
En attendant d'avoir vendredi le résultat de la consultation interne lancée par la direction d'Air France sur les salaires, et le sort du PDG Jean-Marc Janaillac qui a mis son poste en jeu, force est de constater que la mobilisation s'effrite. Selon les chiffres publiés ce 2 mai par la direction, les déclarations des grévistes pour la journée du 3 mai font état d'un taux de participation de seulement 18,8%, contre 27,2% lors de la journée précédente de grève, le 24 avril et 32,8% il y a un mois exactement (le 3 avril).
Un signe d'essoufflement ? L'incompréhension et l'irritation de certains pilotes face au nouveau préavis déposé par le SNPL, leur syndicat majoritaire pour les journées du 4, 7 et 8 mai, pendant la consultation peut expliquer cette baisse de régime. D'autant qu'après près de deux mois de conflit, 12 jours de grèves et plus de 300 millions d'euros partis en fumée, ils n'ont toujours pas obtenu les augmentations salariales qu'ils souhaitaient. Par ailleurs, certains ne comprennent pas la stratégie de Philippe Evain, le président du syndicat de pilotes, de rester dans une logique d'intersyndicale. "Les négociations qui doivent être menées en parallèle avec la direction sur des augmentations de rémunération spécifiques liées à des projets de croissance du groupe, comme le déplafonnement du nombre d'avions de Transavia France (aujourd'hui limité à 40), l'entrée de l'A350 ou la formation pour passer sur les nouveaux B787, sont au point mort," s'énerve un commandant de bord long courrier.
Un "rattrapage" des salaires exigé
Lundi, une réunion entre la direction et les syndicats de pilotes (SNPL, Spaf et Alter) a été suspendue sine die. Ces derniers refusant de poursuivre les discussions tant que la direction ne se sera pas engagée à augmenter toutes les catégories de personnels de 5,1%.
Onze organisations syndicales, toutes professions confondues, réclament un "rattrapage" des salaires après un gel des grilles de rémunération depuis 2011. Le 16 avril, la direction a proposé une augmentation des grilles salariales de 2% dès 2018 (et une enveloppe de 1,4% d'augmentations individuelles au sol), puis une hausse de 5% sur les trois années suivantes, conditionnée aux résultats économiques de l'entreprise.
En plus de la revendication unitaire, les pilotes de la compagnie ont des demandes qui leur sont propres. Ces derniers demandent, plus spécifiquement, une hausse de 4,7 %. Les pilotes avaient déjà formulé cette exigence l'an passé, mais celle-ci avait été éclipsée par l'accord sur la création de la nouvelle compagnie Joon. Cette négociation séparée avec les pilotes a été entamée par la direction d'Air France le 16 avril.
"Il n'y a pas de négociation possible, estime Fabrice Cueille membre du SPAF, le deuxième syndicat de pilotes. La direction est dans une posture et attend l'issue de la consultation, mais celle-ci ne changera rien, car elle n'a aucun légitimité. Les accords à Air France se font en s'asseyant à table avec les partenaires sociaux".
Division syndicale
Preuve que les pilotes ne sont pas tous sur la même longueur d'onde, un nouveau venu, le SPL, syndicat des pilotes de ligne, affilié à la CFDT, a appelé les salariés à se prononcer sur "l'arrêt immédiat du conflit". "Quatre jours de grève supplémentaires sont inutiles et destructeurs (...) Sortir de l'impasse n'est plus possible sans un médiateur ou des interlocuteurs nouveaux," estime ce syndicat non représentatif (réunissant 230 pilotes sur les 3500 de la compagnie) dans un communiqué. Pour son responsable, Patrick Vincent, "il est urgent d'agir vite et de faire du syndicalisme autrement. En donnant la parole aux salariés."
Le 29 avril, Laurent Berger, le numéro un de la CFDT - premier syndicat d'Air France pour le personnel au sol, mais qui ne fait pas partie de l'intersyndicale avait fustigé le SNPL, l'accusant de prendre "tout le monde en otage". "Ça va se passer comment à la fin, si on suit le SNPL?" a-t-il lancé, lors du Grand Rendez-vous Europe 1-Les Echos-CNews. "Les pilotes, on va leur donner de quoi s'en sortir et puis le personnel au sol, il trinquera. On aura des suppressions d'effectifs, on aura des réductions de personnel", a-t-il mis en garde.
La mobilisation des autres catégories de personnels, hôtesses, stewards et personnels au sol est d'ailleurs également en baisse pour la journée du 3 mai : avec 18% des personnels navigants commerciaux contre 20,5% le 3 avril, et 10% des personnels au sol contre 14,5%.
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