
Depuis deux ans, la vague de grandes réformes des systèmes de retraite dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est retombée. Les âges de départ pour obtenir une pension à taux plein ont beaucoup reculé un peu partout.
Pour un jeune de 20 ans qui débute sa carrière en 2016, ce sera plus de 70 ans en Italie et au Pays-Bas, où l'ajustement est automatique, en lien avec l'espérance de vie. En France, qui reste l'un des pays où l'on part le plus tôt, ce sera 64 ans, en tenant compte de la réforme de 2015 du régime complémentaire Agirc-Arrco , contre 61,5 ans pour ceux qui ont liquidé leurs droits en 2016.
Retraites flexibles
L'âge du taux plein ne pourra pas être repoussé indéfiniment. Or l'équilibre des systèmes de retraite n'est toujours pas garanti, alors que l'espérance de vie à 65 ans ne cesse de progresser. En France, elle s'est accrue de 6 ans par rapport à 1975. Paradoxalement, durant la même période, l'âge moyen de sortie du marché du travail a chuté d'autant. La proportion d'inactifs s'est donc nettement accrue. Dès lors, pourquoi pas encourager les gens qui désirent travailler plus longtemps à le faire ?
Dans son panorama des retraites publié ce mardi, l'OCDE consacre donc un chapitre aux «retraites flexibles ». Pour ce qui est de demeurer actif après l'âge du taux plein , la France a encore pas mal d'efforts à faire. Si le taux d'emploi des 55-59 ans a beaucoup grimpé, et s'établit à 70%, dans la moyenne haute, la chute est brutale dès qu'on atteint entre 60 et 64 ans, avec un taux d'emploi de 28%. La France se retrouve du coup avec les mauvais élèves. A plus forte raison à 65-69 ans, classe d'âge où il ne reste plus que 5% d'actifs. Les Français ne sont pourtant pas tous en mauvaise santé lorsqu'ils arrivent à l'âge de la retraite. Au contraire même, ils sont ceux qui ont la plus longue espérance de vie résiduelle à la retraite, soit 25,6 ans, 5 ans de plus que la moyenne de l'OCDE.
Cumulards et progressistes
Deux dispositifs permettent de différer son départ en continuant à travailler. Il y a d'abord le cumul emploi-retraite , qui concerne environ 500.000 personnes (3,4% des retraités). Une fois liquidés leur droit à la retraite, ils reprennent un emploi à temps plein ou partiel. Les « cumulards » sont en moyenne plus éduqués et en meilleure santé que les retraités classiques. On en trouve beaucoup chez les médecins, les infirmiers, les avocats...
Seul problème : alors qu'ils continuent à cotiser, ils n'acquièrent plus de nouveaux droits. De plus, à l'âge de 70 ans, l'employeur peut les mettre à la retraite d'office. «La France a des outils pour offrir de la souplesse au système de retraite. Mais il y a un problème de complexité », analyse Hervé Boulhol, économiste à l'OCDE.
Autre dispositif ingénieux mais de portée limitée, la retraite progressive. Cette dernière a été récemment réformée et elle monte en charge, mais elle ne concernait que 5.000 personnes en 2015 ! Un travailleur ayant validé 150 trimestres peut passer à temps partiel (40 à 80%) dès l'âge de 60 ans et compléter ses revenus d'activité par une partie de sa retraite. Il n'est pas sûr que ce dispositif encourage les actifs à partir plus tard, puisqu'ils peuvent le déclencher deux ans avant l'âge légal. «Quel est l'objectif? Est-ce pour que les gens qui n'ont pas le taux plein liquident quand même ? », interroge Hervé Boulhol.
Si les employeurs peuvent avoir intérêt à utiliser la retraite progressive comme un avatar des pré-retraites, cela va à l'encontre des efforts d'allongement de la vie active.
https://www.lesechos.fr/economie-france/social/030982029915-retraite-locde-plaide-pour-des-departs-un-peu-plus-a-la-carte-en-france-2135835.phpBagikan Berita Ini
0 Response to "Retraite : l'OCDE plaide pour des départs un peu plus à la carte en France"
Post a Comment