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L'Inde compte sur l'aide de Macron pour contenir la Chine

Le premier ministre indien, Narendra Modi, à New Delhi, le 6 mars.

C’est la nouvelle pierre angulaire du partenariat franco-indien. Lors de la visite de trois jours d’Emmanuel Macron en Inde</a>, du 9 au 12 mars, les deux pays ont prévu de développer</a> leur coopération</a>, notamment militaire, dans l’océan Indien où transite 25 % du trafic maritime mondial. Selon une source diplomatique, les deux Etats devraient signer</a> un accord par lequel les navires indiens pourront accéder</a> aux bases françaises de l’océan Indien, alors que New Delhi s’inquiète de l’implication grandissante de la Chine</a> dans la zone. « Je veux que l’Inde soit l’un de nos partenaires-clés dans la région, et un partenaire crédible en termes de sécurité », a déclaré Emmanuel Macron dans un entretien avec le magazine</a> India Today. Pour sa deuxième visite d’Etat en Asie, après la Chine en janvier, le président va aussi participer</a> au premier sommet de l’Alliance solaire internationale, une coalition de 58 pays issue de la COP21</a> portée par l’Inde et la France</a>, destinée à promouvoir</a> cette énergie dans les tropiques.

L’océan Indien « que nous appelons notre maison », avait déclaré le premier ministre indien, Narendra Modi, en 2016, est « vital pour la sécurité et le progrès de l’Inde ». Dans cette « maison » habite aussi la France. Avec ses 1,7 million d’habitants sur les îles de Mayotte et de La Réunion</a>, le quart de son espace maritime dans cet océan (11 millions de km²), elle est aussi le seul pays européen qui dispose d’une présence militaire permanente dans la région. Outre ses territoires, la France y possède deux bases militaires, à Djibouti</a> et aux Emirats arabes unis.

Arrière-cour

Cette présence française ne suscitait pas vraiment l’intérêt de New Delhi jusqu’à l’arrivée au pouvoir</a>, en 2014, de M. Modi. Obsédé par ses frontières terrestres, notamment en raison d’une partition sanglante née de l’indépendance, puis de sa rivalité avec le Pakistan</a>, New Delhi en avait fini par négliger</a> ses voisins maritimes. Le pays, bordé par 7 500 kilomètres de côtes, en compte pourtant beaucoup, qui abritent une importante diaspora indienne. Quelques mois après son élection, M. Modi avait dévoilé une doctrine résumée dans l’acronyme Sagar (« océan » en hindi) pour reprendre</a> pied dans une région considérée par l’Inde comme son arrière-cour naturelle.

Car entre-temps, la Chine a renforcé sa présence dans la « maison » laissée à l’abandon. Elle a essaimé autour de la péninsule indienne, et le plus près possible de ses façades maritimes et des installations portuaires civiles, de Gwadar, au Pakistan, à Kyaukpyu, en Birmanie</a>, en passant par Chittagong (Bangladesh</a>) et Hambantota (Sri Lanka</a>). Elle a également ouvert une base militaire à Djibouti à l’été 2017,et un de ses sous-marins a fait étape à Colombo, au Sri Lanka, à quelques kilomètres des côtes indiennes. L’Inde craint l’étranglement. Ce vaste océan qui s’étend des côtes africaines à l’Australie</a> n’est pas stratégique que pour New Delhi : 75 % des exportations européennes y transitent, sans parler</a> des nombreux câbles Internet sous-marins.

Lire aussi l’enquête :   L’Inde dans une bataille identitaire

L’océan Indien est la voie d’accès de l’Europe</a> vers l’Asie. Dans son rapport sur « la France et la sécurité en Asie-Pacifique</a> », publié en 2016, le ministère français de la défense</a> constate que ce continent « constitue aujourd’hui le principal foyer de croissance du monde</a>, mais aussi l’une des régions où les risques de tensions et de conflits sont les plus élevés », avant de conclure</a> que « pour la France et pour l’Europe, la sécurité de l’océan Indien est de ce point de vue une priorité ». La France compte 4 500 soldats dans l’océan Indien, et 700 marins dans la zone, plus large, de l’indo-Pacifique.

L’Inde a augmenté ses capacités militaires dans les îles Andaman-et-Nicobar, au large du golfe du Bengale, à environ 1 200 kilomètres du littoral indien et à seulement 200 kilomètres de la Malaisie</a>, non loin du détroit de Malacca. Elle y organise actuellement un exercice militaire conjoint avec les marines de quinze autres pays. L’amiral Sunil Lanba, chef de la marine indienne, a justifié ces manœuvres par « la fréquence des actes de piraterie, la pêche illégale, le trafic d’armes » et enfin la présence croissante de « forces extrarégionales », avant de préciser : « Alors qu’auparavant les déploiements de la Chine avaient pour but de lutter</a> contre la piraterie maritime, la construction de bases et la présence accrue de navires et de sous-marins ont des implications sur l’environnement</a> sécuritaire de la région. »

« Diamant de sécurité »

L’Inde a signé en janvier un accord avec Oman</a>, similaire à celui qui devrait être</a> conclu avec la France samedi, et a prévu de construire</a> une base militaire sur l’île de l’Assomption, aux Seychelles</a>. New Delhi multiplie les partenariats dans la région, notamment au sein d’un « diamant de sécurité » qui associe le Japon</a>, l’Australie, l’Inde et les Etats-Unis, afin de protéger</a> la libre circulation sur les mers.

Quelle sera la place de la France dans ces multiples partenariats engagés par New Delhi ? « La présence chinoise est un facteur du rapprochement entre la France et l’Inde dans l’océan Indien, mais il n’est pas le seul, nuance Darshana Baruah, chercheuse au think tank Carnegie India et coauteure d’une étude sur l’approfondissement du partenariat maritime franco-indien. L’Inde est très présente à l’est de l’océan Indien alors que la France l’est surtout à l’ouest. Les deux sont complémentaires. » Les autres domaines de coopération sont l’économie maritime ou encore la lutte contre le réchauffement climatique.

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