
Sur les dix premiers mois de l'année, la fréquentation dopée par l'ouverture des deux nouvelles lignes vers Rennes et Bordeaux est en hausse de plus de 10%. Le résultat de l'élargissement de l'offre low-cost et de la nouvelle politique de prix réduits mise en place en dehors des heures de pointe.
On le disait en perte de vitesse. Confronté à l’équation impossible d’une baisse de la fréquentation couplée à une hausse du tarif des péages pour faire circuler les trains sur le réseau (40% en moyenne du prix du billet), le modèle du TGV semblait foncer tout droit dans l’impasse économique.
A défaut d’être tiré d’affaire et d’avoir réglé ce problème des péages dont le montant annuel s’élève à 2 milliards d’euros, le fleuron de la SNCF retrouve des couleurs sur le plan commercial. Après une année 2016 marquée par la baisse du tourisme dans l’Hexagone après les attentats et une chute des réservations aggravée sur les lignes internationales du réseau, sa fréquentation a nettement rebondi sur les dix premiers mois de 2017.
Huit millions de passagers supplémentaires ont voyagé sur ses rames par rapport à la même période l’an dernier, soit une hausse de plus de 10% qui contraste avec la stagnation, voire le recul régulier, enregistrée depuis 2010. Le résultat d’une stratégie mise en place depuis 2015, illustrée avec la montée de l’offre low-cost Ouigo qui dessert aujourd’hui 22 destinations et devrait atteindre 7 millions de voyageurs en 2017.
Selon la SNCF, ces billets à bas coût ont permis de regagner du terrain face à la concurrence de la route qui avait repris de la vigueur ces dernières années avec le développement du covoiturage et l’offre supplémentaire des «cars Macron». D’après les résultats des enquêtes auprès des usagers, la moitié des adeptes de Ouigo affirment qu’ils n’auraient pas voyagé sur le réseau TGV sans l’existence de cette offre.
Des rames plus remplies
De surcroît, le remplissage des rames progresse également dans le cas des offres classiques et les TGV complets sont passés de 10% à 20% en un an. Mais alors que les tarifs n’avaient cessé d’augmenter chaque année jusqu’en 2015, ils n’ont pas été revalorisés depuis deux ans (ils ont même baissé en 2016), à l’exception notable des nouvelles lignes à grande vitesse vers Rennes et Bordeaux. La hausse du prix y est respectivement en moyenne de 10 et 6 euros depuis le début 2017.
Avec la multiplication des «petits prix» hors période de pointe afin de mieux remplir les rames, la politique est désormais aux offres bon marché pour faire rentrer plus de recettes plutôt qu’aux hausses supérieures à l’inflation au risque de perdre des clients comme on l’a vu ces dernières années. Une politique qui s’est par exemple traduite par la mise en place d’une offre illimitée «TGV Max» à 79 euros par mois réservée aux jeunes de 16 à 27 ans. Fonctionnant hors des heures de pointe, cette formule a été souscrite par 95 000 abonnés représentant 4 millions de trajets depuis le début de l’année.
De quoi permettre à l’entreprise publique de conforter son objectif de 115 millions de passagers TGV à l’horizon 2020. La moitié de cette hausse de la fréquentation a déjà été atteinte en dix mois. Il faut néanmoins préciser qu’avec l’inauguration, le 1er juillet, de deux nouveaux tronçons de lignes à grande vitesse vers Bordeaux et la Bretagne, cette hausse ne se fait à périmètre constant. Les deux axes ont attiré 1,5 million de clients supplémentaires vers le TGV. Sur les 6 millions restants, 2 millions se concentrent sur l’offre Ouigo. La SNCF attend maintenant de ce rebond une amélioration de sa marge sur les TGV qui a dangereusement chuté à 8,5% en 2016 après avoir atteint presque 20% il y a quelques années.
Malgré cette nouvelle politique commerciale qui s’est révélée payante en termes de fréquentation, l’équation économique du TGV n’en reste pas moins délicate : les tarifs de péage qui grèvent la capacité d’investissement, pour les nouvelles rames par exemple, devraient encore augmenter de 9% en 2017 à cause de l’ouverture des nouvelles lignes à grande vitesse vers Rennes et Bordeaux. Et la dette de SNCF Réseau, l’établissement chargé de gérer les infrastructures, ne cesse de croître au rythme d’au moins 1,5 milliard par an. Elle devrait atteindre 63 milliards d’euros à l’horizon 2025.
Le train en perte de vitesse face à la route
En 2015-2016, le train aura enregistré au total une baisse de fréquentation des voyageurs (-1%) alors que tous les autres modes de transport ont augmenté : +17% pour le car avec les nouvelles offres low-cost sur les grandes lignes, +2,7% pour la voiture et +3,8% pour l’avion selon les chiffres récemment communiqués par l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer). Une année à oublier selon la SNCF qui note que la fréquentation sur les dix premiers mois de l’année est également en hausse sur les TER (+4,8%) et les Intercités (+6,6%).
Assez pour inverser la tendance ? Les résultats financiers sont attendus sensiblement en hausse en 2017, du fait notamment de l’ouverture des deux nouvelles lignes LGV. Mais le transporteur public attend également qu’un débat s’ouvre sur le poids des péages dans l’économie du TGV avec les préconisations du rapport commandé par le gouvernement à l’ex-PDG d’Air France Jean-Cyril Spinetta. Elles seront remises début 2018. De quoi donner du grain à moudre à l’exécutif qui prépare une grande loi sur les mobilités intérieures prévue pour le printemps.
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