« Face à ce qui est une vague d’inflation et après celle qu’il y a eu déjà, on va vers un tsunami », a assuré cette semaine Michel-édouard Leclerc. Un tsunami qui déferlerait en 2023 sur la France, où l’inflation est moins forte que chez nos voisins mais qui est durement ressenti par les Français. En octobre, les prix alimentaires ont augmenté de 11,8 %.
Michel-Edouard Leclerc est connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche. Invité mardi matin sur BFMTV, le patron des centres E.Leclerc a tiré le signal d’alarme sur le « tsunami d’inflation » qui, selon lui, va déferler sur la France dans les semaines à venir. « L’inflation n’est pas que passagère. Celle qui se prépare avec les nouvelles négociations autour de Noël est à deux chiffres », a-t-il indiqué en évoquant les pourparlers sur les prix à venir entre la grande distribution et les industriels de l’agroalimentaire.
« Aujourd’hui, il y a un nouveau cycle de négociations que la loi (Egalim, ndlr) organise. On a des demandes tarifaires venant de tous les groupes de distribution. Mes collaborateurs me rapportent qu’il n’y a aucune demande de hausse inférieure à deux chiffres », assure Michel-Edouard Leclerc qui cite plusieurs exemples de produits sur lesquels les marques réclament des augmentations de prix. « Les conserves de légumes 17,74 %, les huiles et assaisonnements 15,08 %, les conserves un peu plus de 20 %, le café plus de 10 %, le petfood (la nourriture pour animaux, ndlr) 41 %, les féculents 10,83 %, la volaille 13 % et le papier [qui] continue d’augmenter de 11 % », a indiqué Michel-Edouard Leclerc en appelant les acheteurs à « se mettre en mode combat ».
Bras de fer entre industriels et grande distribution
« Les industriels font leur travail, mais je veux qu’on relégitime notre droit de les mettre en concurrence. Ça ne concerne pas seulement la grande distribution, mais aussi les cantines, les centrales d’achat pour l’administration », explique Michel-Edouard Leclerc, qui estime que la grande distribution est bridée par la loi Egalim.
C’est que depuis le début de la guerre en Ukraine, les négociations entre les industriels et la grande distribution se sont tendues. Les industriels accusent les hypermarchés de refuser de payer plus pour des produits alimentaires qui coûtent pourtant plus cher à produire ou d’augmenter les prix affichés dans les rayons alors qu’ils ont refusé de payer plus pour ces produits. Les distributeurs de leur côté estiment certaines hausses de prix injustifiées. En septembre, le président du groupement Les Mousquetaires Intermarché, Didier Duhaupand, avait accusé Danone de profiter de l’inflation pour améliorer ses marges avec des hausses de prix « pas raisonnables » (environ 12 % sur ses bouteilles d’eau).
Ce bras de fer se déroule dans un contexte de guerre commerciale entre les différentes enseignes, chacune ayant mis en place des programmes anti-inflation pour leurs clients, entre prix bloqués sur un certain nombre de leurs produits distributeur, cash-back sur la carte de fidélité ou bons d’achats.
Enfin au-delà de la hausse des prix, la grande distribution craint d’être confrontée à des pénuries de certains produits, comme l’a indiqué au JDD fin octobre le PDG de Système U. Alors que la guerre en Ukraine avait perturbé les chaînes d’approvisionnement - faisant passer le taux de rupture de produits de 2 % à plus de 10 % - Dominique Schelcher disait craindre dans Ouest-France que « d’ici quelques semaines à quelques mois, les produits habituels risquent de faire défaut dans les rayons ». Et d’expliquer que « selon la Coopération agricole, qui représente un tiers des marques, beaucoup de producteurs seront bientôt contraints d’effectuer des choix de gammes, à cause de coûts trop élevés : des agriculteurs décideront par exemple d’abandonner la volaille au profit des céréales ».
Les produits les plus onéreux, comme la charcuterie et le fromage, et ceux qui se vendent le moins seraient ainsi délaissés par les fabricants confrontés à l’explosion de leurs coûts de production, notamment sur le poste de l’énergie…
Une hausse des prix de 16,9 % des produits frais
Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée par l’Insee, publiée le 28 octobre, les prix à la consommation augmentent de 6,2 % en octobre 2022, après +5,6 % le mois précédent. Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de +7,1 %, après +6,2 % en septembre.
Concernant l’alimentaire, on est passé d’une hausse des prix de +9,9 % en septembre à +11,8 % en octobre. Dans le détail les produits frais ont bondi, grimpant de +11,3 % en septembre à +16,9 % en octobre; les autres produits alimentaires sont passés de +9,6 % à +11 %.
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