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SNCF : pourquoi le trafic risque aussi d'être perturbé entre les jours de grève

L'intersyndicale de la SNCF a appelé à une "grève par épisodes", à un rythme de "deux jours sur cinq" jusqu'à fin juin. Mais dans la pratique, les jours "normaux" pourraient également être perturbés.

Les prochains jours s'annoncent encore compliqués dans les transports. Les cheminots entament, mercredi 4 avril, leur deuxième jour de grève. Ce sera le dernier jour de mobilisation de la semaine pour une grande partie des cheminots mobilisés contre le projet de réforme du gouvernement car l'intersyndicale de la SNCF a appelé à une grève dite "par épisodes", qui doit avoir lieu "deux jours sur cinq" jusqu'à fin juin. 

>> Deuxième jour de grève à la SNCF : suivez notre direct

Jeudi, le trafic devrait donc reprendre. La circulation des TGV sera "quasi-normale" et environ la moitié des Intercités seront assurés. Sur les lignes TER, entre deux tiers et trois quarts des trains (ou des cars qui les remplacent) circuleront. En théorie, si cette organisation est censée apporter une "respiration" aux usagers, cela risque d'être un peu plus compliqué en pratique. La reprise du trafic pourrait être ralentie pour des raisons techniques et d'organisation des syndicats. Franceinfo fait le point.

Les syndicats ne sont pas tous d'accord sur la forme de la grève

Les syndicats se sont tous lancés dans la bataille du "rail", mais avec des modalités différentes ; une grève par épisodes de deux jours sur cinq jusqu'au 28 juin pour une intersyndicale composée de la CGT, l'Unsa et la CFDT, une grève illimitée reconductible par 24 heures pour Sud Rail. 

La grève tournante permet de limiter les pertes financières pour les cheminots. Hors cadres, ils perdent entre 50 et 90 euros par jour de grève, soit entre 600 et 1 080 euros par mois pour 12 jours, note le HuffPostPour Sud Rail, qui représente 17% des salariés de la compagnie, le choix de la grève illimitée reconductible évite de "mettre les salariés dans une stratégie et permet d'être en réaction face à un gouvernement qui change de stratégie du jour au lendemain", défend Erik Meyer, porte-parole du syndicat sur France Inter.

L'une des grandes inconnues des prochains jours concerne donc l'éventuelle reconduction du mouvement dès jeudi. Ce sont "les assemblées générales qui se réunissent qui décideront si, au vu des déclarations d'hier ou des événements d'hier et d'aujourd'hui, (les cheminots) reconduisent leur mouvement ou s'ils décident de faire une pause et de reprendre dimanche prochain", reprend Erick Meyer. Interrogé par franceinfo, Rémi Aufrère-Privel, secrétaire général adjoint à la CFDT-cheminots insiste : "Nous avons décidé avec d'autres organisations syndicales, dont la CGT et l'Unsa, de considérer que c'était un marathon, ce n'est pas un sprint. (...) On peut s'installer dans la durée."

La logistique est perturbée

Dans tous les services publics, le préavis de grève doit être déposé par un syndicat au moins cinq jours francs – c'est-à-dire des jours entiers, de minuit à minuit – avant le début de la grève. A la SNCF, la grève de cette semaine a débuté officiellement lundi 2 avril à 19 heures et se termine jeudi 5 avril à 8 heures. "Ces heures ont été choisies pour que les collègues de nuit puissent participer au mouvement, explique Wladimir Perfiloff, conducteur de train et inscrit à la CGT à franceinfo. Certains conducteurs pourront choisir de reprendre très tôt jeudi pour assurer les premiers trains, mais d'autres pourront rester en grève jusqu'à la fin." 

La grève s'étend donc au final sur quatre jours et non deux, avec des effets sur la circulation des trains. "Jeudi matin, les rames ne seront pas forcément à la bonne place et les agents non plus, reprend Wladimir Perfiloff. Un train qui doit partir de Versailles sera peut-être resté au dépôt de Trappes, faute de conducteur pour le transporter." Idem pour les cheminots, pour faire partir un train il faut un contrôleur, un agent en gare, un aiguilleur... "Si ces personnes sont grévistes, elles ne seront pas prêtes pour faire partir les premiers trains."

Ces craintes sont partagées par la direction de la SNCF"Trois jours après la reprise du trafic, une nouvelle séquence de grève démarrera. Cela va désorganiser complètement la production. Exemple : si l'entretien technique d'un train ne peut être fait à cause de la grève, il ne pourra plus rouler. Et nous finirons par manquer de matériel", a estimé le président de la SNCF, Guillaume Pepy, auJDD (édition abonnés).

Nous tablons sur un trafic perturbé cinq jours sur cinq, avec les deux premiers jours, très perturbés, et les trois suivants, perturbés, mais moins.Alain Krakovitch, directeur du Transilienau Parisien

Face à cette situation, Erick Meyer rappelle que "ce n'est pas aux grévistes d'organiser le service mais à la direction avec les non-grévistes".

La visibilité des trains disponibles est réduite

Grâce à la publication du calendrier des jours de grève dès le 31 mars, les voyageurs ont pu s'organiser pour les trois prochains mois. Or, même durant les jours de circulation normale des trains, réserver un billet est compliqué et souvent très cher, car les places sont rares. Pour exemple, selon des recherches effectuées mercredi matin, seuls trois trains sont disponibles pour faire un Bordeaux-Montpellier vendredi, pour des prix allant de 69 à 216 euros.

La direction peut aussi avoir des difficultés à anticiper les trains disponibles entre les périodes grève. A la SNCF, tous les cheminots ne sont pas soumis à l'obligation de "déclaration individuelle d'intention" de grève 48 heures à l'avance, mais seulement ceux qui exercent des fonctions essentielles à la circulation des trains, comme les conducteurs, contrôleurs, aiguilleurs, agents chargés d'informer les voyageurs, etc. "C'est la direction qui gère, mais c'est compliqué d'avoir une visibilité complète et précise des trains disponibles", reprend Wladimir Perfiloff.

"Mécaniquement, le lendemain d’une grève, il est compliqué de repartir dans une situation nominale, déplore Mathias Vicherat, directeur général adjoint de la SNCF sur Europe 1On fera notre maximum pour faire en sorte que l’information soit la plus fiable possible et que, par ailleurs, le 5 avril, en fonction des dispositions existantes, le trafic soit le plus normal possible. Mais encore une fois, il y a plein de paramètres qu’on ne maîtrise pas."

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