
En temps normal, les prévisions économiques relèvent déjà de l’exercice délicat. Mais, au lendemain d’un résultat électoral sans précédent, avec une Assemblée nationale où aucune majorité ne se dessine, le travail devient particulièrement périlleux. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui publie, ce mardi 9 juillet, sa note de conjoncture trimestrielle, le reconnaît sans ambages. Dorian Roucher, le chef du département de la conjoncture, évoque un « aléa majeur ». « Cette note a été préparée dans un contexte particulier », souligne-t-il.
Ces prévisions devaient initialement être publiées à la mi-juin. Elles ont été repoussées pour éviter les interférences politiques pendant la campagne électorale des législatives. Mais elles n’en restent pas moins préparées avec des données recueillies non seulement avant le résultat du second tour, mais, pour l’essentiel, avant même l’annonce de la dissolution du 9 juin.
Par le passé, la consommation des ménages a eu tendance à rebondir après des élections. Mais cette fois-ci ? Les incertitudes vont-elles inciter les Français à plus de prudence ? Quant aux entreprises, elles pourraient être tentées de repousser leurs investissements, alors que la fiscalité pourrait changer à court terme. Bruno Le Maire le reconnaît clairement : « la dissolution a créé de l’incertitude. L’incertitude n’est jamais bonne pour l’économie. Beaucoup d’entreprises hésitent et attendent de savoir quels seront les résultats politiques [qui vont découler de l’élection]. » Le ministre de l’économie, dont l’avenir personnel est en sursis, en profite pour lancer un avertissement : « La politique de l’offre que nous menons depuis sept ans donne des résultats. Revenir à la politique de demande, 1981 puissance 10, serait une erreur irrémédiable. »
Par ailleurs, les légères tensions de ces dernières semaines sur les taux d’intérêt français ajoutent aux difficultés. « Depuis le 9 juin, la volatilité s’est accrue sur les marchés financiers, suggérant qu’un effet d’incertitude est peut-être à l’œuvre, susceptible de générer une forme d’attentisme », écrit l’Insee.
Léger rebond
Sur cette base de prévisions très fragile, l’Insee prévoit un léger rebond de la croissance en France, après la quasi-stagnation du deuxième semestre 2023. L’explication vient avant tout du ralentissement de l’inflation, actuellement à 2,1 %, qui devrait enfin redonner un peu d’oxygène aux ménages.
Au total, la croissance devrait être de 1,1 % cette année. C’est exactement au même niveau que l’an dernier, mais le chiffre de 2023 était en trompe-l’œil : la réouverture complète des centrales nucléaires avait contribué, à elle seule, à 0,5 point de croissance. « Cette apparente stabilité [de la croissance entre 2023 et 2024] masque en réalité un mouvement d’accélération », note l’Insee.
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