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Pourquoi Google et Facebook misent sur la France pour l'intelligence artificielle

TECHNO - Et si la "start-up nation" était plutôt une "AI nation"? Comprenez le "pays de l'intelligence artificielle". Ce lundi 22 janvier, Emmanuel Macron a invité 140 patrons de multinationales à un sommet à Versailles. Intitulé "Choose France!", cette rencontre doit être ponctuée de plusieurs annonces d'investissements en France.

Et justement, Facebook comme Google ont tous deux expliqué qu'ils parient sur la France pour le futur de l'intelligence artificielle. Un domaine de recherche tellement large qu'il touche à peu près tous les secteurs, et pas simplement ceux habituels des nouvelles technologies. Des jeux à l'automobile en passant par l'art ou encore la santé.

Facebook a ainsi annoncé qu'il allait doubler le nombre de scientifiques de son centre de recherche fondamentale FAIR, créé en 2015 à Paris, qui passera de 30 à 60. C'est l'un des quatre sites mondiaux de Facebook sur ce domaine fondamental. 10 millions d'euros vont être investis.

Google, de son côté, a annoncé la création de quatre espaces de formation au numérique en France et, surtout, la constitution d'une équipe de chercheurs dans ce domaine. Ce sera le deuxième centre consacré à l'intelligence artificielle en Europe du moteur de recherche.

"A Zurich [en Suisse, ndlr], il y a une centaine de chercheurs, dont un grand nombre spécialisé sur l'intelligence artificielle. L'idée, en France, c'est de commencer avec 3 équipes, une quinzaine de personnes, puis de grandir en fonction des résultats", explique au HuffPost Olivier Bousquet, qui dirige la partie apprentissage machine à Zurich et va s'occuper de la mise en place du centre français.

Est-ce un hasard si les deux géants du web, qui sont bien placés pour s'imposer dans le domaine de l'intelligence artificielle, investissent en France? Que ce soit du côté de ses start-ups ou de ses chercheurs, la France est bien plus riche qu'il n'y paraît sur ce domaine porteur.

Au coude à coude avec l'Allemagne

Côté entreprise, il faut déjà voir que l'Europe en général a le vent en poupe. En 2016, 271 start-ups spécialisées en intelligence artificielle ont réalisé des levées de fonds en Europe, selon le fonds d'investissement Serena Capital, cité par Le Figaro. C'est trois fois plus qu'en 2015.

Le N°1 est clairement le Royaume-Uni, dont les sociétés ont récolté 388 millions d'euros (contre 176 millions en 2015). Mais la France a doublé l'Allemagne sur cette même période. L'Hexagone est passé de 70 à 118 millions d'euros, alors que l'Allemagne a récolté 91 millions d'euros en 2016, contre 84 millions en 2015.

Constat similaire pour le fonds d'investissement Asgard, spécialisé sur l'intelligence artificielle. En 2017, le Royaume-Uni comptait, selon le cabinet, 121 start-ups dans ce domaine, contre 51 en Allemagne et 39 en France.

Des chiffres qui varient beaucoup d'un cabinet à l'autre. Selon Isai, un fond d'investissement français cité par Venturebeat, la France comptait 180 start-ups spécialisées en intelligence artificielle dès 2016. Mais dans tous les cas, le trio de tête est toujours le même.

Et en France, les exemples commencent à être connus. De Navya, spécialisée dans les voitures autonomes, à Snips, un assistant personnel. qui veut concurrencer Google Home. Et il y a surtout ces entreprises créées par des français et rachetées des dizaines ou centaines de millions de dollars, comme Lattice Data et Regaind (Apple), Moodstocks (Google), Zenly (Snapchat) ou encore Wit.ai (Facebook).

Nos chercheurs ont du talent

Sauf qu'aujourd'hui, Google et Facebook ne rachètent pas une start-up, mais s'intéressent à la recherche fondamentale sur l'intelligence artificielle. Et ici aussi, la France est plutôt bien placée.

Yann LeCun, directeur de la recherche sur l'intelligence artificielle chez Facebook et l'un des inventeurs du deep learning (apprentissage profond, un des grands chamboulement de ces dernières années)? Un Français. Luc Julia, vice-président de l'innovation chez Samsung et l'un des papas de Siri chez Apple? Un Français également.

Selon le rapport France AI commandé par le précédent gouvernement, la France compte 250 équipes spécialisées dans la recherche fondamentale en intelligence artificielle. Au total, 5300 chercheurs travaillent dans ce domaine.

Et cela n'est pas récent. "Il y a en France une recherche de qualité, cela fait longtemps", précise au HuffPost Jean-Gabriel Ganascia, chercheur au CNRS spécialisé dans l'intelligence artificielle. Ce champs d'activité bénéficie de la sur-performance française dans le domaine des mathématiques (la France a 12 médailles Fields, presque autant que les Etats-Unis). "Notamment par rapport aux statistiques", si nécessaires pour que les algorithmes traitent efficacement toutes ces données, explique le chercheur.

Et si vous doutez de la vitalité de la recherche française, il n'y a qu'à voir le nombre d'articles scientifiques publiés dans le domaine de l'intelligence artificielle. Ces 20 dernières années, la France est à la sixième place mondiale et talonne, là aussi, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Et depuis que les entreprises et les médias se passionnent pour le sujet, "on a plus d'étudiants qui s'y intéressent", note Jean-Gabriel Ganascia.

La France peut-ellee s'imposer comme une référence dans le domaine de l'intelligence artificielle? Un rapport a en tout cas été commandé par Edouard Philippe sur le sujet en septembre dernier. C'est le député Cédric Villani, médaillé Fields, qui en a la charge. Et beaucoup attendent de savoir ce qu'il contiendra, quand il sera dévoilé en mars.

Le futur dans le rétro

"Nous attendons les résultats du rapport. Il y a notamment un manque de financement de projets avec un souffle assez long", estime Jean-Gabriel Ganascia.

Du côté des entreprises aussi, on est impatient, explique Olivier Bousquet. "Le timing est parfait et nous sommes en contact avec Cédric Villani, nous avons fait des propositions", détaille-t-il. Google ne voudrait pas simplement travailler en France, mais aussi main dans la main avec la recherche publique française. "On veut aller plus loin, avec des contrats de recherche, voire des postes joints, où des chercheurs auraient un pieds dans le monde académique et un pieds dans le monde industriel", affirme-t-il.

Reste à voir si la France du futur sera un paradis pour le développement de l'intelligence artificielle. En 1985, déjà, un article d'un chercheur affirmait que la France avait un coup à jouer sur ce domaine de recherche. A l'époque, on pense que les robots intelligents seraient prêts dans quelques années. Si l'avenir a montré qu'il faudra beaucoup plus de temps pour qu'une telle révolution ait lieu, les freins français pour le développement de l'intelligence artificielle sont toujours pertinents: "Image auprès du public, faiblesse des moyens, relations avec l'industrie et soutien insuffisant des autorités".

30 ans après, les choses ont changé pour l'intelligence artificielle. Après un "hiver" qui a duré de longues années, nos ordinateurs ont la puissance nécessaire pour permettre aux algorithmes d'apprendre en digérant des masses de données. Reste à voir si la France arrivera à transformer l'essai.

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