* Kim Jong-un court "à sa perte et à celle de son régime"-Trump * James Mattis dit espérer une solution diplomatique * Berlin et Paris prennent le contrepied (Actualisé avec réactions) par Steve Holland et Jeff Mason NATIONS UNIES, 20 septembre (Reuters) - Pour son premier discours devant l'Assemblée générale de l'Onu, Donald Trump a adopté mardi une rhétorique guerrière à l'égard de la Corée du Nord, qu'il a menacée de "détruire totalement", et à l'égard de l'Iran, qualifié d'"Etat voyou" promoteur de violences. Le président américain, qui s'est exprimé pendant 41 minutes à la tribune des Nations unies, a débuté son allocution par un panégyrique de l'Amérique qui, a-t-il répété, demeurera toujours la priorité de sa politique. Ces propos liminaires ont pu donner, dans un premier temps, le sentiment d'un discours plus adressé à ses électeurs qu'aux représentants des 193 Etats membres de l'Onu. Très attendu sur la question du programme nucléaire nord-coréen, Donald Trump a rapidement changé de ton et de registre dès qu'il a évoqué le sujet. "Les Etats-Unis ont une grande force et une grande patience, mais, s'ils sont contraints de se défendre, nous n'aurons pas d'autre choix que de détruire totalement la Corée du Nord", a-t-il déclaré. Qualifiant Kim Jong-un de "rocket man", comme il l'avait fait récemment sur Twitter, Donald Trump a affirmé que le dirigeant nord-coréen "courait à sa perte et à celle de son régime". Il a alors appelé la communauté internationale à coopérer pour isoler le régime ermite communiste jusqu'à ce qu'il cesse d'avoir une attitude "hostile". Les programmes balistique et nucléaire menés par le gouvernement nord-coréen, en violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu, "menacent l'ensemble du monde avec un coût inimaginable en vies humaines", a-t-il affirmé. Dans une attaque à peine voilée adressée à la Chine, principal partenaire économique et commercial de la Corée du Nord, Donald Trump a affirmé : "Il est scandaleux que certains pays fassent non seulement du commerce avec un tel régime mais qu'ils arment, fournissent et soutiennent financièrement un Etat qui met en danger le monde avec un conflit nucléaire". STOCKHOLM DÉNONCE "UN MAUVAIS DISCOURS" La mission nord-coréenne à l'Onu n'a pas réagi aux demandes de commentaires qui lui ont été adressées par la presse. Un membre de la délégation nord-coréenne est demeuré assis dans l'assemblée pendant toute l'allocution du président américain. Peu après l'allocution présidentielle, le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, a dit cependant espérer trouver une solution diplomatique à la crise en Corée du Nord, par le biais d'un processus international. "Nous gérons la situation en Corée du Nord par le biais d'un processus international et allons continuer ainsi. Le secrétaire (d'Etat) Tillerson dirige les efforts et nous allons, espérons-le, parvenir à résoudre ceci par des moyens diplomatiques", a déclaré le secrétaire à la Défense avant une réunion avec son homologue roumain. En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a déclaré pour sa part qu'elle ferait tout son possible pour garantir une solution diplomatique. "Tout autre (approche) mènerait au désastre", a-t-elle dit. Le président français Emmanuel Macron a jugé lui "intempestif" de mettre en avant une menace militaire contre la Corée du Nord. Au sein de l'assemblée, le discours de Donald Trump a suscité des réactions agacées, notamment de la part de la ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallstrom, qui l'a écouté les bras croisés. "C'était un mauvais discours, au mauvais moment, et à la mauvaise audience", a-t-elle déclaré plus tard à la BBC. Loin de nuancer sa position, Trump a répété plus tard l'éventualité d'une destruction totale de la Corée du Nord sur son compte Twitter. ETAT-VOYOU Égrenant les sujets, Donald Trump a ensuite évoqué l'Iran, pays présenté comme l'autre grand ennemi des Etats-Unis. Il a immédiatement visé l'accord conclu en 2015, après douze années de longues et complexes négociations entre Téhéran et le groupe P5+1, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne. Le président américain a laissé entendre qu'il pourrait le dénoncer à la mi-octobre lorsqu'il s'agira de certifier si Téhéran le respecte, ce que Washington a déjà fait à deux reprises depuis son investiture. "Je ne crois pas que le dernier mot ait été dit", a-t-il souligné, qualifiant la République islamique d'"Etat-voyou économiquement aux abois" qui exporte la violence. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a publié sur son compte Twitter une réplique cinglante : "Le discours de haine et d'ignorance de Trump appartient au Moyen Age - pas à l'Onu du XXIe siècle - et ne mérite pas de réponse". A la même tribune des Nations unies, le président français Emmanuel Macron a pris le contrepied de Donald Trump sur l'Iran, peu après, en estimant que dénoncer l'accord serait une lourde erreur. Pour le président français, il s'agit d'"un accord solide, robuste et vérifiable, qui permet de garantir que l'Iran ne se dotera pas de l'arme nucléaire". "Le dénoncer aujourd'hui, sans rien proposer d'autre, serait une lourde erreur. Ne pas le respecter serait irresponsable", a-t-il ajouté, le qualifiant d'"essentiel à la paix à l'heure où le risque d'une spirale infernale ne saurait être exclu". Dans son discours de 41 minutes, Donald Trump s'était aussi longuement attardé sur la question de la souveraineté des Etats, affirmant que son pays ne souhaitait pas imposer sa volonté à d'autres et que le fonctionnement harmonieux de la communauté internationale exigeait un respect mutuel. "Je défendrai plus que tout les intérêts de l'Amérique. Mais, dans la mise en oeuvre de nos obligations à l'égard des autres nations, nous considérons également que l'intérêt général est de faire en sorte que toutes les nations aient droit à la souveraineté, à la prospérité et à la sécurité". Il a précisé qu'avec un budget de 700 milliards de dollars, l'armée américaine serait bientôt plus puissante qu'elle ne l'a jamais été. Abordant enfin, la crise au Venezuela, Donald Trump a jugé "totalement inacceptable" les violences qui s'y déroulent. "Nous ne pourrons pas nous contenter de regarder", a-t-il prévenu. Depuis un meeting "anti-impérialiste" organisé à Caracas, le président vénézuélien Nicolas Maduro a balayé ces menaces et s'est dit prêt à résister à toute sanction américaine, voire à une intervention militaire. Qualifiant Donald Trump de "nouvel Hitler de la politique internationale", le président socialiste a ajouté: "Le magnat pense que le monde lui appartient, mais personne ne menace le Venezuela." (Steve Holland et Jeff Mason, avec John Irish et Jean-Baptiste Vey; Pierre Sérisier, Eric Faye et Julie Carriat pour le service français)
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