Publié le 3 avr. 2020 à 20h52Mis à jour le 4 avr. 2020 à 10h01
Alors que les premiers signes de redémarrage en Chine apparaissent, les hôteliers français devront s'armer de patience, et les pouvoirs publics rester non loin de leur chevet… Selon le groupe d'études statistiques STR et le cabinet spécialisé In Extenso, l'hôtellerie, tant en France qu'en Europe plus largement, ne retrouvera pas son niveau d'activité de 2019 avant 2022 au mieux.
Dans une visioconférence commune sur le secteur, ce duo d'experts de l'hôtellerie a présenté ce vendredi un état des lieux sombre, sans surprise, de l'activité actuelle réduite à quasi-néant par l'impact de la pandémie de Covid-19. Et prévenu que la reprise ne se dessinera véritablement qu'à partir de 2021 pour les hôteliers. Il faudrait même compter une année de plus, au moins, pour retrouver le marché d'avant crise.
Le meilleur des cas
« La reprise est attendue en Europe pour 2021. Le retour aux résultats de 2019 interviendra en 2022, affirme Aoife Roche, responsable clientèles chez STR. Il faut compter trois à quatre ans pour retrouver une situation d'avant crise », juge-t-elle. « Un retour au niveau antérieur avant 18 mois est peu probable », confirme Olivier Petit, associé au sein du pôle « Tourisme, Culture & Hôtellerie » d'In Extenso.
« On est dans le meilleur des cas avec un retour de la situation de 2019 en 2022. L'expérience des crises précédentes nous a montré qu'il fallait compter 24 à 36 mois pour retrouver une situation antérieure. Mais la crise actuelle est bien plus brutale encore », précise après coup Olivier Petit. A ce stade, la chute de l'activité tant en France qu'à l'étranger est bien plus forte qu'au moment de la crise de 2008-2009, constatent les deux spécialistes.
Pour ne rien arranger, la crise actuelle intervient dans une mauvaise passe. « 2019 avait été une année contrariée pour l'hôtellerie française », rappelle Olivier Petit, faisant référence au mouvement des « gilets jaunes » et aux grèves de fin d'année contre la réforme des retraites
Demande domestique
Au vu de la situation actuelle, ce dernier estime que la reprise de l'hôtellerie en France sera d'abord alimentée par la demande domestique et bénéficiera en premier lieu à l'hôtellerie économique. « Le plus inquiétant, c'est le marché des séminaires et congrès, les entreprises coupant en premier lieu dans ce type de dépenses », pointe-t-il.
STR fait état pour le mois de mars d'une chute moyenne de la recette unitaire par chambre disponible (l'indicateur de rentabilité opérationnelle des hôteliers) de 44 % à Saint-Pétersbourg ou de 86 %, à Rome. Paris figure dans les villes européennes les plus affectées, avec un recul de 75 %. D'une manière générale, l'effondrement de l'activité s'est accéléré dès les premières semaines de mars. Pour la France, STR et In Extenso notent que « le plongeon commence le 12 mars », dans la foulée du premier discours fort du président Macron sur la pandémie.
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