Article mis à jour mercredi 18 janvier 2023 à 19h
L'essentiel du risque de coupure d'électricité est derrière nous, mais gare au potentiel impact du mouvement social lié à la réforme des retraites sur les capacités de production. Voilà en somme ce que l'on peut retenir de la nouvelle actualisation des perspectives pour le système électrique, présentée ce mercredi par le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE.
« Sur l'ensemble de l'hiver, on a passé une grande partie des risques », a assuré Thomas Veyrenc, le directeur exécutif de RTE. Le gestionnaire maintient ainsi un niveau de risque moyen (3/5) de recourir à des coupures d'électricité programmées, que l'on appelle délestages, pour le mois de janvier et la fin de l'hiver. Ce niveau était passé de élevé à moyen le 20 décembre dernier, en raison d'une baisse structurelle de la consommation d'électricité, de l'accroissement de la disponibilité du parc nucléaire et du bon fonctionnement des interconnexions électriques avec nos voisins européens.
Risque moyen maintenu
Un mois plus tard, les trois mêmes facteurs expliquent le maintien du risque à un niveau moyen, alors que le parc nucléaire est désormais disponible aux trois quarts (proche de 45 gigawatts) et qu'une baisse structurelle de la consommation électrique se confirme (-8,5% au cours des quatre dernières semaines par rapport à la moyenne 2014-2019).
« Un risque moyen, ce n'est pas non plus un risque zéro », prévient toutefois Thomas Veyrenc, qui émet un point de vigilance sur la trajectoire escomptée de la disponibilité du parc nucléaire, qui pourrait éventuellement être affectée par les grèves prévues contre la réforme des retraites.
RTE table sur une disponibilité du parc nucléaire comprise entre 40 et 45 GW à la fin du mois de février, soit une légère baisse par rapport à la disponibilité attendue fin janvier qui devrait être de 47 GW. Cette baisse est liée au lancement de la campagne de maintenance 2023 conduisant à l'arrêt de neuf réacteurs nucléaires. En parallèle, six réacteurs, dont les travaux pour corrosion sous contrainte sont achevés, doivent être remis en service d'ici la fin du mois de février : il s'agit des quatre réacteurs de la tranche N4, c'est-à-dire les réacteurs les plus puissants du parc, et de deux réacteurs d'une puissance de 1300 mégawatts.
Mouvement social : pas un impact immédiat, mais différé
Les mouvements sociaux n'ont souvent pas d'impact immédiat pour la sécurité d'approvisionnement en électricité, mais un impact différé en raison de leurs conséquences sur les opérations de maintenance. En effet, dans les centrales nucléaires, les agents de conduite grévistes ont la possibilité de baisser le niveau de production. Toutefois, si cette baisse de charge observée de manière instantanée peut mettre en risque la continuité d'alimentation sur le territoire, RTE a la possibilité d'adresser un ordre d'arrêt de baisse de charge aux salariés grévistes, en vertu de dispositions réglementaires. De quoi garantir l'équilibre entre la production et la consommation électrique.
En revanche, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité n'a aucune marge de manœuvre sur le retard que pourrait engendrer la grève sur la réalisation des travaux de maintenance.
« On ne sait pas quel sera l'éventuel impact des mouvements sociaux sur la capacité de production », a reconnu le directeur exécutif. « Ce que l'on peut dire, c'est que la trajectoire sur le nucléaire est conditionnée à deux éléments : que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN, ndlr) donne bien l'autorisation de redémarrer les réacteurs qui ont fait l'objet de réparations (pour des problèmes de corrosion sous contrainte, ndlr) et que ce programme de maintenance se produise. (...) Des mouvements sociaux peuvent avoir un effet sur la date de redémarrage des réacteurs. Or, nous sommes dans une situation qui ne nous permet pas de prendre du retard dans le programme de maintenance », a-t-il pointé. « On a besoin que la trajectoire sur la production nucléaire soit maintenue », a-t-il encore insisté.
Une forte mobilisation attendue dans l'énergie
La journée de grève du 19 janvier contre la réforme des retraites pourrait être particulièrement suivie et reconduite dans le secteur de l'énergie et notamment chez EDF, qui compte de nombreux salariés ayant le statut IEG (industries électriques et gazières). Or ces salariés sont farouchement opposés à la suppression annoncée de leur régime spécial, permettant à certains d'entre eux de partir à la retraite avec cinq années d'avance en raison de la pénibilité de leur travail. Dans le cadre de cette journée de mobilisation, la fédération CGT des mines et de l'énergie (FNME-CGT), première organisation syndicale de l'électricité et du gaz, envisage notamment de procéder à des coupures d'électricité ciblées contre les élus qui soutiendraient la réforme des retraites. La CGT réfléchit également à retarder les travaux sur des stockages de gaz, ou d'empêcher le déchargement des méthaniers.
Mercredi, les agents d'EDF ont procédé, dans les barrages, à de premières baisses de production d'électricité en lien avec le mouvement contre la réforme des retraites, occasionnant la perte sur le réseau de l'équivalent d'un réacteur nucléaire, sans provoquer de coupures de courant. EDF a confirmé cette baisse de production dans un message d'information sur son site : « Perte de puissance disponible en cours sur le parc hydraulique EDF : 1.210 MW. Cette indisponibilité est liée au mouvement social en cours. »
Les barrages du Cheylas (Isère), de Pied-de-Borne (Lozère) ou des Salelles (Ardèche) étaient notamment concernés par ces baisses de production, selon Fabrice Coudour.
RTE n'a pas demandé aux opérateurs d'arrêter les baisses de production, comme il a pu le faire par le passé. « Là, on ne le fait pas, parce qu'on peut compenser avec nos moyens de production, donc il n'y a pas d'impact sur la sécurité d'approvisionnement en électricité », a expliqué RTE.
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