Sur le papier, tous les ingrédients sont aujourd'hui en place. L'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi devrait enfin prendre un nouveau départ. L'affaire Ghosn, survenue il y a tout juste un an, l'a laissée exsangue alors qu'elle n'allait déjà pas très fort.
Moins de deux mois après son arrivée à la présidence de Renault, en janvier 2019, Jean-Dominique Senard avait pourtant mis en place un nouveau « conseil de l'Alliance » censé relancer la machine . Depuis, seul un partenariat commun avec Waymo dans les robotaxis a été annoncé - alors que c'est plutôt de plateformes ou d'usines communes que les partenaires auraient besoin pour réduire leurs coûts et optimiser leur partenariat.
Irréconciliables
Ce n'est pas la première fois que le président du Losange espère voir un vrai dialogue se renouer avec l'allié nippon, et valider des projets consistants avec lui. Mais celle-ci pourrait être la bonne. Les conditions nécessaires semblent cette fois réunies, ou presque.
Il est un peu tôt pour savoir si la confiance est revenue. Mais le départ des directeurs généraux Hiroto Saikawa et Thierry Bolloré , qui semblaient irréconciliables après l'affaire Ghosn, a supprimé le frein principal à un redémarrage.
Le nouvel état-major de Nissan , qui entrera en fonction le 1er décembre, est lui réputé favorable à l'Alliance : Makoto Uchida, le futur directeur général, et Ashwani Gupta, qui deviendra directeur des opérations, « savent que l'Alliance est un trésor et que c'est dans ce cadre que pourra se faire le redressement de Nissan », avait déclaré Jean-Dominique Senard au lendemain de leur nomination. De même chez Renault : le remplaçant de Thierry Bolloré sera sans aucun doute choisi, notamment, sur sa capacité à s'entendre avec le partenaire japonais.
Abandon du Rama
Le projet de mariage entre Fiat Chrysler (FCA) et PSA devrait aussi, paradoxalement, faciliter les choses. Après l'échec début juin des fiançailles de Renault avec le groupe italo-américain, Jean-Dominique Senard avait espéré relancer les pourparlers, une fois les relations avec Nissan remises à plat, en forme de contrepartie à un accord explicite du groupe japonais : des discussions avaient eu lieu cet été , portant sur la baisse de la participation de Renault chez Nissan et l'abandon du Rama, l'accord secret qui régit les relations entre les deux groupes.
Renault y voyait son avantage : le Losange a beau posséder 43 % de Nissan, il n'y détient aucun pouvoir en raison d'un amendement au Rama conclu en 2015, censé apaiser les Japonais après l'affaire des droits de vote double établis par l'Etat français (actionnaire de Renault à hauteur de 15 %). Abandonner le Rama lui aurait permis de retrouver quelques prérogatives d'actionnaire principal, même avec une participation minorée.
Bon état d'esprit
L'urgence pour FCA de conclure un « deal » plaçait sur Renault et Nissan une forme de pression - qui a totalement disparu maintenant que FCA a choisi de convoler avec un autre. « Aujourd'hui, revoir la structure de l'Alliance n'est plus la priorité », témoigne ainsi un proche de Jean-Dominique Senard. « Il s'agit avant tout de restaurer un bon état d'esprit global et de bâtir une vraie stratégie industrielle. »
Selon plusieurs sources, l'atmosphère a déjà changé. Au point que les trois groupes espèrent pouvoir annoncer « du concret » après le prochain Conseil de l'Alliance, fin novembre, ou en tout cas « dans les semaines qui viennent », souffle-t-on en haut lieu. Une avancée qui, si elle a effectivement lieu, serait hautement symbolique d'une réconciliation que l'on a pu croire impossible, après les périodes de glaciation intenses observées ces derniers mois.
VIDEO. Carlos Ghosn, histoire d'un roi déchu
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