"Il y aura un plan d'économies (...) qui essaiera de redresser ce qui peut l'être", a déclaré, jeudi, Jean-Pierre Farandou, le patron de la SNCF, sans en préciser l'ampleur.
"Ça va faire mal (...), ça va nous abîmer." Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF, a indiqué, jeudi 16 janvier, que les pertes dues à la grève contre la réforme des retraites devraient finalement approcher le milliard d'euros, rappelant qu'"on est déjà à 850" millions.
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Dans le détail, il y a des pertes pour l'année 2019 et pour 2020. "Les 600 [millions d'euros] de l'année dernière, ils sont perdus", a estimé le dirigeant. Pour l'année en cours, Jean-Pierre Farandou évoque quelque 300 à 350 millions de manque à gagner. "On essaiera de rattraper" ce montant, a-t-il avancé. Mais comment la compagnie ferroviaire compte-t-elle compenser ces pertes ?
Un plan d'économies est prévu
Jean-Pierre Farandou l'a annoncé, jeudi. "Il y aura un plan d'économies (...) qui essaiera de redresser ce qui peut l'être", a-t-il lancé, sans préciser l'ampleur de ce plan. "On pourra en parler, sachant que le budget était déjà serré", a ajouté le dirigeant. Il a promis au conseil d'administration de la SNCF "d'arriver fin février avec une évaluation plus fine des éléments et avec un plan qui traite de la situation".
Si ce plan d'économies est encore loin d'être fixé, Jean-Pierre Farandou a fait une promesse.
Je ne toucherai pas à l'emploi sur le terrain.devant des journalistes
"Il n'y aura pas d'impact sur l'emploi de production [non administratif] de ce plan pour faire face à la situation nouvelle créée par la grève et son impact économique", a-t-il assuré. Mais L'Opinion (article abonnés) souligne que les prochaines négociations seront âpres : "Une entreprise qui a perdu autant d'argent ne pourra pas se permettre de revaloriser les salaires ou de distribuer des primes pour accompagner la transition du régime de retraites, comme l'Etat le lui demande."
"Sans même connaître son impact réel alors que la SNCF s'apprêtait à annoncer des chiffres record, on prend prétexte du coût de la seule grève pour justifier un plan d'économies déjà annoncé" par Jean-Pierre Farandou en octobre, a immédiatement réagi Erik Meyer, le secrétaire fédéral de SUD-Rail. Jean-Pierre Farandou, qui a pris ses fonctions le 1er novembre, avait en effet décrété l'"urgence économique" pour défendre sa candidature à la tête de la SNCF, résume Le Monde (article abonnés). Devant le Sénat, il s'était engagé à "respecter la trajectoire de retour à l'équilibre du système ferroviaire en 2022", rapportait Le Figaro (article abonnés). "La SNCF doit ajuster ses coûts de structure", avait estimé Jean-Pierre Farandou. En clair, selon lui, il faut faire des économies.
Des cessions de filiales sont envisagées
Comme il l'avait déjà mentionné dans Paris Match, le patron de la SNCF a évoqué des cessions, jeudi, face aux journalistes. Il se donne "trois-quatre mois" pour identifier les activités qui seront concernées, sachant que la question est liée au "contrat de performance" qui doit lier la SNCF à l'Etat pour dix ans.
"On va faire le 'business plan' de Réseau (...) et comme les activités transports [de la SNCF] alimentent en partie les activités de Réseau, c'est un tout. Il faut que la stratégie du groupe soit calée", et donc son périmètre, a expliqué Jean-Pierre Farandou. "Tout cela marche ensemble !"
Quelles sont les filiales qui pourraient être vendues ? La SNCF en compte des centaines qui peuvent être concernées, en France et à l'étranger. Mais Eurostar, Thalys, Keolis [filiale de transports publics à 70%] ou encore Geodis [logistique] ne devraient pas être concernées, comme le note RTL, car ces fleurons sont trop rentables – et donc importants – pour l'entreprise.
Le mouvement de cessions a débuté depuis quelques mois. La SNCF a déjà revendu plusieurs filiales. BlaBlaCar a racheté, en novembre 2018, Ouibus, la filiale "bus Macron" de la SNCF. L'entreprise ferroviaire s'est aussi séparée, en juillet 2019, de sa filiale de VTC LeCab, logé dans Keolis, à son concurrent SnapCar et d'iDVROOM, filiale spécialisée dans le covoiturage courte distance, la revendant à son concurrent Klaxit.
Des billets sont proposés à petits prix
Le patron de la SNCF compte aussi "amplifier la reprise du trafic" avec "des petits prix". L'offensive a déjà commencé. "Tous les jours des places sont disponibles et nous proposons ainsi 500 000 places à moins de 40 euros", a écrit sur Twitter, le 10 janvier, Rachel Picard, alors directrice générale de Voyages SNCF.
Dès lundi 13 janvier, retour progressif à la normale sur l'ensemble de nos destinations.
— Rachel Picard (@RPicard_SNCF) January 10, 2020
Avec 9 TGV sur 10, le trafic sera quasi normal au départ et à destination de Paris.
Tous ls jours des places sont disponibles et nous proposons ainsi 500 000 places à moins de 40 euros.@SNCF pic.twitter.com/nlj3vf9ffV
En 2018, le coût total des grèves du printemps (36 jours en trois mois) avait causé un manque à gagner de 790 millions d'euros. Mais la SNCF avait réussi à dégager 140 millions d'euros de bénéfices (contre 1,5 milliard en 2017). Pour cette grève historique, la donne est différente. Cette fois-ci, cela ne suffira pas parce que le manque à gagner est bien supérieur à celui de 2018.
"Comment on compense ? Soit on vend des bijoux de famille, soit on réduit les investissements, soit on augmente les prix, soit on fait des économies en interne. Est-ce qu'il y a une seule de ces solutions qui est bonne ? Aucune, a tranché sur le plateau de l'émission "C dans l'air", sur France 5, Gilles Dansart, spécialiste du secteur ferroviaire. Donc on voit bien que cela ne va pas être simple dans les mois qui viennent. Ou alors l'Etat décide d'aider un peu à passer ce cap un peu difficile."
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