
Les Etats membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs alliés (qui forment ensemble l’OPEP+) ont décidé, mercredi 3 août, de ralentir le rythme des augmentations de production. Les représentants des treize membres de l’organisation et leurs dix partenaires résistent ainsi aux appels du président américain, Joe Biden, à ouvrir davantage les vannes de pétrole pour tenter d’enrayer la flambée des cours.
L’OPEP, menée par l’Arabie saoudite, et ses alliés conduits par Moscou, ont convenu d’une augmentation de production quasi dérisoire pour le mois de septembre : à savoir « 100 000 barils par jour », à comparer aux quelque 432 000 puis 648 000 barils supplémentaires fixés pour les mois précédents, a annoncé l’alliance dans un communiqué à l’issue de leur réunion, qui s’est tenue à Vienne.
Les prix ont aussitôt remonté, « de quoi décevoir le président américain », a réagi auprès de l’Agence France-Presse Tamas Varga, de PVM Oil Associates. Edward Moya, d’Oanda, a ironisé sur « la plus petite hausse de l’histoire de l’OPEP+, qui n’aidera pas à surmonter la crise énergétique actuelle ». « L’administration Biden ne sera pas ravie », a-t-il estimé, pronostiquant « un revers dans les relations américano-saoudiennes ». D’autres, comme Stephen Brennock, de PVM Oil Associates, y ont vu « une mesure symbolique pour apaiser » Joe Biden.
De faibles capacités de réserve
Les vingt-trois membres de l’OPEP+ devaient décider d’une nouvelle stratégie, leur accord actuel arrivant à son terme. Ils ont retrouvé les niveaux de production d’avant la pandémie. Au printemps 2020, le groupe avait choisi de laisser sous terre des millions de barils de pétrole, pour ne pas inonder le marché avec un brut qu’il ne pouvait absorber pour cause d’effondrement de la demande.
Dans l’espoir d’influer sur la décision, Joe Biden s’était rendu pour la première fois en tant que président des Etats-Unis en Arabie saoudite à la mi-juillet, et s’était tenu loin de ses propos sur un Etat « paria » après l’assassinat du journaliste dissident Jamal Khashoggi. Son objectif était de convaincre le royaume de pomper davantage pour freiner l’envolée des prix du carburant.
Par sa décision, l’OPEP+ démontre qu’elle reste soudée et ménage la Russie, aux intérêts diamétralement opposés à ceux de Washington. Dans le communiqué, elle insiste sur « l’importance de maintenir le consensus essentiel à la cohésion de l’alliance ».
La semaine dernière, le président français, Emmanuel Macron, était lui aussi à la manœuvre en recevant le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman. A l’issue d’une rencontre dénoncée par les défenseurs des droits humains, les deux dirigeants ont dit souhaiter « intensifier la coopération » pour « atténuer les effets en Europe, au Moyen-Orient et dans le monde » de la guerre en Ukraine.
Au-delà des enjeux géopolitiques, la récente baisse relative des prix du pétrole, dans un contexte de craintes de récession, a pu pousser l’OPEP+ à jouer la prudence. Depuis leurs sommets de mars dernier à des niveaux inédits depuis la crise financière de 2008, les deux références du brut, le Brent et le WTI, ont perdu plus de 26 %. Le cartel profite par ailleurs de la donne actuelle. L’Arabie saoudite a enregistré une forte croissance au deuxième trimestre 2022, dopée par l’or noir.
A l’exception de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, les différents membres ont en outre de faibles capacités de réserve. L’OPEP+ peine en effet à respecter les quotas affichés, du fait de crises politiques à rallonge ou encore du manque d’investissements et d’entretien des infrastructures pendant la pandémie. La production russe, sous le joug des sanctions occidentales en lien avec l’invasion de l’Ukraine, est également diminuée.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "L'OPEP+ ralentit le rythme des augmentations de production - Le Monde"
Post a Comment