groupe en 2018. Sa nomination devait clore la crise qui avait suivi l'incroyable scandale des moteurs truqués dont le coût final a dépassé les 25 milliards de dollars en diverses indemnités ou amendes. L'ancien patron de la marque Volkswagen s'est alors attelé à refonder la feuille de route stratégique d'un groupe qui n'est jamais parvenu à se défaire de sa culture pro-moteur à combustion.
Une lettre de démission pour taire une mutinerie
En 2020, il avait dû affronter une mutinerie interne, faite d'un attelage atypique entre les barons de l'ingénierie et des syndicalistes. A l'automne, il pose alors sa démission à la table du conseil d'administration, l'obligeant ainsi à trancher sur son plan de transformation massif qui doit alors renverser la table pour faire de Volkswagen un champion mondial de l'électro-mobilité. Des milliards seraient alors investis dans de nouvelles technologies, mais également dans les infrastructures de recharge, ou dans la maitrise logicielle avec plus de 11.000 ingénieurs informatiques à recruter.
Le conseil de surveillance hésite... Mais finit par lui donner quitus. Herbert Diess prend alors son bâton de pèlerin pour tenter de rallier les salariés à sa cause. La presse va faire état d'échanges houleux avec des représentants du personnel sur les conséquences de son plan de transformation. Mais Herbert Diess est convaincu que malgré sa puissance industrielle et technologique, Volkswagen a accumulé du retard et des faiblesses face à Tesla dont les ventes pourraient égaler celles d'Audi dans moins de deux ans. Sur la connectivité, le logiciel ou l'électrification, le groupe allemand n'est plus en pointe, diagnostique-t-il.
"Je m'inquiète pour Wolfsburg (siège mondial du groupe où se situe également la plus grande usine, ndlr)", a-t-il déclaré devant des salariés. "Je veux que vos enfants et petits-enfants aient encore en 2030 un emploi chez nous à Wolfsburg" avait lancé Herbert Diess pour justifier l'ampleur et l'audace de sa "révolution".
"Dans le nouveau monde automobile, une concurrence jamais vue nous attend", avait-il également exprimé avant de confesser après avoir essayé des voitures chinoises: ""il faut avouer qu'elles sont vraiment pas mal".
Un groupe reconnaissant
Dans le communiqué de presse officialisant le départ d'Herbert Diess, le conseil de surveillance salue le travail du président sortant.
"M. Diess a démontré de manière impressionnante la rapidité et la cohérence avec lesquelles il a été capable de mener à bien des processus de transformation de grande envergure. Il a non seulement guidé l'entreprise à travers des eaux extrêmement turbulentes, mais il a également mis en œuvre une stratégie fondamentalement nouvelle, a déclaré Hans Dieter Pötsch, le Président du Conseil de surveillance."
Les raisons mystérieuses d'un départ
Impossible de connaître les raisons réelles du départ d'Herbert Diess. Sa pugnacité dans une transformation trop brutale ou une divergence profonde du conseil de surveillance au moment où la crise de l'énergie fait vaciller l'équation économique de la voiture électrique?
Ce qui est certain, c'est qu'après la chute en 2015 de Martin Winterkorn suite au Dieselgate, celle de Matthias Müller en 2018, Herbert Diess s'inscrit dans cette tradition des départs en catastrophe des patrons de l'un des plus gros groupes industriels du monde qui compte près de 600.000 salariés.
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