L’économie chinoise est-elle au bord du gouffre ? En deux semaines, les mauvaises nouvelles se sont accumulées pour la deuxième économie mondiale : chute des exportations de 14,5 % en juillet, défaut de paiement et mise en faillite des principaux promoteurs immobiliers, entrée du pays en territoire déflationniste…
Signe que la situation est sérieuse, les autorités chinoises font tout pour cacher les difficultés : les économistes sont priés de ne parler que des bonnes nouvelles, et le Bureau national des statistiques a arrêté de publier les chiffres du chômage des jeunes, qui venait de battre un record au mois de juin, en atteignant 21,3 %. Sur le terrain en Chine, difficile de trouver des patrons optimistes quant à l’état de leur secteur. Peu confiants dans l’avenir, les ménages épargnent plus qu’ils ne dépensent.
Si l’humeur est sombre, les experts s’accordent à dire que l’éclatement d’une bulle spéculative façon Lehman Brothers en 2008 est peu probable. Le risque est plutôt que la crise actuelle ne s’éternise, ouvrant une longue période de stagnation comme celle qu’a connue le Japon après 1991.
« Nouvelle normalité »
Car le ralentissement conjoncturel s’ajoute à une tendance structurelle : la fin d’une ère de croissance forte, et l’entrée dans une « nouvelle normalité » : celle d’une Chine moins dynamique, dont la population baisse, mais dont le développement reposerait sur une croissance « de haute qualité », selon le jargon officiel, c’est-à-dire basée sur la consommation et les hautes technologies, et moins sur les investissements et les exportations.
Mais négocier cet atterrissage, après une trentaine d’années de développement effréné, est particulièrement délicat. C’est même le plus grand défi économique du règne de Xi Jinping. Car le ralentissement actuel révèle les déséquilibres accumulés pendant la période précédente.
Le principal sujet d’inquiétude est le risque de contagion de l’immobilier à la finance. Après le défaut de Country Garden, une autre information a créé la panique chez les investisseurs : une filiale du fonds d’investissement Zhongzhi avait elle aussi fait défaut sur des obligations, révélaient ses créditeurs le 11 août. L’entreprise est l’un des principaux acteurs de la « finance de l’ombre » en Chine, moins contrôlée que les banques ouvertes au grand public, mais qui joue un rôle important pour financer le privé.
L’exposition de ces institutions au secteur immobilier fait craindre qu’elles ne soient les prochaines à plonger, alors que plus de quatre-vingts promoteurs ont fait défaut depuis deux ans. En 2022, les difficultés de banques locales du Henan (Centre), elles-mêmes proches de promoteurs immobiliers, avaient poussé des milliers d’épargnants à manifester pour récupérer leurs économies.
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