Fini de jouer. Après avoir longtemps promu la carte du made in France avec son usine de Cloyes-sur-le-Loir (Eure-et-Loir) – d’où sort 80 % de la production mondiale du robot ménager Thermomix –, après avoir salué l’arrivée de concurrents pour populariser le marché, le groupe familial allemand Vorwerk a fini par lancer plusieurs actions en justice contre son principal concurrent au sein des supermarchés : le robot mixeur chauffant Monsieur Cuisine, de Lidl, commercialisé depuis 2019.
Vorwerk vient à ce titre de gagner une première bataille en Espagne, où Lidl s’est vu condamner par le tribunal de commerce de Barcelone pour violation de la législation sur la protection des brevets. « La décision de justice concerne l’Espagne. Elle porte notamment sur certains composants tels que la balance, sur son interaction avec les couteaux et sur le couvercle de l’appareil », a précisé le groupe dans un communiqué, mercredi 20 janvier.
« Une procédure a également été engagée en France en 2018 par le groupe Vorwerk, confirme au Monde Pierre-Yves Buisson, directeur général de la firme d’électroménager pour l’Hexagone. Les brevets sont des dispositifs nationaux. » En France, Vorwerk a déposé 69 brevets, mais « dans chacun des pays, on peut ou pas décider de protéger certains éléments technologiques », poursuit le dirigeant.
Vorwerk estime avoir découvert que son concurrent « s’était emparé de certaines technologies qu[e lui] avait développées ». « Il n’y a aucune raison que l’on ait une équipe de cent chercheurs en Allemagne qui travaille sur les innovations pour que quelqu’un accapare ces découvertes », estime M. Buisson. « Lidl France ne fait aucun commentaire », a indiqué au Monde Michel Biero, son directeur exécutif des achats, confirmant par là même l’existence d’un contentieux en cours.
Les confinements ont popularisé le « fait maison »
En quelques années, le robot Monsieur Cuisine de Lidl est devenu un phénomène, se hissant au rang de doublure officielle du leader du marché. Il faut dire que l’appareil électroménager est vendu moins cher (359 euros contre 1 399 euros pour le Thermomix), et que – surtout – il se fait rare. Mis en vente deux fois par an à certaines dates (autour de juin et de décembre), ces dernières étant annoncées à grand renfort de publicités dans les catalogues promotionnels, il se vend à près de 200 000 exemplaires en l’espace de quelques heures, et ce à chaque opération. Le tout est relayé dans les médias, avec des images de cohue aux caisses et de chariots remplis à ras bord.
De son côté, le modèle original de la catégorie des robots mixeurs chauffants a passé plusieurs années dans l’ombre, avant que « le marché ne s’ouvre, à partir de 2008, avec l’arrivée des émissions de télévision sur la cuisine », se remémore Pierre-Yves Buisson. Depuis, les acteurs historiques de l’électroménager tels que Seb ou Magimix s’engouffrent dans la brèche. En septembre 2017, Thermomix, désireux de poursuivre son développement, a élargi son circuit de distribution, lequel s’était jusqu’alors cantonné à la vente directe, centrée sur des réunions à domicile. Il est désormais possible d’acheter son robot dans quatre boutiques en France (à Paris, Lyon, Marseille et Toulouse).
En 2020, les confinements ont popularisé le « fait maison », autant qu’ils ont contribué à augmenter les ventes de la catégorie des robots chauffants en France (de 7,6 % en volume entre janvier et novembre, sur un an). Au total, « 13 % des Français ont un robot mixeur chauffant », constate M. Buisson, s’appuyant sur des études réalisées par Vorwerk. Le groupe allemand, qui ne révèle pas les ventes de ses appareils, reconnaît avoir « connu une croissance à deux chiffres en 2020, qui sera une année record, pour elle, au niveau mondial ».
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