
POLITIQUE - Le français Alstom et l'allemand Siemens vont fusionner "entre égaux" leurs activités ferroviaires, une alliance économique pour contrer le géant chinois CRRC mais aussi politique. Ce mariage, qui va donner naissance à "Siemens Alstom", numéro deux mondial - en volume - pour le matériel ferroviaire roulant et au numéro un pour la signalisation, alerte les syndicats d'Alstom, très préoccupés de voir l'Etat français se désengager de l'industriel français.
Actuellement actionnaire minoritaire d'Alstom via des actions prêtées par Bouygues, le gouvernement a indiqué dans un communiqué qu'il mettait "fin au prêt de titres (...) et n'exercera pas les options d'achat". En clair: l'Etat français ne siégera pas au conseil d'administration du nouveau champion européen et ne pourra donc pas peser sur les décisions stratégiques impliquant les sites français.
Un désengagement que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a assumé et justifié ce mercredi. "L'Etat n'a pas vocation à être assis sur un strapontin dans les conseils d'administration s'il ne peut pas agir et seulement regarder ce qu'il se passe. Le rôle de l'Etat est d'être acteur", a-t-il plaidé devant des journalistes en filant la métaphore ferroviaire.
Le ministre défend toutefois un mariage à "50-50" avec des "garanties fortes". "Nous avons obtenu des garanties solides sur la préservation de l'emploi, sur le siège et l'intégralité des sites d'Alstom en France", promet-il en saluant la naissance du "deuxième constructeur ferroviaire mondial" et une bonne nouvelle tant pour les salariés que pour l'industrie européenne.
Le TGV devient donc franco-allemand pour faire face à la concurrence chinoise et américaine. "Nous regardons le monde de demain. Face aux 24 milliards de chiffre d'affaires du géan chinois, nous devons être unis. Nos pensons que l'union industrielle fera la force de la France et de l'Europe. Si certains n'avaient pas eu le courage d'unir nos forces par le passé, il n'y aurait pas Airbus pour faire face à Boeing", affirme Bruno Le Maire.
"Les garanties, c'est vite changé"
Pas de quoi éteindre les doutes des syndicats qui craignent des sacrifices à moyen-terme. "Les garanties, c'est vite changé", a réagi auprès de l'AFP Daniel Dreger, de la CGT (deuxième syndicat chez Alstom). Ce rapprochement est à la fois "une nécessité" pour lutter contre la concurrence chinoise mais il "inquiète" car "il y aura de la casse sociale à moyen terme", estime la CFE-CGC d'Alstom, premier syndicat du groupe.
Des arguments relayés par plusieurs responsables politiques. "C'est l'Allemagne qui rachète la France et Monsieur Macron nous brade", a réagi Laurent Wauquiez, vice-président de LR. "Pourquoi ne fait-on pas un champion européen français? Il faut que l'Etat soit là! Là, il se lave les mains", s'est étranglé le patron de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand sur LCI.
Dans les faits, le TGV deviendra franco-allemand dans un premier temps mais l'accord prévoit que Siemens pourra monter au-delà de 50,5% du capital au bout de quatre ans. Selon une source gouvernementale, tous les accords Etat-entreprise demeurent, notamment sur Belfort. Le canadien Bombardier pourrait s'inviter dans un deuxième temps en apportant au nouveau groupe ses activités ferroviaires, selon le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Un scénario que n'exclut pas le ministre de l'Economie: "Dans un jeu de puissances à trois, il est bon d'être l'un des deux. Si nous pouvons encore l'accord pour être encore plus conquérant, tant mieux".
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