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L'enseigne Habitat placée en liquidation judiciaire, plus de 380 emplois supprimés - Libération

Info Libé

Moins d’un mois après l’annonce de son placement en redressement judiciaire, l’enseigne d’ameublement est placée en liquidation. Une casse sociale qui s’inscrit dans un climat morose pour le secteur de l’ameublement.

Il n’y aura pas eu de miracle de Noël pour les salariés d’Habitat. Ce jeudi 28 décembre, le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a prononcé la liquidation judiciaire de l’enseigne d’ameublement et de ses 25 points de vente en France, selon une décision consultée par Libération. Cet arbitrage fatal intervient vingt et un jours seulement après le placement de l’entreprise en redressement judiciaire et huit jours après une ultime audience où toutes les parties prenantes du dossier ont été entendues.

Humainement, cette liquidation judiciaire signifie qu’un peu plus de 380 employés vont perdre leur travail. Selon le jugement d’ouverture de redressement judiciaire, rendu début décembre, Habitat France (65 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022) comptait 315 salariés tandis que sa société mère, Habitat Design International (51,8 millions d’euros de CA en 2022), en employait 68.

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Pour justifier sa décision, le tribunal fait valoir que le rapport de l’administrateur judiciaire – l’observateur mandaté par la justice pour surveiller l’entreprise – n’a fait état d’«aucune possibilité d’élaboration d’un plan de redressement». Selon lui, la situation d’Habitat était «irrémédiablement compromise» notamment «en raison de l’absence de trésorerie et de l’impossibilité d’utiliser la marque». «La société ne réalise plus de chiffre d’affaires, les magasins sont fermés», précise le jugement.

Pour l’avocat représentant des salariés et du CSE, Arthur-Léo Gandolfo, cette décision ne faisait que peu de doute. Et si elle afflige beaucoup de salariés, «souvent très attachés à l’entreprise», la liquidation a, selon lui, le mérite de clarifier une situation «qui devenait un calvaire pour beaucoup de personnes». Depuis plusieurs mois, les représentants des salariés, avec à leur tête Ratiba Hamache de la CGT, n’ont cessé de pointer la responsabilité de Thierry Le Guénic, l’entrepreneur qui avait racheté le groupe en 2020.

Ils accusent l’homme d’affaires d’avoir sabordé l’enseigne en ayant fait disparaître sa trésorerie dans des holdings et d’avoir fait la sourde oreille depuis un an à toutes les alertes sur la mauvaise santé économique de la boîte. Ces faits pourraient prochainement donner lieu à des poursuites judiciaires. Car selon une source présente à l’audience du 20 décembre, la représentante du parquet a eu l’air particulièrement motivée à l’idée de diligenter une enquête sur d’éventuelles fautes ou délits commis par les dirigeants de l’entreprise.

Dans une lettre adressée à l’AFP mercredi soir, Thierry Le Guénic élude ces accusations mais admet ne pas avoir «réussi à relever ce challenge, tout comme les précédents actionnaires» malgré un investissement de plus de 12 millions d’euros. Il argue d’«un contexte économique très défavorable» et blâme «des résistances internes manifestes» pour expliquer l’échec de son projet.

Fondé en 1964 par le Britannique Terence Conran, Habitat avait pour ambition de proposer à des prix abordables des meubles et objets de décoration modernes et design. L’entreprise avait connu une période faste pendant les années 70-80 avec un positionnement au milieu de gamme. Mais elle peinait ces dernières années à trouver sa place dans un marché largement cannibalisé par deux géants : l’alliance Conforama-But et le suédois low-cost Ikea. Selon l’économiste Philippe Moati, professeur d’économie à l’université Paris Cité, le cas d’Habitat est «emblématique d’un marché qui a du mal à nourrir un milieu de gamme, entre un bas de gamme abondant et un haut de gamme qui s’en sort».

Cette liquidation s’inscrit dans un climat morose pour le secteur. D’après une note de l’Institut de prospective et d’études de l’ameublement, le marché (14,85 milliards d’euros en 2022) connaît une année 2023 difficile avec une contraction de l’activité de 7 % au mois d’octobre, par rapport à l’année précédente. En cause, une baisse de la fréquentation des magasins et l’inflation, qui oblige la plupart des marchands à augmenter leurs prix. Car les coûts de production se sont envolés, notamment à cause de la guerre en Ukraine, pays qui fournit une grosse partie du bois et de l’acier nécessaire à l’industrie du meuble.

Pour Habitat, reste la question brûlante des commandes non-honorées. Comme le rapportait une employée d’Habitat à Libération la semaine dernière, les salariés de la chaîne ont vendu «toute l’année, sans avoir de stock». Résultat, «l’encours des clients non livrés qui ont payé un acompte est de 9 millions d’euros», selon le tribunal de commerce de Bobigny. Cette coquette somme, qui représente l’ensemble des commandes en souffrance de milliers de personnes, pourrait bien ne jamais être remboursée : lors de la liquidation judiciaire d’une entreprise, les clients ne sont que les derniers payés, après l’Etat et les salariés.

Mise à jour à 19 heures : avec plus d’éléments et de contexte.

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