
La fermeture des 17 réacteurs envisagée par Nicolas Hulot pour atteindre les 50% de mix nucléaire à horizon 2025 a le don d'agacer le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy. Surtout quand des journalistes se montrent un peu insistants sur la question. Interrogé de manière informelle en début d'après-midi, suite à un séminaire presse, sur la façon dont il s'y prendrait pour atteindre l'objectif du ministre de la Transition écologique et solidaire, Jean-Bernard Lévy a utilisé l'ironie mordante. "Dépêchez-vous de l'écrire, car les centrales nucléaires, on va les fermer toutes au 1er janvier."
Pourquoi cette réponse en forme de boutade? Parce que sur cette question épineuse, le PDG d’EDF pas plus que le ministre Hulot n’est le maitre des horloges. Voilà la réponse, sérieuse cette fois, qu’avait faite deux heures plus tôt Jean-Bernard Lévy. Comment EDF va-t-il s’y prendre pour fermer 17 réacteurs? "Je vous renvoie à la loi de transition énergétique qui prévoit une programmation pluri-annuelle (PPE) de l’énergie. (…) Le nouveau gouvernement doit préparer une PPE de deux périodes (1er janvier 2019 à fin 2023 et du 1er janvier 2024 à fin 2028). Cette PPE doit faire l’objet d’un travail de préparation de la part du nouveau gouvernement et EDF aura l’occasion de faire valoir la reconnaissance des missions d’intérêt générales qui sont les siennes sur l’équilibre production-consommation (…). Nous sommes un grand opérateur et l’Etat, j’en suis persuadé, aura à cœur de concilier les intérêts du système électrique, de la régulation, de la transition énergétique, et ses intérêts d’actionnaire d’EDF. Tout ceci est un débat qui est devant nous et qui va occuper les diverses administrations concernées pendant quelques semaines et même quelques mois."
Fermez le ban. Pour Jean-Bernard Lévy, la question de la fermeture des 17 réacteurs est de toute évidence prématurée. L’ancien patron de Vivendi et de Thales préfère évoquer d’autres sujets. Celui par exemple de la prolongation du parc nucléaire français. « Depuis le 30 juin 2016, les comptes d’EDF reflètent l’amortissement de 32 réacteurs à 900 megawatts sur une durée de 50 ans et non plus 40 ans », a-t-il souligné. Il a également évoqué son espoir de vendre des EPR en Inde, en Afrique du Sud et en Arabie Saoudite.
Le prix des renouvelables en chute libre
Rien de nouveau sous le soleil nucléaire d’EDF? Si. Sans le dire ouvertement, l’électricien est en train de changer de doxa. Ces dernières années, la priorité d’EDF restait le nucléaire. Et cela malgré les déboires (retards et surcoûts des EPR) que connaît la filière. En novembre dernier, Xavier Ursat, directeur du nouveau nucléaire, assurait que l’EPR NM (nouveau modèle), sur lequel les ingénieurs d’EDF travaillent actuellement, assurait que cette centrale coûterait "moins cher en euros par kilowattheure que la moins chère des énergies renouvelables installée au même endroit à cette époque-là."
Ce matin, au séminaire d’EDF, Xavier Ursat n’a pas renouvelé ce propos. Le prix des renouvelables est en chute libre. A un niveau que personne n’avait anticipé. Le dernier appel d’offre pour une ferme photovoltaïque à Abu Dhabi s’est élevé à 24,2 dollars par megawattheure. Un prix que le nouveau nucléaire n’atteindra sans doute jamais. Une mauvaise nouvelle pour EDF? Au contraire. Les prix bas de l’éolien et du solaire sont une incitation à se tourner encore plus vite vers la transition énergétique. L’électricien qui se revendique comme le "leader européen" des renouvelables affiche des objectifs ambitieux: parvenir à 50 gigawatts de capacités en 2030, contre 28 GW aujourd’hui.
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