
Le ciel tourne à nouveau à l’orage au-dessus d’Air France. Au terme de plusieurs heures de réunion, l’intersyndicale, qui rassemble dix organisations représentant toutes les catégories de personnels de la compagnie, a décidé, vendredi 8 juin, d’appeler à quatre journées de grève supplémentaires les 23, 24, 25 et 26 juin.
Pour la direction, « cette position n’est pas compatible avec l’intérêt collectif et le souci d’avenir de la compagnie ». Aux dires des syndicats, ce retour du conflit, un temps suspendu depuis la démission du PDG d’Air France-KLM Jean-Marc Janaillac, vendredi 4 mai, aurait pour origine l’absence de négociations avec la direction à propos des salaires.
Il n’empêche, ce brusque raidissement surprend. En effet, la nomination d’Anne-Marie Couderc à la présidence par intérim de la compagnie avait semblé contribuer</a> à l’apaisement du climat social. Un compromis commençait même à émerger</a>. Vendredi, dans un courrier adressé aux syndicats, Mme Couderc promettait d’apporter des « réponses concrètes » sur les salaires.
Toutefois, elle souhaite attendre</a> la tenue du comité central d’entreprise (CCE) d’Air France, prévu jeudi 14 juin, pour détailler</a> son catalogue « d’actions et mesures à mettre</a> en œuvre » afin de tenter</a> de répondre</a> aux revendications de l’intersyndicale. La direction de la compagnie a mis sur la table une augmentation de 3,65 % des rémunérations étalée sur 2018 et 2019. Un geste que l’intersyndicale a qualifié, dans un communiqué, de « manœuvre ». Selon elle, « cette proposition ne permet pas un rattrapage acceptable de l’inflation perdue depuis 2012 ».
Pourtant, une sortie de crise paraissait possible ces derniers jours, après que Mme Couderc eut rencontré toutes les organisations syndicales. En coulisse, « les grandes manœuvres » auraient déjà commencé entre les différentes composantes de l’intersyndicale et la direction, souligne un pilote. Les propositions de la direction et des syndicats ne semblaient plus très éloignées. Quand la première avançait une augmentation de 3,65 %, les seconds ne réclamaient plus que 5,1 %. Une revendication négociable.
« Attentisme coupable »
« Nous ne sommes pas bloqués sur les 5,1 % », affirme Karine Monségu, cosecrétaire générale de la CGT Air France. Cette posture n’aurait pas rencontré d’écho favorable auprès de la direction. D’après Mme Monségu, la présidente par intérim d’Air France-KLM aurait refermé les négociations avant même de les avoir</a> démarrées, en affirmant « ne pas avoir de mandat pour négocier</a> » des augmentations de salaire. Un tel discours semble refléter</a> la volonté du conseil d’administration de ne pas mettre en danger les finances futures de la compagnie, notamment au moment où les cours du pétrole sont de nouveau orientés à la hausse.
A l’inverse, la syndicaliste voit dans ce refus la volonté de la direction « d’essayer de contourner</a> l’intersyndicale, et ce depuis le début du conflit ». Selon elle, « la direction ne voudrait pas non plus désavouer</a> les deux syndicats, la CFDT et la CFE-CGC, signataires du premier accord », qui prévoyait une augmentation de salaire de seulement 1 %.
Outre les préavis de grève, l’intersyndicale refuse le calendrier fixé par la direction. « Pourquoi attendre le 14 juin ? », s’interroge Philippe Evain, président du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). A l’en croire</a>, cette attitude « est profondément nuisible pour l’entreprise ». « Nous assistons à un attentisme coupable », dénonce-t-il. « Il y a urgence à ce que nous soyons reçus par la direction », renchérit de son côté Mme Monségu.
Le chef de file du SNPL rappelle que « les salariés se sont prononcés massivement », à plus de 55 %, contre le projet d’accord salarial proposé par la compagnie, au début du mois de mai. « La direction doit tenir</a> compte de ce résultat », ajoute M. Evain.
Lire aussi : Air France-KLM : un conflit social déjà coûteux
D’après les syndicats, les personnels ne voudraient pas se faire</a> voler</a> leur victoire. « Ça chauffe sur le terrain. Les salariés veulent repartir en guerre. Il faut que la direction comprenne qu’elle ne peut pas faire sans ses salariés », prévient Mme Monségu. Faute d’obtenir satisfaction, la cégétiste n’exclut pas un durcissement du conflit. « La grève est reconductible », menace-t-elle.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/06/08/air-france-quatre-jours-de-greve-prevus-fin-juin-et-conditionnes-aux-annonces-de-la-direction_5311992_3234.htmlBagikan Berita Ini
0 Response to "L'intersyndicale d'Air France appelle à quatre nouvelles journées de grève"
Post a Comment