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Polémique sur les colossales indemnités de départ du patron de TechnipFMC - Le Monde

Le président du groupe parapétrolier TechnipFMC, Thierry Pilenko, à Paris, en octobre 2017.
Le président du groupe parapétrolier TechnipFMC, Thierry Pilenko, à Paris, en octobre 2017. Charles Platiau / REUTERS

Nouvel accroc pour TechnipFMC. Le groupe de services pétroliers, issu de la fusion en 2017 du groupe français Technip et de l’américain FMC, se trouve dans le rouge financièrement. En effet, il accuse une perte de près de 1,9 milliard de dollars en 2018 (1,67 milliard d’euros).

Malgré ces difficultés, BFM Business a révélé, jeudi 21 mars, que le président exécutif du groupe, Thierry Pilenko, qui doit quitter TechnipFMC le 1er mai, allait, à cette occasion, percevoir une somme colossale. Selon le groupe, M. Pilenko va partir avec « une indemnité de départ d’un montant de 1,98 million d’euros équivalant à une année de rémunération annuelle ». A cette somme s’ajoute une clause de non-concurrence d’un montant similaire, soit un total 3,96 millions d’euros.

D’après les informations de BFM Business, M. Pilenko va aussi toucher autour de 10 millions d’euros en actions gratuites. « Il s’agit d’éléments de rémunérations attribuées à M. Pilenko depuis 2010 dans le cadre de ses fonctions », a expliqué le groupe au Monde, en assurant que cela « [recouvrait] des actions de performance et des stock-options validées en Assemblée générale par les actionnaires, et [qu’] en aucun cas [cela] ne [pouvait] être juridiquement ou intellectuellement assimilé à une prime de départ ».

Le total, qui avoisine les 14 millions d’euros, a ému jusqu’au président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, lequel a dénoncé, sur les ondes d’Europe 1, « une prime à l’échec » jugée « totalement inacceptable ». TechnipFMC estime au contraire que cette indemnité de départ respecte le code AFEP-Medef, qui fixe des règles pour la rémunération des dirigeants de grandes entreprises.

Le code dispose notamment qu’« il n’est pas acceptable que des dirigeants dont l’entreprise est en situation d’échec ou qui sont eux-mêmes en situation d’échec la quittent avec des indemnités ». Mais son caractère non contraignant a souvent été critiqué, et cette polémique pourrait relancer les débats sur le sérieux des engagements pris par les dirigeants et les conseils d’administration.

« Si la société est cotée en France – c’est la seule réserve – on a un comité qui peut se prononcer. Ça avait été le cas pour le parachute doré du PDG de Carrefour, qui y a renoncé immédiatement. Donc on est capables de faire de l’autorégulation », a assuré Geoffroy Roux de Bézieux sur Europe 1, jeudi matin.

« Personne ne peut comprendre ce genre de comportement »

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a, lui aussi, jugé la situation « inacceptable ». « Quand j’apprends ce matin, en allumant ma radio, que le patron de Technip va partir avec un bonus conséquent, alors même qu’il laisse une perte derrière lui... Personne ne peut comprendre ce genre de comportement », a-t-il déclaré à l’occasion d’une conférence organisée à l’Assemblée nationale.

A travers la Banque publique d’investissement BpiFrance, l’Etat est présent au capital de TechnipFMC et ne pouvait donc ignorer les conditions de rémunération de Thierry Pilenko. M. Le Maire a précisé jeudi s’être entretenu dans la matinée avec le patron de Bpifrance et doit aborder le sujet avec le patron de l’Association française des entreprises privées (AFEP), Laurent Burelle.

En dépit de la fusion de 2017, TechnipFMC est mal en point. Comme d’autres groupes parapétroliers, il a durement souffert de la chute des cours du pétrole en 2014, et ne s’en est jamais vraiment remis. Il a également dû déprécier de nombreux actifs en 2018, ce qui a grevé ses comptes. Le groupe se trouve en outre sous le coup d’enquêtes judiciaires en France, aux Etats-Unis et au Brésil pour des faits présumés de corruption dans plusieurs pays commis par le passé.

Enfin, le rapprochement entre les deux groupes est particulièrement mal vécu par les syndicats français, qui considèrent que le processus est « largement défavorable aux intérêts français » et rappellent que « le titre a perdu 40 % de sa valeur depuis la fusion de 2017 ».

Le départ de Thierry Pilenko, PDG de Technip entre 2007 et 2017, acte de fait la diminution de l’influence française au sein du groupe. C’est le directeur général, l’Américain Doug Pferdehirt, qui va se retrouver aux manettes.

La rémunération de M. Pferdehirt a elle-même déjà créé un malaise chez les salariés du groupe. En 2018, les syndicats relevaient que le directeur général s’était vu attribuer 12 millions de dollars (10,5 millions d’euros) pour l’exercice 2017, la plus haute rémunération du CAC 40, alors que le groupe n’est aujourd’hui que la 38e capitalisation de la Bourse de Paris. Thierry Pilenko, lui, a touché 9 millions d’euros en 2018.

Nabil Wakim

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