Publié le 15 sept. 2022 à 11:00Mis à jour le 15 sept. 2022 à 18:31
Le chiffre est abyssal. Ce jeudi, EDF a annoncé que la facture de la mise à l'arrêt forcé de ses réacteurs, en 2022, atteindrait 29 milliards d'euros. Dans sa dernière estimation datant du mois de juillet, le groupe EDF évoquait une chute de son excédent brut d'exploitation (Ebitda) de 24 milliards d'euros. Mais depuis, les prix de l'électricité ont continué de s'envoler et de nouveaux retards dans les mises en services de réacteurs ont été annoncés.
Un tel manque à gagner est parfaitement inédit dans l'histoire d'EDF. Pour se rendre compte des échelles, en 2019, avant que le Covid-19 ne perturbe le calendrier de maintenance des réacteurs, EDF réalisait un Ebitda de près de 17 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires de 71 milliards d'euros.
Mécanique infernale
Pour EDF la mécanique est infernale. Confronté depuis fin 2021 à un problème de corrosion sous contrainte, un défaut générique inédit qui frappe ses réacteurs les plus récents en France, le groupe a dû mettre à l'arrêt de façon préventive au moins douze de ses réacteurs. Or, l'énergéticien vend à l'avance l'électricité qu'il estime capable de produire dans l'année à venir. En 2022, alors que les prix de l'électricité n'ont cessé de s'envoler suivant les fluctuations énormes du marché du gaz manipulé par le Kremlin, le groupe a donc dû racheter de l'électricité à prix d'or sur les marchés de gros pour servir ses clients.
Fait aggravant : au coeur de l'été, EDF a dû annoncer un report de mise en service de quatre réacteurs touchés par ce phénomène de corrosion sous contrainte. Le groupe a évoqué plusieurs difficultés notamment des travaux plus longs que prévu. La conséquence : EDF devra racheter plus d'électricité qu'anticipé sur les marchés de gros en 2022. Or, en août, alors que Gazprom serrait à nouveau le robinet de ses livraisons en Europe, les prix de l'électricité ont atteint un pic inédit, dépassant largement les 1.000 euros le MWh en Europe.
Prix cassé
Pour arriver à ce chiffre de 29 milliards il faut aussi ajouter l'impact d'une décision prise par les pouvoirs publics en début d'année, au grand dam d'EDF. Pour amortir le choc de la hausse des prix de l'électricité en France, le groupe s'est vu demandé d'augmenter de 20 TWh les quotas d'électricité nucléaire vendus à prix cassé en France dans le cadre du mécanisme Arenh.
Une bonne nouvelle s'est toutefois glissée dans la communication d'EDF publiée ce jour. Le groupe a confirmé sa prévision de production d'électricité nucléaire pour 2022. Si celle-ci est historiquement faible, elle est toutefois indispensable pour espérer passer l'hiver sans encombres. Par ailleurs, cette confirmation est essentielle pour faire redescendre la fièvre qui s'est emparée des marchés de l'électricité car plusieurs acteurs de marché, y compris le gestionnaire de réseau de transport RTE ne croient pas qu'EDF est en capacité de tenir ses promesses.
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