Les conducteurs de trains se sont fortement mobilisés mardi. Le gouvernement poursuit sa concertation tandis que le projet de loi devrait donner lieu à un vote solennel le 17 avril.
«Très massive», selon Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, la grève des cheminots a sérieusement perturbé les transports mardi. Pourtant le taux de participation est de 33,9 %. Seulement? pourrait-on s'interroger alors que, sur certaines lignes, aucun train n'a circulé au premier jour d'un mouvement social programmé par les syndicats pour trois mois. Et des milliers de voyageurs ont éprouvé une nouvelle fois les plus grandes difficultés à se rendre au travail, au lycée, en voyage…
Il est vrai que le taux de grévistes a atteint des sommets parmi les professions indispensables pour faire rouler les trains: 77 % chez les conducteurs, 69 % chez les contrôleurs, 39 % chez les aiguilleurs, 40 % chez les agents d'escales et du matériel… Les cadres et les agents de maîtrise de la SNCF sont plus mobilisés que par le passé.
Sans surprise, le trafic a été extrêmement perturbé sur tout le réseau ferroviaire. Un TGV sur huit roulait en moyenne et un TER sur cinq. Le trafic du RER a aussi été très touché. De nombreux salariés ont préféré prendre leur voiture, ce qui a occasionné des centaines de kilomètres de bouchons en direction des grandes agglomérations. Les solutions alternatives comme le covoiturage et l'auto-stop citoyen ont montré leurs limites.
Mercredi, la «carte météo» de la grève devrait être sensiblement la même. Et ce «temps» maussade devrait durer. Chacun des camps assurant qu'«il tiendra bon».
Édouard Philippe a résumé l'état d'esprit du gouvernement lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée: «Je dois dire, a déclaré le premier ministre, que j'entends autant les grévistes, qui parfois le disent avec vigueur, que ceux qui n'acceptent pas cette grève. Plus exactement que ceux qui veulent aller travailler veulent continuer à bénéficier de leur liberté constitutionnelle d'aller et venir.»
«Sac à dos social»
Pendant que les cheminots manifestent leur désaccord avec la réforme ferroviaire, le projet de loi suit son cours à l'Assemblée. Mardi, le gouvernement a déposé seize amendements destinés à traduire les engagements de la ministre des Transports, Élisabteh Borne, sur les modalités de l'ouverture à la concurrence. Il s'agit des conditions d'emploi des cheminots transférés chez un concurrent. Ce «sac à dos social» a été qualifié par certains syndicats de «banane», cette pochette des années 80 revenue à la mode chez les jeunes… Le calendrier de l'ouverture à la concurrence est aussi concerné. Au total, 140 amendements doivent être examinés en commission alors que le projet loi, qui sera débattu dans l'Hémicycle à partir du 9 avril, donnera lieu à un vote solennel en première lecture le 17 avril.
En parallèle, la ministre des Transports continue de rencontrer les organisations syndicales au sujet du financement du système ferroviaire, du cadre social de la branche ferroviaire et de la SNCF… Mais pas question de reculer sur les grands principes: l'abandon du «statut» de cheminot pour les nouveaux embauchés à la SNCF, l'arrivée de concurrents pour exploiter des lignes nationales ou régionales et le changement de statut pour le groupe SNCF. Dans les médias, Élisabeth Borne bataille pour couper court aux affirmations erronées sur la réforme. Dans ce combat politique, elle s'en tient au registre technique et rationnel mais il est inefficace.
En face, la CGT et SUD tentent de reprendre la main en laissant entendre que la réforme sonne le glas du service public. «Loin des caricatures, nous travaillons, nous concertons, avec détermination et à l'écoute», a affirmé Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, en dénonçant «les fantasmes» de la privatisation et de la fermeture des petites lignes, qui alimentent le «risque de blocage».
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