Publié le 27 oct. 2022 à 16:46Mis à jour le 27 oct. 2022 à 19:33
« Happy end » ou début de la fin de l'actuel Twitter ? Après des mois de rebondissements, le feuilleton est désormais quasi-fini. Jeudi soir, via un tweet, Elon Musk a officialisé le rachat de la plateforme, dans un message aux annonceurs. Sauf énième rebondissement de dernière minute d'ici vendredi (la date limite fixée par la justice américaine pour boucler l'opération), le réseau social va donc passer sous le contrôle de l'homme le plus riche du monde pour quelque 44 milliards de dollars.
Dans ce message de quelques lignes, le patron de Tesla et de SpaceX affirme acheter le réseau social car il est « important pour l'avenir de la civilisation d'avoir une place publique en ligne où une grande variété d'opinions peuvent débattre de façon saine, sans recourir à la violence ».
Ne pas faire fuir la publicité
« Ceci dit, Twitter ne peut évidemment pas être un endroit infernal ouvert à tous, où tout peut être dit sans conséquence », écrit-il encore. En se décrivant comme un « absolutiste de la liberté d'expression », le milliardaire avait effrayé à la fois à l'intérieur de Twitter et au-dehors.
« Les publicitaires veulent dépenser leur argent dans des environnements sûrs pour leur marque. S'ils considèrent que Twitter n'est pas sûr, ils peuvent choisir de dépenser leur argent ailleurs », explique Jasmine Enberg, analyste chez eMarketers. Ce qui serait catastrophique pour la plateforme, qui dérive environ 90 % de ses revenus de la publicité en ligne. Il semblerait qu'Elon Musk a pris conscience de la menace et cherche à désamorcer la situation.
Les banques auraient débloqué les fonds
L'issue du rachat ne faisait plus guère de doute ces dernières heures. Selon Bloomberg, Elon Musk s'était engagé il y a quelques jours, devant les banquiers qui financent le « deal », à conclure l'acquisition du groupe à l'oiseau en cette fin de semaine. Les banques, qui assurent le financement de 13 milliards d'euros de dette, avaient même commencé à débloquer les fonds, selon le « Wall Street Journal ». Et la Bourse de New York avait prévenu que l'action serait suspendue vendredi.
Les investisseurs croient en tout cas à cette opération, digne d'une saga de Hollywood : le cours de Twitter était à 53,96 dollars jeudi en milieu de séance à Wall Street (+1 %), à quelques encablures des 54,20 dollars par action proposés par Elon Musk.
Le milliardaire n'avait pas non plus beaucoup de temps. Après son revirement en juillet, lorsque le milliardaire avait décidé de ne plus acheter Twitter, puis sa nouvelle volte-face début octobre pour l'acquérir face à la menace de poursuites coûteuses, la justice avait donné la date butoir du 28 octobre pour conclure le deal. A défaut d'un accord, le procès aurait lieu en novembre.
Arrivée avec un lavabo
Dans tous les cas, Elon Musk jouait déjà avec son nouveau titre de « patron de Twitter ». « Chief Twit », peut-on lire sur sa bio sur son compte Twitter. Mercredi, le fantasque milliardaire est aussi allé au siège de Twitter avec un… lavabo.
Il a publié une courte vidéo sur le réseau social, pour faire un jeu de mots avec « sink » qui signifie à la fois « lavabo » et « absorber l'information ». On le voit arriver dans les locaux, riant, portant à bout de bras un lavabo, habillé d'un T-shirt noir (« J'entre au siège de Twitter, je vous laisse absorber l'information », dit-il).
Les salariés inquiets
La grande question désormais concerne les salariés. Soufflant le chaud et le froid sur la société américaine, Elon Musk aurait récemment assuré aux employés qu'il n'avait pas l'intention de licencier 75 % des effectifs, selon l'agence Bloomberg, démentant des informations de la presse américaine d'il y a quelques jours.
Mais les spécialistes s'attendent malgré tout à ce qu'ils réduisent les effectifs. Twitter compte actuellement 7.500 employés. Face à tant d'incertitudes, « les employés ne sont pas motivés, ils se sentent découragés », remarque Jasmine Enberg. « Il y a des personnes qui veulent travailler pour Musk, mais cela pourrait être difficile pour lui de recruter après des mois passés à critiquer Twitter. » Elon Musk doit s'exprimer devant les salariés de Twitter ce vendredi, selon Bloomberg.
Application universelle
Le milliardaire a laissé planer le doute sur ses intentions réelles pour la plateforme. Il y a quelques mois, il avait déclaré qu'il voulait construire une application universelle, baptisée « X ». Cette dernière pourrait s'inspirer de WeChat, l'application chinoise qui permet d'échanger avec ses amis, mais aussi de commander des biens et services. Selon la presse américaine, il aurait promis aux investisseurs de doubler les revenus en trois ans.
Ce qui semble sûr est qu'il devrait assouplir la politique de modération du groupe, comme il le laisse entendre dans son message sur Twitter. Certains s'attendent au retour sur la plateforme de Donald Trump, exclu de plusieurs réseaux depuis l'attaque du capitole.
Twitter a connu des montagnes russes en Bourse depuis le printemps.
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