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La Grèce réussit son retour sur les marchés

La Bourse d’Athènes, mardi 25 juillet.

« Un succès absolu », « une réussite totale », « des bases solides ». Le gouvernement grec ne manquait pas, mardi 25 juillet, de qualificatifs pour se féliciter</a> de son retour sur les marchés.

Après plusieurs jours de préparation et un report, le pays a en effet émis pour 3 milliards d’euros d’obligations à cinq ans, à un taux de 4,625 %. Une partie de cette opération consistait à remplacer</a> des titres déjà émis en 2014. « C’est un bon résultat au regard des difficultés qu’a traversé Athènes, analyse Eric Dor, économiste à l’école de management Iéseg. C’était en outre un objectif majeur du gouvernement ».

Lire aussi :   Quatre questions pour comprendre le retour de la Grèce sur les marchés

Pour le comprendre</a>, il faut rappeler</a> que la Grèce ne se finance plus sur les marchés depuis 2010. Au bord du défaut de paiement, acculée par les spéculateurs, elle était alors entrée sous le premier plan d’aide de la troïka – Fonds monétaire international (FMI), Commission européenne, Banque centrale européenne (BCE).

En mai et juillet 2014, elle avait fait un timide retour auprès des investisseurs avec un emprunt sur cinq ans à 4,75 %, puis sur trois ans à 4,95 %. Mais depuis, plus rien. Programmes d’austérité, réformes et difficultés économiques se sont succédés, jusqu’au troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros, accordé par ses partenaires à l’été 2015. Et qui doit prendre</a> fin en août 2018.

Un optimisme au subtil parfum de méthode Coué

A cette date, la Grèce devra en théorie recommencer</a> à se financer</a> seule sur les marchés. « C’est un cap délicat : pour s’y préparer</a>, elle doit regagner</a> la confiance des investisseurs, dans l’espoir de s’assurer des coûts de financement corrects », résume Yannis Koutsomitis, économiste indépendant à Athènes. Voilà pourquoi l’opération du 25 juillet faisait figure de test symbolique fort pour le gouvernement d’Alexis Tsipras (Syriza, gauche radicale).

Ce dernier suit le chemin emprunté auparavant par l’Irlande et le Portugal, également passés sous la tutelle de la troïka. Avant d’en sortir</a>, respectivement en 2013 et 2014, Dublin et Lisbonne avaient également émis de premières obligations pour prendre la température des marchés. « M. Tsipras avait aussi besoin de cette réussite pour convaincre</a> le peuple qu’après les années d’austérité et les douloureuses négociations avec les créanciers, les choses reviennent à la normale en Grèce », ajoute M. Koutsomitis.

Retour à la normale : tel est le message que les autorités hellènes et européennes martèlent depuis des jours, avec un optimisme au subtil parfum de méthode Coué. En visite à Athènes mardi, le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, a ainsi salué « l’amélioration spectaculaire » de la situation grecque. Il se dit convaincu que le pays pourra se financer sur les marchés « à un taux raisonnable ».

Pour s’assurer que ses obligations trouvent preneurs, la Grèce a mis toutes les chances de son côté. Elle ne les a pas vendues directement par un système d’enchères (c’est l’« adjudication »), mais est passée par un petit groupe de banques expertes en la matière, qui les ont placées pour elle auprès de leurs clients (c’est la « syndication »). Outre HSBC qui pilotait l’émission, BNP Paribas, Bank of America Merrill Lynch ou encore Citi ont participé à l’opération.

Une dette colossale

Fort de ce succès, le gouvernement prévoit deux nouvelles incursions sur les marchés avant le grand saut d’août 2018 et la sortie du plan d’aide. Mais au-delà, les investisseurs se presseront-ils pour prêter</a> à Athènes ? Et surtout, le feront-ils à des taux raisonnables ?

Rien n’est moins sûr. « Au regard des besoins en financement grecs, qui doivent atteindre</a> près de 19 milliards d’euros en 2019, c’est peu probable », analyse Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque. Sauf si d’ici là, les créanciers consentent à alléger</a> la colossale dette publique hellène, qui culmine à près de 180 % du produit intérieur brut (PIB).

Le FMI ne cesse d’appeler de ses vœux un tel allégement, jugeant le fardeau grec insoutenable. Mais les créanciers européens peinent à s’entendre sur le sujet, l’Allemagne se montrant réticente.

En outre, nombre d’économistes ne partagent pas l’optimisme affiché par la Commission européenne à propos de l’état de santé de l’économie grecque. Car si la croissance est enfin de retour et le tourisme florissant, les PME hellènes comme le tissu social ont été laminés par les années de récession. Et les perspectives de long terme ne sont guère réjouissantes.

Les dernières études du FMI montrent que même en dépit des réformes structurelles menées, la croissance réelle moyenne de la Grèce ne devrait guère dépasser</a> les 1 % ces prochaines décennies. « Les projections d’évolution de la population active sont catastrophiques et aggravées par l’émigration massive de jeunes en quête d’emploi », constate Eric Dor. Avant de conclure : « La structure de l’économie, avec peu d’industrie, et peu de biens exportables, ne permet que des progrès de productivité très limités. »

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