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Intelligence artificielle : ce que recommande Cédric Villani

Le député En marche Cédric Villani a été chargé d'écrire un rapport sur l'intelligence artificielle (IA) par le Premier ministre en septembre dernier. Il le remet ce mercredi soir. Emmanuel Macron dévoilera ce jeudi une série de mesures inspirées de ce texte.

Revue de détail des propositions les plus emblématiques du mathématicien :

Les données, une priorité économique

Cédric Villani a choisi d'ouvrir son rapport par les enjeux économiques et de placer les données au centre de ceux-ci. « Les données sont la matière première de l'IA contemporaine, et d'elles dépend l'émergence de nombreux usages et applications », insiste-t-il Parce qu'elles servent à entraîner les algorithmes d'IA, et parce que les grandes plateformes du numérique, américaines ou chinoises, ont compris leur importance stratégique, les données doivent être à la fois valorisées, protégées et partagées, que ce soit au niveau des entreprises ou de l'Etat.

Saluant le Règlement général sur la protection des données (RGPD), le rapport appelle à aller plus loin, en s'intéressant aux données sectorielles des entreprises et en encourageant l'émergence de champions. Il recommande de faciliter les commandes publiques en matière d'IA, quitte à relever le seuil à partir duquel elles sont soumises à l'ordonnance sur les marchés publics, ou d'instaurer un label pour encourager et favoriser l'IA française et européenne, en s'inspirant de la french tech. Il envisage aussi d'obliger les entreprises à ouvrir certains jeux de données, « au cas par cas et selon les secteurs [...] pour des motifs d'intérêt général », par exemple dans le secteur des transports.

Quatre secteurs stratégiques

Santé, mobilité, environnement et sécurité : ce sont les secteurs retenus comme prioritaires pour le développement de l'IA, au motif que tous « représentent un défi majeur du point de vue de l'intérêt général ». Il suggère d'ouvrir les études de médecine aux étudiants spécialisés dans l'informatique et l'IA et de former les professionnels de santé « aux usages de l'IA, de l'Internet des objets et du big data ». Il demande également la création d'une plateforme d'accès et de mutualisation des données pour l'innovation en santé « ayant vocation à se substituer à terme au SNDS (Système national des données en santé, qui centralise les données issues du parcours de soins des patients) ».

Concernant la mobilité et les transports, le rapport évoque bien sûr le véhicule autonome, pour lequel il appelle l'Europe à « adapter le Code de la route par anticipation » en autorisant dès 2022 les véhicules autonomes de niveau 3 (le conducteur ne conduit plus, mais il est présent et prêt à prendre le contrôle).

Le document rappelle que les enjeux de l'IA vont bien au-delà, notamment parce qu'elle peut servir à optimiser les flux des transports contribuant ainsi à réduire l'empreinte carbone du secteur. Sur l'environnement, le rapport met l'accent sur la consommation d'énergie des services numériques, qui doit être mieux évaluée et diminuée, car « dès 2040, l'énergie requise pour les besoins en calcul pourrait dépasser la production énergétique mondiale ». Il envisage également de libérer les données publiques et privées liées à la transition écologique.

Un super calculateur et un gros effort de formation

Si le rapport se félicite du bon niveau des chercheurs français en mathématiques et en IA, il met en avant le risque de « fuite des cerveaux », les meilleurs de la discipline étant courtisés par les Gafa. Pour les retenir, il fait une recommandation de taille : « Le doublement des salaires [des chercheurs] en début de carrière est un point de départ minimal indispensable ». Mais l'Elysée semble déjà écarter cette option.

Au-delà de la rémunération, il pointe le besoin de puissance de calcul pour pouvoir « rivaliser avec les moyens quasi illimités des acteurs privés ». La mission propose la mise en place  d'un supercalculateur français ou européen, dédié aux chercheurs et à leurs partenaires économiques. Le rapport se donne également l'objectif de multiplier par trois d'ici à 2020 le nombre de personnes formées à l'IA (estimé aujourd'hui de3.000 à 5.000 étudiants). Il évoque la possibilité de créer de nouveaux cursus et formations (associant droit et IA par exemple), de bac +2 à doctorat et avec un objectif de mixité de 40 % d'étudiantes.

Enfin, cette aide à la recherche passerait par la création d'instituts interdisciplinaires d'IA (3IA), ouverts aux sciences humaines et sociales. Le rapport décrit ces instituts comme des « zones franches de l'IA », où les formalités administratives seraient allégées et où de meilleures rémunérations pourraient être accordées.

Des algorithmes plus transparents

L'explicabilité, tel est l'axe selon lequel le rapport envisage la question de l'éthique. Cette notion désigne le fait de rendre compréhensible auprès du grand public des algorithmes, notamment dans des domaines comme « l'accès au crédit, à l'emploi, au logement, à la justice ou à la santé ».

Un corps assermenté pourrait mener des audits dans le cadre d'une enquête pour étudier l'algorithme (il faut noter que la loi prévoit déjà que l'humain ne peut sortir de la boucle dans les décisions des institutions publiques). La responsabilité, de manière générale, doit toujours incomber à un humain. Le rapport plaide également pour la constitution d'un comité sur les technologies numériques et l'IA. Il serait chargé d'émettre des avis et des recommandations en direction de l'industrie, par exemple sur la voiture autonome. Enfin, le texte plaide pour un observatoire de non-prolifération des armes autonomes, mais n'est pas catégorique sur la signature d'un traité international.

Préparer la transformation du marché du travail

Oui, l'IA, comme l'automatisation, va engendrer « une transformation d'ampleur du marché du travail ». Rappelant les nombreuses études (contradictoires) sur le sujet, la mission Villani n'en privilégie aucune mais appelle à « préparer la transition ». Elle propose la création d'un « lab public de la transformation du travail », chargé de la prospective, de l'animation du débat public et de mener des expérimentations. Il fonctionnerait de manière tripartite (Etat, syndicats, collectivités) avec le soutien du monde universitaire.

Le rapport suggère de recourir au  plan d'investissement complémentaire (PIC) sur la formation professionnelle doté de 15 milliards d'euros dans le cadre du plan d'investissement 2018-2022. Par ailleurs, le rapport préconise l'ouverture d'un « chantier législatif sur les conditions de travail à l'ère du numérique » et souhaite que le système éducatif mette en avant l'apprentissage de la créativité.

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https://www.lesechos.fr/intelligence-artificielle/veille-technologique/0301484496544-intelligence-artificielle-ce-que-recommande-cedric-villani-2164972.php

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