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Carlos Ghosn reste PDG et adoube… un lointain successeur

Douce revanche : Carlos Ghosn reste PDG, a annoncé jeudi soir le conseil d'administration de Renault, qui a prolongé son mandat. Le dirigeant qui avait tant agacé Emmanuel Macron en 2015, au moment de la montée de l'Etat au capital de Renault (actionnaire de Challenges), désormais adoubé en majesté ? Il faut dire que la situation a bien changé : vendredi 16 février, Renault doit présenter des résultats financiers particulièrement solides. Et l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi s'est hissée au premier rang mondial des constructeurs automobiles en 2017 (hors poids-lourds). A bientôt 64 ans (en mars), le patron de la firme au losange a même eu la coquetterie de se faire prier par son conseil d'administration. Le renouvellement de son mandat d'administrateur sera soumis au vote de l'assemblée des actionnaires à la mi-juin.

Un vrai numéro deux, désormais

Mais Carlos Ghosn, par ailleurs président de Nissan et de Mitsubishi Motors, sera à présent assisté d'un véritable numéro deux, un " COO " chargé des questions opérationnelles. Une révolution pour une entreprise que le PDG pilotait seul depuis 2013. Le Conseil a nommé Thierry Bolloré directeur général adjoint du groupe à partir du 19 février prochain. " Une solution interne était la plus simple ", estimait à la veille de ce conseil Gaëtan Toulemonde, analyste à la Deutsche Bank. C'est l'argument qui a prévalu pour promouvoir Thierry Bolloré, 54 ans, actuel directeur délégué à la compétitivité de Renault.

Cet ancien de Michelin et de Faurecia, qui a travaillé au Japon – une expérience indispensable dans le cadre de l'Alliance – puis en Chine, a pour lui d'être déjà  le responsable de l'ingénierie, de l'industriel, du design, du produit ainsi que de la voiture connectée et autonome. " En plus, il s'entend bien avec Carlos Ghosn ", estime un proche. Jugé affable, posé, exigeant, il est par ailleurs membre du directoire de l'Alliance. Seuls lui échappaient jusqu'à présent le commerce, à la charge de Thierry Koskas, 53 ans, et les régions, dans les mains de Stefan Mueller, mis en orbite en 2016 par Carlos Ghosn en vue d'une compétition interne mais qui vient de quitter la société.

Des noms externes avaient été évoqués

Cette mutation devait se réaliser dans les règles de l'art. Pas question pour Carlos Ghosn de donner l'impression d'un choix arbitraire et opaque. " Nous avons été obligés de passer par un cabinet de recrutement, comme l'imposent désormais les règles de bonne gouvernance ", assure un membre du conseil qui a voulu se montrer bon élève. Le recrutement du numéro deux a donc été confié au chasseur de têtes Korn Ferry. Une " dizaine de noms, la moitié venant de l'interne, l'autre de l'externe, et tous Français a priori ", a été alors transmise au comité des nominations de Renault présidé par Marc Ladreit de Lacharrière. Malgré ces précautions, l'annonce de la démission impromptue du conseil de Thierry Desmarest, 72 ans, ex-PDG de Total, laisse planer un doute sur la transparence du processus. " Les candidatures externes n'ont pas été étudiées comme elles auraient dû l'être ", a lâché une source citée par l'agence Reuters.

Des noms venant de l'extérieur avaient été évoqués, tels Fabrice Brégier (Airbus) ou des transfuges de Nissan. Carlos Ghosn s'était aussi entretenu, début 2017, avec Didier Leroy, vice-président de Toyota. Le créateur de l'usine du constructeur nippon à Valenciennes (Nord) avait pour atouts d'être un ancien de Renault et de savoir traiter avec les Japonais. Mais son âge (60 ans) le cantonnait à un poste d'adjoint sans engagement ferme pour l'avenir. Or, ce qui l'intéressait, c'était de concourir pour la succession du PDG. En tout cas, le choix " se fait en harmonie avec l'Etat actionnaire ", souligne un membre du comité des nominations. Les pouvoirs publics y sont représentés par Martin Vial, commissaire aux participations de l'Etat (APE).

Bercy veut une feuille de route claire

Les relations sont désormais au beau fixe entre Carlos Ghosn et Emmanuel Macron, qui se sont parlé au Forum économique mondial de Davos. Au sommet de l'Etat, on ne tarit plus d'éloges sur le PDG. Mieux : après l'affaire de l'équipementier automobile creusois GM&S, sauvé de la faillite l'an passé par l'Etat, Bercy aime souligner qu'il a été " plus facile de travailler avec Carlos Ghosn qu'avec Carlos Tavares [président de PSA] " ! Ces bons rapports n'empêchent cependant pas l'Etat de songer à l'après-Ghosn. Car l'Alliance " repose aujourd'hui sur son charisme, maisil faut qu'elle lui survive ", précise Bercy. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a, du coup, demandé le 9 février par téléphone au PDG un plan stratégique, en vue " d'une intégration plus forte entre Renault et Nissan ". Pour préparer l'avenir.

Une question demeure : le nouveau COO sera-t-il le successeur de Carlos Ghosn à la tête de Renault, voire de l'Alliance ? " Ce sera un candidat potentiel, parmi d'autres ", tempère un proche du PDG. Un administrateur porte un regard plus cyni­que : " On verra s'il ne se laisse pas manger par les petites souris… " Le gouvernement est plus catégorique : le prochain directeur délégué a " logiquement vocation à être le remplaçant de Carlos Ghosn ", du moins chez Renault.

Un poste à risques

A condition que le PDG " promette de le laisser travailler ". Car ce poste n'a pas porté chance à ses précédents titulaires. Patrick Pélata, directeur général délégué entre 2008 et 2011, a été sacrifié sur l'autel de la fausse affaire d'espionnage. Et Carlos Tavares, a chuté à l'été 2013, après avoir affirmé à la presse qu'il se verrait bien patron d'un groupe comme GM. Numéro deux ? Un poste à mi-chemin entre fauteuil présidentiel et siège éjectable.

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